Chapitre 16

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20 décembre 2020
01h47
(3 ans plus tôt)

Le vent s'engouffre violemment dans ses cheveux, elle ne les a pas attachés, a oublié son élastique. La jeune fille porte un sweat noir large et un sac à dos sur lequel pendouille un petit porte clé en forme de renard.

Elle rabat sa capuche sur sa tête dans l'espoir de regrouper ses longues mèches. Elle paraît jeune, très jeune, pas plus qu'une quinzaine d'années, peut-être moins.

La rue est déserte, silencieuse. Ses baskets tapent contre le béton.

Elle marche un moment, n'importe qui serait passé par là se serait questionné sur la présence de cette petite fille seule à une heure aussi tardive. Que fait-elle seule dans la rue ? Où sont ses parents ? Pourquoi est-elle toute seule à cette heure-ci ?

Elle ne semblait pourtant pas si dérangée. Elle quitte la route, suit un chemin de sable avant d'arriver sur la plage.

L'air est frais, humide, la jeune fille tremble de froid.

Elle s'approche de l'eau, se penche pour se mouiller la main avant de s'asseoir dans le sable. A l'horizon, la lune est étincelante. Elle brille d'un éclat magnifique, se reflète dans l'immense étendue d'eau.

– Tu es toute seule ?

Elle tourne la tête en sursautant, le regard qu'elle rencontre la calme instantanément. Deux billes d'un noir intense la fixe. Un regard qu'elle trouve tendre et chaleureux. Il lui adresse un sourire qui fait ressortir deux adorables fossettes.

Le garçon doit avoir son âge, à peine un an de plus, ce qui la rassure un peu. Il n'y a absolument personne autour d'eux et avec lui, personne ne s'en prendra à elle.

Il se laisse tomber dans le sable à côté d'elle, retire son blouson pour lui donner.

La veste est immense, bouillante. Elle se blottit dedans.

– C'est quoi ton nom ?

Elle ne répond pas tout de suite, lui est déjà passé à autre chose.

– Moi je m'appelle Angel.

– C'est beau Angel...

– Ma mère dit que c'est parce que j'aurai dû mourir à la naissance. Ils m'ont sauvé.

– Qui ça ?

– Les anges.

Angel joue avec le sable, d'un coup plus silencieux, il sourit à nouveau à la jeune fille. Elle est peu certaine de cette histoire, ne dit rien, après tout elle ne le connaît pas, et la peur de perdre un enfant doit être terrible.

– Moi aussi tu sais, je n'y crois pas. Ma mère est folle.

Il fixe la jeune fille, approche ses doigts de son visage pour ramener une mèche de cheveux derrière son oreille.

Ses cheveux à lui sont d'un blanc presque immaculé, comme elle n'en a jamais vu.

– Et toi ? Tu t'appelles comment ?

– Charlie.

Elle grimace.

– C'est un nom de garçon. C'est mon père qui l'a choisi.

En réalité, ceci n'est qu'une petite partie de l'histoire de son prénom.

A l'accouchement ses parents étaient persuadés d'avoir une fille et un garçon, des jumeaux, c'est ce que les médecins leur avaient dit. Sa jumelle est sortie en première et maman lui a donné le nom qu'ils avaient choisi, quand ce fut son tour et qu'ils découvrirent son genre, son père décida de garder le nom qu'ils avaient choisi pour leur fils, Charlie.

– Moi je trouve ça très jolie Charlie.

Elle esquisse un sourire, attendrie. Il parait sincère, la regarde de ses yeux sombres aux reflets de lune.

Charlie cligne doucement des paupières, baille. Il se penche vers elle et dans la pénombre, elle peine à détailler son visage, elle le trouve tout de même magnifique.

Plantant ses yeux sombres dans ceux de Charlie, il vient déposer ses lèvres sur sa joue et elle a l'impression de flotter.

– Tu n'es pas au collège Angel ? Je ne t'y ai jamais vu.

– Je n'y vais pas, je m'occupe de ma mère.

– Tu as des amis ?

– Les autres ne m'aiment pas vraiment, ils me trouvent bizarre.

Charlie grimace, cachée par l'obscurité. Elle ne l'avouera jamais devant les autres mais sans sa jumelle, ce serait exactement pareil pour elle. Les autres ne l'approcheraient pas, parce qu'elle est différente.

– Moi je resterais avec toi.

Angel sourit largement, ses dents aussi brillent à la lueur de la lune. Ses yeux pétillent.

– Alors, à partir de maintenant, tu seras mon ange !

Charlie éclate d'un rire sourd, s'enfouissant encore plus à l'intérieur de l'immense pull qu'il lui a donné.

– Tu es bête.

– Et toi, tu es sublime.


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