Amour à Trois, Trois Petits Chats

Chapitre 1 - Août

Conduire la nuit peut diminuer les réflexes, provoquer la peur d'un accident ou le malaise d'être dehors en pleine nuit. Voilà pourquoi, entre autres raisons, certaines personnes n'aimaient pas conduire la nuit. Pas James. Il comprenait bien sûr et il savait, par exemple, que son meilleur ami Peter détestait conduire au crépuscule, à l'inverse de Remus qui adorait l'obscurité et la présence de la Lune.

Ce que James aimait en conduisant la nuit, c'était la tranquillité. La solitude. Il y avait moins de monde sur les routes, surtout en pleine campagne. Il lui semblait qu'il touchait du doigt cet étrange sentiment d'être seul au monde. Libre, avec absolument aucune responsabilité. Juste lui, les étoiles et la route.

Il était parti d'Ashford depuis presque une heure et il avait croisé très peu de monde. Il s'approchait d'Hildenborough, une petite bourgade à peu près à mi-chemin de son trajet retour pour Londres. Lorsqu'il avait jeté un coup d'oeil à son application map avant de partir, il avait repéré le nom d'Hildenborough. James ne mettait jamais son GPS lorsqu'il prenait la route, au grand dam de toutes les personnes qui prenaient la route avec lui. Sa mère, Euphemia, lui disait toujours : « tu sais parler, tu sais marcher, et tu sais même lire, tu ne peux pas être perdu ». Depuis qu'il avait son permis de conduire, il s'était habitué à lire les cartes routières, regarder les panneaux, suivre les pancartes, au lieu de suivre les indications d'une voix pré enregistrée lui demandant de tourner à gauche ou à droite.

Hildenborough n'était qu'à 10 kilomètres quand la voiture de James fit un bruit bizarre. Un bruit anormal. Ce n'était pas le genre de voiture ancienne qui faisait des bruits bizarres en permanence. Non, sa voiture ronronnait doucement sur l'accélération. Elle glissait sur l'asphalte plus qu'elle ne roulait. Bref, elle ne faisait pas des bruits bizarres en tressautant. James jura. Les voyants d'alerte de la voiture se mirent à clignoter et il décida de s'arrêter sur le bas côté en voyant de la fumée s'élever de l'avant du véhicule. Quelle plaie ! Lui qui pensait être presque rentré sur Londres, il se retrouvait bloqué en pleine campagne.

Soupirant, James prit son téléphone et commença par appeler son assurance. La standardiste qui répondit lui assura qu'une dépanneuse arrivait rapidement et qu'il y avait un garage à Hildenboroug. Il serait vite pris en charge. Lorsqu'il raccrocha, James constata qu'il ne lui restait plus que 8% de batterie. James préféra ne prévenir personne, de toute façon personne ne l'attendait à son appartement de Chelsea. Il était plus prudent d'économiser sa batterie pour un éventuel second appel à l'assurance. Ses amis comprendraient.

En attendant la dépanneuse, James fit le tour de sa voiture pour essayer de repérer un problème, alors qu'il ne connaissait rien du tout en mécanique automobile. Quand il était plus jeune, James avait pu être cet adolescent vantard et insupportable, sur de sa supériorité financière. Aujourd'hui, même s'il occupait un poste important et qu'il était clairement riche, il était plus posé. Il avait quand même craqué en achetant une Lamborghini Gallardo. Il avait juste eu envie de profiter d'une belle voiture à conduire.

Il attendait depuis un quart d'heure quand une dépanneuse jaune arriva. Ses phares aveuglèrent James quelques minutes, qui s'était habitué à l'obscurité de la soirée. L'homme se gara devant la voiture de James en marche arrière, puis il ouvrit la portière et descendit la marche qui le séparait du sol. Il devait avoir quarante ou cinquante ans, estima James. Il portait des cheveux courts très sombres et son visage était finement taillé. En s'approchant de James, il tendit une main pleine de graisse de voiture vers lui. Souriant, James lui serra la main sans s'inquièter de la saleté sur celles du garagiste.

- Bonsoir, je suis Alphard Black, votre dépanneur, se présenta-t-il.

- Mon sauveur, le corrigea James.