Chapitre 10

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4 septembre 2023
19h00

– Charlie ! Descends tout de suite.

L'adolescente se redresse sur son lit, fronce les sourcils. La voix féminine qui vient de crier son nom est celle de sa belle-mère et elle n'a pas l'air vraiment contente.

Elle plonge une seconde de plus les yeux dans son téléphone pour répondre à un dernier message, vite interrompu par son frère qui apparaît derrière la porte.

– Maman t'attend. Elle n'est pas contente.

D'un haussement d'épaule, elle montre que cette information ne lui fait ni chaud ni froid.

Neyl fronce les sourcils en détaillant sa sœur.

– Vas-y quand même, après c'est moi qui vais me faire engueuler.

Elle souffle bruyamment en repoussant son téléphone sur le matelas.

– J'y vais.

Les marches de l'escalier grince et elle entend sa belle-mère faire une réflexion.

Ses parents sont dans la cuisine, d'un côté et de l'autre du plan de travail.

– Oui ? Demande-t-elle ironiquement.

Sylvie lui lance un regard noir avant d'ouvrir la bouche.

– On a discuté avec ton père. Elle lâche froidement.

Charlie la dévisage sur le pas de la porte, pas décidé à pénétrer dans la cuisine.

– Ah ouais ? Elle lance un coup d'œil à son père qui a le nez plongé dans son café.

– Nous en avons marre que tu fasses tout le temps la tête. Annonce la femme devant l'absence de réaction de son mari.

– Pardon ?!

– Ici tu es chez nous, nous te nourrissons et te logeons alors nous aimerions que tu participes et que tu sois heureuse d'être avec nous !

– Tu voudrais que je fasse semblant ? Jusqu'à preuve du contraire, vous ne m'avez pas demandé mon avis pour être tirée de l'autre côté du pays.

Le père de Charlie grimace largement en fixant le sol de plus belle. La culpabilité barre son front.

– Cela ne te ferait pas de mal. Nous t'avons laissé pas mal de temps, maintenant, c'est à toi de mettre de la bonne volonté à aider tes frères et sœurs.

Charlie serre les poings, lance un regard froid à son père. Il n'a pas bougé.

– Papa ?

– Ta mère a raison.

– Ce n'est pas ma mère. Lâche violemment l'adolescente. Elle n'est d'ailleurs rien du tout.

– Arrête ça tout de suite jeune fille. Nous allons d'ailleurs instaurer de nouvelles règles. Ton téléphone restera en bas le soir après le repas.

– Quoi ?

– Dépêche-toi Charlie.

Les jambes de l'adolescence flagellent, tremblent. Elle ne lâche pourtant pas son portable, serré dans son poing.

– Je te déteste. Je ne veux pas vivre avec vous ! Jamais !

Puis elle traverse la cuisine, enfile ses chaussures et claque la porte d'entrée derrière elle.

Les larmes dévalent ses joues, elle en a marre, tellement marre. Sa sœur lui manque affreusement, elle ne veut pas être ici. Et que personne ne la prive de son dernier moyen de communication. Son père est un con.

Ses pas la mènent jusqu'en face de chez elle, de l'autre côté de la rue. Elle sonne et des pas se font pressés derrière la porte.

– Charlie ?

Le visage calme de Riley apparaît derrière la porte, l'inquiétude soudaine plie ses traits.

– Viens, entre.

Elle le suit à travers la maison, le laisse lui ouvrir la porte de sa chambre. Il s'assoit sur son lit, un immense lit au centre de la pièce, incite Charlie à faire de même.

– Qu'est-ce qui s'est passé ?

– Je me suis embrouillée avec mes parents.

Il caresse ses cheveux.

– Tu veux en parler ?

Charlie hausse les épaules.

– Film ?

Un sourire se dessine sur ses lèvres et elle suit Riley des yeux quand il se lève pour récupérer la télécommande de la télévision et un paquet de mouchoir sur sa table de nuit, qu'il lui passe.

Elle lui lance un regard plein de sous-entendus et il sourit simplement.

Riley ne fait pas vraiment attention à ce qu'il met à regarder, ils se collent l'un à l'autre sur son lit, il entoure les épaules de Charlie et cela à l'air de suffir à l'apaiser.


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