Au dernier étage

Chapitre 19

8 septembre 2023
22h10

Quand Charlie a reçu le message de Riley, la soirée était déjà bien entamée. Après une journée aussi compliquée, Charlie n'avait pas pensé le revoir avant au moins la fin du weekend. Pourtant, devant ses yeux, il n'y avait pas d'erreur, le message qu'elle relisait depuis quelques minutes ne venait que d'une seule personne, Riley.

Riley - Aujourd'hui à 22h08
Ça te tente de venir me rejoindre sur le toit, là maintenant ? Les étoiles sont magnifiques ce soir. Mes parents ne sont pas là.

Alors, avec un sourire, elle avait tapé rapidement une réponse et avait quitté son lit sur lequel elle fixait le plafond depuis des heures.

Charlie - Aujourd'hui à 22h10
J'arrive.

Elle repousse le livre avec lequel elle joue depuis qu'elle est rentrée, sans se décider à l'ouvrir. Elle ne sait plus d'où il vient, ni qui le lui a offert. Le titre ne lui dit rien, l'auteure encore moins. Son père n'en sait pas plus qu'elle, alors elle n'arrive pas à l'ouvrir, se contente de le tourner et le retourner entre ses doigts, de lire le résumé et le titre de nouveau. Les détails de la couverture ne lui sont plus inconnus, elle peut retracer leurs formes du bout des doigts, voir leurs couleurs les yeux fermés.

Pourtant le livre reste clos. Sur la couverture, les lettres du titre brillent. "Il est grand temps de rallumer les étoiles" , de Virginie Grimaldi.

Elle sort de chez elle silencieusement, ferme doucement la porte derrière elle, traverse la rue. La porte d'entrée est ouverte, elle ne toque même pas en entrant, referme derrière elle. Dans la chambre de Riley, une douce brise caresse son visage. La fenêtre est ouverte, le velux aussi. Une chaise a été abandonnée dessous et elle n'hésite pas longtemps avant de monter dessus pour se hisser comme elle peut à l'extérieur.

Riley attrape doucement ses doigts, son visage la rassurant et l'apaise. Il tient ses mains, l'aide à monter sur le toit.

A l'arrière de son toit en tuile s'étale une partie plate, c'est là qu'il se réinstalle une fois qu'elle est sur ses pieds.

Il lui tend un plaid épais et elle se laisse tomber sur des coussins. Riley ne la regarde même pas, il fixe l'horizon et s'allume une cigarette.

Cela surprend Charlie mais elle ne laisse rien paraître quand il la place entre ses lèvres. A la place, elle regarde les étoiles en hauteur. Il a raison, elles sont sublimes.

– Ils diraient quoi tes parents s'ils voyaient ça ?

Riley ricane, expire la fumée toxique dans l'obscurité de la nuit.

– Ils me défonceraient.

Il hausse ensuite les épaules.

– Raison de plus.

– Tu es un mauvais garçon, Riley Byrne.

– On me le dit souvent.

Elle esquisse presque un sourire, enfin, peut-être, elle n'en est elle-même pas sûre.

– C'est beau pas vrai ?

Charlie acquiesce.

– Tu viens ici souvent ?

– Quand je ne me sens pas bien.

– C'est le cas aujourd'hui ?

Il ne répond rien, se contente de soupirer.

– Ne te fais pas punir à cause de moi Charlie, s'il te plaît.

– Tu n'y es pour rien.

– Il n'est pas méchant...

– Ethan ?

Riley prend une nouvelle bouffée de cigarette, il la laisse ensuite se consumer lentement entre ses doigts, sans y faire quoi que ce soit.

– Il aime ses amis.

– Il a harcelé d'autres élèves ?

D'un mouvement de tête, Riley signifie non.

– Tu ne mérites pas ça.

– Tu ne me connais pas Charlie.

– Tais toi. Personne ne mérite ça.

Puis elle s'allonge sur le dos, coupant court à la conversation, se contentant d'admirer les étoiles en silence pendant que Riley finit sa cigarette.

**

Les premiers rayons du soleil viennent la déranger, ils caressent ses paupières closes, réchauffent son corps.

L'odeur de tabac froid vient chatouiller ses narines, il ne la dérange pas tant que cela, se mélange bien à la brise fraîche. Elle ouvre doucement les yeux, s'étire. Elle est toujours sur le toit, le corps de Riley tout contre elle. Il ne dort pas, fixe le ciel.

– Salut... Elle marmonne d'une voix ensommeillée.

Il esquisse un sourire, se redresse pour embrasser son front.

– Je me suis endormie... Elle remarque ensuite, arrachant un rire à l'adolescent.

– Ah oui ? A quoi vois-tu cela ?

– Très drôle.

Il ricane pour la forme, se recouche en tirant un peu plus sur son plaid.

– Riley ?

– Oui ?

En fixant les nuages qui s'éparpillent dans le ciel, elle réfléchit à sa formulation.

– Je suis désolée.

– Charlie...

Elle secoue la tête.

– Non réellement, je suis désolée pour hier.

Riley ne répond rien, tourne la tête vers elle.

– Je suis content que tu sois là.