Chapitre 33 - Amaia

144 12 5
                                    

Ma tête est posée sur le bord du lit de Rim. J'attends impatiemment qu'elle se réveille depuis six heures maintenant. Je m'inquiète qu'elle n'ait pas bougé d'un poil même après toutes ces heures. Cela peut prendre jusqu'à deux jours pour qu'elle se réveille, mais j'ai envie de croire qu'elle a tellement hâte de se réveiller qu'elle le fera bien plus tôt que prévu.

— Mange, me dit Dylan en me tendant un plat préparé encore fumant.

— Je n'ai pas faim.

— Ce n'était pas une question. Mange, répète-t-il d'un air sérieux.

Je soupire mais attrape la nourriture qu'il m'offre. J'avoue que la nourriture qui glisse de ma gorge à mon estomac est particulièrement agréable. Elle réconforte mon cœur douloureux, comme s'il se faisait entourer de bras rassurants.

— Tu penses qu'elle va bientôt se réveiller ? le questionné-je alors que j'observe les parents de Rim serrés l'un contre l'autre.

Ceux-ci attendent que leur fille ouvre les yeux. Je perçois dans leurs regards de la fatigue, de la douleur, mais aussi et surtout de l'espoir, de la hâte. Ils sont calmes, mais je remarque qu'ils sont aussi impatients que moi. Je le devine aux doigts du père qui s'agitent sur sa cuisse, et à la mère qui ronge la peau de ses ongles jusqu'au sang.

— Je ne sais pas. Je pense surtout qu'on doit être patients et attendre de voir les premiers signes. Elle ne devrait pas tarder à bouger les doigts. Enfin, je me fie aux séries américaines sur ce coup, j'ai sûrement tort.

Il se marre et je me mets à rire avec lui. Ce moment est agréable et doux. Rim n'est pas encore sortie d'affaire, ses blessures sont graves, mais d'après le médecin, les risques pour que sa situation se dégrade sont faibles. Il est certain qu'elle se réveillera prochainement. Je mentirais si je disais que ses mots ne m'ont pas rassurés, je mentirais si je disais que les entendre ne m'avait pas aidée à retrouver le sourire. Je n'irais pas dire que je peux vivre ma vie comme si de rien n'était, mais je peux au moins m'accorder quelques minutes de rires avec Dylan, et éviter de pleurer encore et encore.

Mon cousin a toujours été comme ça. Il a toujours priorisé le bonheur et le bien-être des autres, parfois au détriment de lui-même. Je me souviens du jour de son accident. Il était mal, mais ne s'inquiétait que de sa mère et voulait être certain que malgré tout, je sois heureuse. Il se fichait de son état, il avait beau avoir mal, il souriait, simplement pour que je sois heureuse, simplement pour que je ne m'inquiète pas pour lui. C'est un homme au grand cœur et, même si je ne connais pas beaucoup Megan, elle a beaucoup de chance d'être tombée sur lui. Ils se correspondent parfaitement et pourtant, d'après Dylan, ce n'était pas tout à fait le cas, à leur rencontre.

Soudain, un mouvement léger attire mon attention. Je tiens la main de Rim depuis des heures et si depuis tout ce temps, elle était immobile, je suis certaine de ne pas avoir rêvé. Les doigts de Rim ont bougé.

— Amaia ?

Je tourne la tête vers Dylan qui tente d'attirer mon attention. Je suis bouche bée. Je n'en reviens pas. Je n'attendais que ça, mais maintenant que Rim se réveille, le stress s'impose une nouvelle fois à moi. J'ai pu le repousser en attendant qu'elle se réveille, j'aimais me faire croire qu'il n'y aurait pas d'explication, qu'elle ouvrirait les yeux en souriant, m'apercevant à ses côtés. Je dois revenir à la réalité à présent. Elle va se réveiller d'ici peu, sa conscience reprend enfin sa place. J'aimerais que ce soit si simple, mais elle sera tout sauf heureuse de me voir près d'elle, alors qu'elle était si vulnérable.

— Je... commencé-je en bégayant. Ses doigts... Elle a bougé.

— J'appelle un médecin, répond-il en se levant pour se précipiter dans le couloir.

Heart Beating [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant