Chapitre 13

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7 septembre 2023
16h40

– Quelque chose ne va pas ?

À présent, Charlie n'est plus seule dans la cage d'escalier dans laquelle elle s'était arrêté pour l'heure qu'elle avait à tuer. Dans laquelle les larmes étaient venues interrompre sa lecture.

A la fin de ses cours, c'est à cet endroit qu'elle avait trouvé refuge, beaucoup moins passant que la cafétéria ou la cour. Elle pensait y être seule le temps d'attendre la fin du cours de Riley et, le casque vissé sur les oreilles, elle avait continué un livre qu'elle lisait.

Pourtant, rapidement, la douleur l'avait rattrapé, violente. Elle n'en avait pas compris la cause, cela lui arrivait parfois. Cette douleur intense qui comprime sa poitrine, qui l'empêche de respirer, qui creuse comme un trou dans sa cage thoracique. Les larmes étaient montées facilement et elle avait cru boire la tasse.

Maintenant, deux yeux verts forêt la regardent, deux yeux clairs qui lui semblent doux et calme, absolument apaisants, à moitié cachés par une cascade de boucles brunes.

Charlie essuie ses jours mouillés d'un revers de manche, comme si elles n'avaient pas existés. Tellement plus simple, tellement habituel. Elle dévisage le nouveau venu en fronçant les sourcils.

– Tu es ?...

– Oui, excuse moi. Je m'appelle Alexis.

Il se laisse tomber en tailleur devant elle, au milieu de la cage d'escalier.

– J'avais compris ça. Pourquoi es-tu là ?

Il hausse les épaules.

– Tu avais l'air seule et pas très bien.

– Ouais. Elle souffle. Je m'appelle...

– Charlie. Oui, je sais. Riley l'a dit.

L'adolescent se ferme complètement au nom de son ami. Alexis grimace.

– Désolé pour ça aussi. Mes amis sont des cons.

– Tu ne défends pas beaucoup tes potes à ce que je vois.

Il sourit de toutes ses dents.

– Je les aime de tout mon cœur mais pas quand il y a des gens autour,, ils sont vraiment stupide.

– Au moins, nous sommes d'accord là-dessus.

– C'est de bonnes personnes au fond...

Elle lui lance un regard, le confronte.

– Ah ouais ? Et il s'est passé quoi avec Riley ?

Alexis reste complètement silencieux, honteux. Charlie se dit que c'est bien ce qu'elle pensait et elle se relève sans un mot de plus, pour s'en aller.

– Il a l'air de bien t'aimer. Lâche-t-il d'une voix faible et la jeune femme hausse les épaules, presque énervée.

– Ouais, on est proche. Penses à le dire à tes copains, que je ne les vois pas l'emmerder, la prochaine fois je ne le laisserais pas se mettre au milieu.

– Bien.

Elle tourne les talons et s'éloigne à grandes enjambées, énervée.

Alexis ne rajoute rien, la détaille alors qu'elle disparaît au détour d'un couloir.

Le sang bout dans ses veines, pulse dans ses tempes. Elle inspire précipitamment. Charlie ne sait pas ce qui se passait avec Riley avant son arrivée mais elle sait que cela ne va pas lui plaire. Cela ne lui plait déjà pas.

Ses pas la menèrent devant la salle de son ami et elle n'a qu'une dizaine de minutes à patienter avant que la sonnerie ne résonne.

Riley est l'un des derniers à sortir de la classe, il masque sa mine maussade avec un sourire éclatant quand il la remarque. Elle fait de même.

Il ne parle pas de son cours, elle n'ose pas aborder sa discussion avec Alexis. Le sujet est tendu, elle a déjà remarqué.

Devant les grilles, Charlie remarque Alexis en train de rigoler avec Ethan et cela l'énerve sans qu'elle n'en comprenne la cause.

– Tu fais quoi ce soir ? Elle questionne.

Elle passe sa carte sur la borne du bus, la lumière verte s'allume. Elle s'empresse de le suivre à l'arrière pour trouver deux places assises.

– J'ai entraînement jusqu'à vingt-et-une heures, je ferai mes devoirs ensuite. Et toi ? Un programme intéressant ?

Charlie hausse les épaules en jetant un œil sur son écran, trois messages de son père, un seul de sa sœur.

– Pas grand chose, je vais peut-être proposer à ma petite-sœur d'aller au parc, je ne vais pas supporter mes parents.

Riley ricane, passe sa main dans ses mèches dorées.

Elle ne prend même pas la peine de répondre à son paternel, lis rapidement celui de sa jumelle sans y réagir pour autant.

– Ça va ?

Les yeux sur l'écran à présent éteint, elle souffle.

– La distance est compliquée, c'est rien.

– Je me demandais, comment ton père a-t-il pu avoir simplement ta garde ? Le juge a bien dû réagir ?

La jeune fille le regarde dans les yeux, elle n'y trouve rien a part de la douceur et cela l'aide à continuer.

Elle marmonne.

– En réalité, je n'en sais rien, je n'étais pas là durant toute la durée du procès.

– Où étais-tu ?

Elle hausse les épaules.

– A l'hôpital.

Riley n'ose pas insister sur ce sujet, il bat en retraite, comme s'il sentait que le sujet était déjà grossièrement miné, comme s'il avait peur de se brûler. A la place, il choisit une question plus douce.

– Cela fait combien de temps que tu nages ?

D'un sourire, elle semble balayer toute leur discussion précédente.

– J'en fais depuis que je peux nager, j'avais quatre ans je crois. J'habitais très proche de la mer et suite au divorce de mes parents, on a conseillé à mes parents de nous faire pratiquer une activité, la natation coulait de source. Je n'ai jamais arrêté.

Ils descendent ensuite du bus, marchent calmement côte à côte. Charlie rigole.

– Maintenant j'ai envie d'aller nager !

Il ricane, se moquant gentillement de l'indécision de la jeune femme

Au dernier étageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant