CHAPITRE 14

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Quand je fixais l'état des lieux, mon passé avait fusionné avec le présent. Il ne restait plus rien à part les quatre murs crasseux qui m'entouraient et la table d'auscultation. Pourtant je ressentais tellement de sensation en si peu de temps. Toutes les émotions négatives se rencontraient et formaient une laide union. J'ai rencontré la haine, l'humiliation et la frustration.

J'éprouve une haine pour mon incapacité à me défendre, je me suis fait piégée quand ils m'ont battu avec une bouteille. J'aurais voulu que Tata me trouve, qu'elle me sauve de mon sort ; qu'elle me prenne dans ses bras, me rassure. Mais elle n'a pas été là et elle ne sait pas qui m'a sauvé.

Je me sens humilié car je demeurais faible quand ils m'ont retenu quand cet homme m'a déshabillé, qu'il avait pris un plaisir sinistre de pointer son arme entre mes jambes pour m'affaiblir de plus belle. Et la frustration me ronge du fait que j'aurais aimé les voir souffrir, de les torturer, de les rabaisser comme ils l'ont fait avec moi.

Je m'imagine de les voir me supplier de les épargner, d'être soumis à mes coups. Puis après je reprend conscience qu'ils sont en vie, qu'ils m'ont enlevé le droit d'avoir un enfant. Et je ne sais pas pourquoi ça me fait si mal, car je les déteste et je n'avais jamais envisagé d'être mère. J'aurais été une génitrice pitoyable.

Ma mâchoire se contracte et ma tête se hoche doucement. Mon cœur brûle de rage, je n'arrive pas à rester froide. Je n'avais que seize ans. Mon corps se dirigea à grande enjambée vers la table d'examen, mes mains la prit et la lancèrent contre le mur.

Mais c'est lors du lancer que des flammes rouges apparurent sur l'objet, et quand il se brisa sur le mur, le feu se répandit à une vitesse fulgurante ; allant dans les coins, sur le plafond et le sol. L'effroi me posséda, pendant que les flammes détruisaient tout de manière anormale, réduisant tout en cendre.

NON !

Et soudain, le feu s'éteignit, laissant derrière lui un silence écrasant. Je regardai les dégâts que cette magie avait causés. Une partie du sol avait disparu et se présentait un énorme trou, la tapisserie du mur était partie en miette et une partie du plafond allait s'effondrer.

Alors je courus en vitesse vers la sortie alors que j'entendis le plafond s'écrouler. En sortant du bâtiment, je vis à travers les fenêtres l'effondrement du toit. Il n'y avait pas que le plafond qui s'était écroulé, une seconde de plus et je serais morte.

Je n'ai pas rêvé, non ?

Je n'ai pas envie de rester ici, alors je pars loin de cet endroit. Dix minutes plus tard, je marche dans les rues en pleine nuit, Roseline doit sûrement s'inquiéter. Ce n'est pas pour autant que je me presse, je suis armée et il ne peut rien m'arriver avec l'expérience.

Je sens une odeur de cadavre en face de moi, la rue obscure m'empêche de voir qui s'approche de moi. Je sors mon fusil et le pointe dans l'ombre, la chose se rapproche de moi mais j'attends de découvrir le gabarit pour tirer. Mais l'instant d'après, la chose qui se présentait à moi était un pauvre vieil homme sans jambe, s'aidant de ses mains pour ramper.

Son corps avait été coupé jusqu'à l'ombilic, la folie l'a sûrement emporté pour causer une mutilation pareille. Le syndrome Z, autrement appelé la fièvre grise. La pire des maladies qui peuvent exister sur cette terre. Il ne me voyait pas, ses yeux étaient crevés. Je le laissai passé, il n'était pas un danger pour nous mais pour lui-même, je ne peux rien pour lui, il a rendu l'âme depuis longtemps.

Et une détonation d'un bruit de bal retentit, du sang gicla du crâne du vieillard et sa tête tomba au sol, mort une deuxième fois. Venait après des applaudissements lents, je levais la tête et ma vue devint rouge à la vue de Monsieur Grinnberg.

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