18 - Beomgyu, ou l'ami perdu

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Beomgyu, ou l'ami perdu

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Beomgyu, ou l'ami perdu


Je file en direction de la salle de musique et ouvre la porte battante de celle-ci. Assis en tailleur sur une table, mon meilleur ami gratte les cordes d'une guitare qui n'est pas la sienne mais celle du lycée. Je reconnais aussitôt la mélodie de "Our summer", une chanson de NOVA. Je m'assois sur la même table que lui et je commence à chanter les paroles de notre chanson. Dans celle-ci, nous disons que lorsque nous sommes en compagnie d'une personne que nous aimons, peu importe quand, nous sommes animés par une douce joie et insouciance similaires à celles qui soufflent dans nos cœurs en période estivale. Durant l'intégralité de cette prestation, Beomgyu ne m'a pas accordé un seul regard. À la fin, lui et moi conservons le silence.

— Tae' ?

Le "Tae" lâché par mon meilleur ami a une sonorité étrange. On dirait qu'il s'est adressé à moi avec une pointe de réticence, comme si j'étais un ours endormi qu'il ne fallait surtout pas réveiller avec brutalité.

— Oui ?

— Il faut qu'on parle.

— J'aime pas cette phrase. Et c'est quoi ces pansements ? Tu caches des boutons ou tu t'es fait mal ?

Je tends la main pour effleurer son visage mais il esquisse aussitôt un geste de recul.

— Ouch. T'as pas l'air content et on dirait que t'as mal dormi. T'as les yeux un peu gonflés.

— Normal, j'ai passé une soirée très compliquée. Je me suis disputé avec mes parents, à cause de mes notes. Ils veulent me priver de sorties et surtout, de NOVA. Ils ont pris ma guitare, mon ordinateur, et... J'ai pété les plombs.

Beomgyu me raconte alors qu'en voulant fuir, il est tombé de son vélo et a décidé de faire appel à Darla. Il a dormi chez cette dernière. Les pièces du puzzle commencent à s'assembler.

— Quoi ? m'étonné-je. Pourquoi tu ne m'as pas appelé ?

Je pose ma main sur son épaule et Beomgyu demeure immobile.

— Tes mensonges, articule-t-il. Tes cachotteries. J'étais énervé contre toi et je le suis toujours. Pourquoi tu nous as jamais dit que tu comptais te barrer en France après la Terminale ?

Je déglutis. Beomgyu retire ma main de son épaule et mon bras retombe mollement. Je suis abasourdi. Comment a-t-il fait pour apprendre la vérité ?

— Comment t'as su ? Qui te l'a dit ?

Darla ?

— On s'en fout de savoir qui me l'a dit ! s'énerve-t-il. Tu... Ah tu me dégoûtes ! Je me sens si bête, si con ! Je me suis attaché comme un fou à ce groupe et j'étais convaincu que Kai et toi vous y teniez autant que moi ! Mais toi, en fait, tu t'en fous ! Tu t'en bats les cacahuètes ! C'est juste un passe-temps ! T'aurais pu me le dire que NOVA avait une date d'expiration et que ça ne pourrait pas durer ! termine-t-il avant de laisser échapper un sanglot. Si je l'avais su je m'y serais pas autant attaché.

— Arrête de dire n'importe quoi et d'en faire des tonnes. Puis je ne suis pas obligé de tout te dire ! Si j'ai envie de partir demain, alors je le fais. T'es mon meilleur ami, pas ma mère.

— Tes ambitions peuvent avoir des répercussions sur NOVA, c'est pour ça que t'aurais dû nous en parler ! À cause de toi le groupe va tomber à l'eau de manière brutale ! me reproche-t-il en se levant pour ranger la guitare. S'il y avait bien une chose que tu ne devais pas nous cacher, c'était ça ! Avoue que t'es en tort Taehyun et arrête de te sentir supérieur et irréprochable ! Arrête de penser que tu as toujours raison ! Arrête de me prendre pour un imbécile avec qui tu ne peux pas parler de sujets intellectuels, de cours, d'orientation scolaire... Je n'en fais pas des tonnes, j'ai une réaction totalement compréhensible et légitime ! s'emporte-il en faisant claquer la porte d'un placard. Tu nous as fait un sale coup !

J'ai du mal à déglutir. Je n'aime pas être en colère, parce que je sens que je perds le contrôle de moi-même et que quelque chose m'échappe. Quand la colère souffle dans mes veines, mes paroles et mes gestes ne parviennent jamais à retranscrire parfaitement ce que je ressens. Sentir les membres de son corps trembler, avoir la voix instable et balancer des mots qui ont pour unique visée de faire du mal à celui qui nous fait face... Non, je n'aime pas ça.

Il se retourne et quitte la salle.

J'attrape mon sac à dos et me décide à marcher sur ses pas.

— Si j'évite de discuter de telles choses avec toi c'est parce que ton attitude me fait clairement comprendre que ce ne sont pas tes centres d'intérêt ! riposté-je après l'avoir rattrapé. Si je te parle de tout ça, j'aurais l'impression de tenter de dialoguer avec un mur.

— Tu te trompes, dit Beomgyu avec une voix plus calme.

Nous sommes à présent dans la salle des casiers. D'où je suis, je l'entends renifler. Je l'entends pleurer. La dernière fois que j'ai vu Beomgyu pleurer, nous avions huit ans. Il était tombé de son vélo. Les larmes qui avaient glissé le long de ses joues ne traduisaient pas sa tristesse, mais sa colère et sa frustration. Il en avait marre de ne pas réussir à pédaler avec un vélo à deux roues. Depuis ce jour, je ne l'ai plus vu pleurer.

— Même si ce n'étaient pas mes centres d'intérêt, je t'aurais écouté parler. Je me serais intéressé à ce qui t'intéresse. J'en aurais parlé avec toi. C'est aussi à ça que servent les meilleurs amis, mais... Mais maintenant que j'y pense, j'ai l'impression que notre amitié a toujours été à sens unique.

Il s'essuie les yeux avec un mouchoir avant de renifler. Son nez, à l'instar de ses joues, est devenu rouge. Je regarde Beomgyu ouvrir son casier et fourrer ses affaires dans son sac avec maladresse et brutalité. Je reste silencieux. Je reste silencieux parce que trop de mots se bousculent dans ma tête et si je parle, ils formeraient un ensemble indigeste.

— J'ai une dernière question à te poser Taehyun, et j'aimerais que tu y répondes sincèrement.

Je ne dis toujours rien lorsque Beomgyu se retourne pour me faire face.

— Tu aimes Darla ?

J'hésite. Je baisse les yeux.

— Oui.

Mon ami enfile son sac et quitte la salle des casiers sans jeter un seul regard en arrière. 

 

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𝐌𝐄𝐒 𝐒𝐔𝐁𝐋𝐈𝐌𝐄𝐒 𝐌𝐄𝐓𝐄𝐎𝐑𝐄𝐒 | TAEHYUN | TXTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant