𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 4 ✔️

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1 semaine plus tard: lundi.

- Le truc, c'est qu'il n'y avait pas vraiment de signe ou de communication qui m'a préparé à ça, je répondais exaspérée.

Bart se tenait assis derrière son bureau, les sourcils froncés. Ma première « vrai » séance commençait aujourd'hui. J'étais déjà fatiguée de ressasser toute l'histoire.

- Qu'avez-vous ressenti ? Nous allons essayer de trouver la source de ses apparitions.

Il s'appuyait sur ses coudes pour porter toute son attention sur mes réponses. Ses muscles se contractaient sous sa chemise blanche, faisant ressortir la carrure de ses épaules larges. Il paraissait plus professionnel que la semaine passé avec son pull noir. Cette chemise le rendait...attractif.

Je secouais la tête pour me concentrer sur la question posée. Je ne devais pas laisser cet homme m'intimider.

- Le choc que j'ai vécu lorsqu'il a prit ses affaires était tellement grand, j'ai eu l'impression que mon corps était traumatisé. Un genre de mixte d'abandon et de trahison, je ne sais pas, je répondais exaspérée à nouveau.

- Quand vous évoquez ce sentiment d'abandon et de trahison, est-ce que Simon est la seule personne à qui vous rattachez ces émotions ?

Sa question me prit au dépourvu. Je n'y avais jamais réfléchi. Simon m'avait abandonné, mais il était loin d'être le premier à l'avoir fait. L'image de ma soeur et mon père se projetait en flash dans mon esprit. Rien que de songer à eux me tordait l'estomac.

- Non... il est en grande partie responsable, mais je pense à beaucoup de monde à vrai dire.

Je me redressais au fond du fauteuil, soudainement tendue. Si ses apparitions étaient liées à d'autres frustrations comme ma mère, ma soeur ou mon père, j'étais loin d'être sortie d'affaire. L'idée que je doive parler d'eux me fit déglutir à plusieurs reprise.

- Je vois, (il note quelque chose sur sa feuille), nous reviendrons sur ces personnes plus tard.

Génial. Mes yeux trahissaient une certaine appréhension désormais.

- Vous disiez avoir ressentie un choc lorsqu'il a prit ses affaires, seriez-vous capable de décrire vos émotions ? Continuait-il les sourcils chatains toujours plissés.

Ses yeux gris mouchetés de verts, semblaient concentrés sur mon visage et me déstabilisaient légèrement.

- Lorsqu'il est parti, je me disais que je ne pourrais pas vivre sans cette lui et que je préférai ne plus vivre tout court que de ne plus l'avoir dans ma vie.

Je fuyais son regard pour dissimuler le malaise de cette révélation. Oui j'avais honte.

- Mon appartement avait l'air triste, je pensais ne jamais être capable d'arrêter de pleurer, je n'avais goût en rien. Manger n'était plus un besoin et être en public était angoissant. Je regardais ma porte d'entrée et je pensais juste au fait qu'il ne la franchirai plus jamais.

Nos regards se croisèrent à nouveau, il paraissait intrigué. Il posa les feuilles à plat sur son bureau et croisa les bras contre son torse.

- Vous aviez eu des proches pour vous aider ? Demandait'il d'un ton plus sérieux.

- Oui j'ai eu des amis, Charlotte et Héléna, mais sans vous mentir ce n'est pas assez. Les gens ne comprennent pas nécessairement ce que je vis,  car ils sont en couple depuis longtemps, ou qu'ils ont oublié ce que cela faisais de perdre quelqu'un. Certains n'ont tout simplement jamais vécu de rupture aussi.

Et c'était vrai. Je me suis sentie soutenue, épaulée, mais jamais comprise. Je ne me comprenais pas moi-même et cette vérité me fit lâcher un soupir nerveux.

Takotsubo Où les histoires vivent. Découvrez maintenant