Chapitre 2

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2 août 2023
22h52

Il était près de 23 heures et les enfants étaient épuisés. Le brouhaha familial fatiguait d'autant plus l'adolescente qui ne rêvait que d'une chose, aller s'isoler dans son lit, dans sa chambre, loin du monde, téléphoner à Sarah et terminer cette journée merdique.

Sauf qu'un nouveau problème venait s'ajouter à la liste, aucune nouvelle du camion de déménagement qui aurait pourtant dû arriver plus tôt dans l'après-midi.

Les parents avaient essayé de joindre les déménageurs tour à tour sans grande réussite avant de finir par rejoindre une supérette ouverte de nuit pour acheter des matelas gonflables et des sacs de couchages.

Allongé au milieu du grand salon vide, dans cette nouvelle maison encore parfaitement inconnue, Charlie fixait le plafond blanc. La respiration calme de sa petite-sœur contre elle la berçait, les ronflements de son père un peu moins.

L'odeur de la maison est étrangement agréable, un mélange entre l'odeur usée du parquet en bois et la peinture fraîche appliquée quelques semaines plus tôt sur tous les murs de la maison.

Charlie bouge sur son matelas, il couine au moindre mouvement, elle grimace. Elle repousse maladroitement le duvet et se redresse.

Le parquet est grossier, froid. Les lattes sont vieilles, pas alignées.

Silencieusement, elle grimpe les marches de l'étroit escalier.

Sa chambre n'est qu'une grande pièce vide et froide. Les volets bleus n'ont pas été fermés, ils laissent pénétrer la lumière jaunâtre d'un lampadaire au bord de la route. Dans un coin ont été abandonnées deux valises. L'une, bleu, est ouverte sur le sol, des vêtements étalés en travers. Elle enfile par-dessus son débardeur, un sweat rouge bordeaux à peine sorti de la pile de linge.

Charlie se hisse sur le large rebord de la fenêtre, se recroqueville pour ouvrir un des battants. Un courant d'air frais traverse la pièce.

L'adolescente sort son téléphone portable qu'elle dépose sur ses genoux. Il sonne. Une fois. Deux fois.

– Allô ?

Un sourire presque imperceptible se dessine sur ses lèvres, brille dans l'obscurité.

– Salut... Elle lâche en retour, dans un soupir de soulagement.

– Bonsoir petite sœur.

La voix de l'autre côté du téléphone est enjouée et ça réchauffe le cœur de Charlie instantanément. Elle roule des yeux, presque soulagée.

– Haha. Très drôle.

Sarah ricane.

– Vous êtes bien arrivés ?

Charlie soupire très peu discrètement.

– J'ai envie de rentrer à la maison. Elle lui avoue. Treize heures de route pour au final dormir sur un matelas gonflable dans le salon. La maison ressemble à un film d'horreur, c'est horrible.

– Tu sais, tu as toujours ta chambre ici. Maman te l'a dit, tu peux rentrer si tu as besoin.

– Papa m'en voudrait.

– Pour changer. Lâche Sarah, moqueuse.

Charlie sourit. Sa sœur a le don de l'amuser dans n'importe quelle situation.

– Tu te rends compte que tu es une peste ?

– Ouais. On me le dit souvent.

Charlie laisse échapper un rire. Putain, qu'est-ce que sa soeur va lui manquer. Elles qui sont l'une avec l'autre depuis toujours.

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