Amour à Trois, Trois Petits Chats

Chapitre 24 - Avril

Remus scrutait les rayonnages méthodiquement, un étage après l'autre. Tampons avec applicateur, tampons sans applicateur, serviettes hygiéniques... Le post-it chiffonné qu'il tenait dans sa main indiquait explicitement, de l'écriture brouillonne de Sirius, ce qu'il était sensé acheter. Ah enfin ! Il avait trouvé ! Il attrapa la boîte en question.

- Bravo hein, c'est rare les hommes qui osent acheter les protections menstruelles de leur copine !

La voix nasillarde qui venait de parler appartenait à une dame âgée qui portait un tailleur marron et qui poussait un caddie plein à craquer. Elle attrapa un savon sur le rayon d'en face en souriant à Remus.

- Votre petite-amie a bien de la chance, continua-t-elle.

Remus allait la corriger et lui dire qu'il s'agissait de son petit-ami et qu'il venait chercher des protections hygiéniques pour lui. Mais, il n'eut pas le temps de parler car James arriva dans le rayon, tenant à la main un panier en plastique rempli de leurs achats.

- C'est bon, tu as trouvé ? Tu sais qu'il va rager si on ne prend pas la bonne marque.

Remus lui montra la boîte de protections qu'il tenait dans la main et James redressa ses lunettes pour vérifier l'étiquette.

- Il est tellement de mauvaise humeur quand il a ses règles, continua James sans prêter attention à la cliente au tailleur marron.

Son regard passa de l'un à l'autre. C'était encore mieux que si Remus avait parlé. Il savoura son air d'incompréhension. Elle fronçait les sourcils, puis, comme si elle commençait à comprendre quelque chose, elle blêmit.

- Je lui ai pris du chocolat au caramel, j'espère que ça lui ira, ajouta James.

Remus jeta un regard intéressé vers le panier et James le tira en arrière. Son sourire était beau, même sous la lumière blafarde d'un supermarché.

- Hé, tu n'as pas tes règles, toi.

La cliente se décomposait en entendant James, et Remus riait intérieurement. James ne lui prêtait toujours pas attention. Remus savait très bien qu'il était inquiet pour Sirius et que le reste du monde ne comptait plus.

- Il m'en donnera, je sais qu'il dira oui, répondit Remus.

Du coin de l'œil, il vit la cliente au tailleur marron ouvrir la bouche pour parler, mais il ne lui en laissa pas le temps. Il attrapa James par le bras et le tira vers les caisses.

- Allez on y va, ne le faisons pas attendre.

Dans la file qui attendait devant les caisses, James posa leur panier et sortit son téléphone. Remus avait gardé son bras contre le sien et il lut le message qu'il envoya à Sirius.

Mon amour, on est à la caisse, on se dépêche.

James rangea son téléphone, passa sa main dans ses cheveux une dizaine de fois avant qu'ils atteignent enfin la caisse. Une fois leurs courses payées et rangées dans leurs tote-bag, ils sortirent du magasin. Remus avait toujours son bras posé contre celui de James et il caressait distraitement son poignet du bout des doigts.

- Je t'aime, dit-il soudainement.

Remus n'avait rien prémédité, mais il avait ressenti une telle bouffée d'affection pour James que c'était venu tout seul. Comme une évidence. Il avait découvert de nouvelles facettes de lui en le découvrant dans sa relation avec Sirius, dans leur relation à trois, et Remus l'en aimait encore plus. Il aimait la façon dont James prenait soin de Sirius, alors que le jeune homme vivait très mal ces moments mensuels. Il aimait aussi la façon qu'avait James de vivre sa vie sans se soucier de l'avis des autres.