Amour à Trois, Trois Petits Chats

Chapitre 21 - Février

En rentrant à Hildenborough après un date au restaurant avec Remus et James, Sirius trouva dans la poche de sa veste un petit papier plié sur lequel était écrit le premier vers d'un poème de Louis Aragon. L'écriture précise était celle de James, il la différenciait bien de celle plus arrondie de Remus.

« Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire

J'ai vu tous les soleils y venir se mirer

S'y jeter à mourir tous les désespérés

Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire »

Il ferma les yeux quelques secondes, laissant les mots danser sous ses paupières. C'était beau. Il ne réalisait pas que James lui avait écrit ça, en pensant à lui. Une rapide recherche sur internet lui permit de lire la suite du poème. Imaginer la voix de James lui réciter les vers d'Aragon le fit trembler. Bon sang, il était tellement fichu. Sirius s'empressa de prendre son téléphone et d'écrire un message à Marlène. Il avait besoin de parler de ça avec sa meilleure amie.

S : De retour d'un date à Londres, je suis désormais le mec dont le copain glisse un poème dans la poche de sa veste. Putain tu réalises ça Marlène ! J'ai un mec qui m'offre un poème

M : Tu as deux mecs ! Et l'un d'eux t'offre des fleurs tout le temps. Je suppose que c'est le même qui t'a donné un poème ?

S : Parfois j'ai envie de le cloner pour que le monde entier ait la chance de connaître l'amour de James Potter, et d'autre fois je ne veux le partager avec personne d'autre que Remus

M : C'est quoi le poème ?

Sirius prit le papier en photo et l'envoya à Marlène. La réponse ne se fit pas attendre.

M : Beurk, c'est tellement dégoulinant d'amour... J'étais comme ça avec Dorcas au début ?

S : Ahah. Oui. Tellement oui.

M : Tu vas lui répondre quoi ?

S : Il faudrait que je trouve un autre poème, mais je n'en connais pas. Chercher sur google ça craint. Je suis sûr que James le connaît par coeur celui-là.

M : T'inquiète pas ! Utilise tes propres mots.

Ses propres mots ? Sirius lança une playlist aléatoire et reposa son téléphone. Il avait besoin d'y réfléchir. Il se déshabilla, prit une douche rapide en écoutant dérouler les musiques de Disney que l'algorithme avait décidé de lui faire écouter puis enfila son pyjama. Que pouvait-il dire d'aussi beau qu'un poème d'Aragon ? Comment pouvait-il exprimer à James et à Remus ce qu'il ressentait pour eux ? Pouvait-il juste dire quelque chose de simple, sans fioritures et métaphores ? Je me sens tellement bien avec vous. J'ai confiance en vous. Je suis heureux quand on est ensemble.

Sirius attrapa son téléphone et ouvrit leur conversation de groupe. Remus avait essayé de la renommer plusieurs fois, mais James finissait toujours par s'en rendre compte et remettre « Mes amours » dans le titre. Appuyant sur le clavier, Sirius se rendit compte que ça n'irait pas. Il fallait que ce soit ses mots. Alors, il enregistra un message vocal.

- Hey vous deux, commença-t-il en hésitant. Je sais qu'on vient de se quitter mais je voulais juste vous dire...

Il inspira un grand coup, ce n'était pas si facile de dire ça à voix haute. L'enregistrement tournait et Sirius devait se lancer.