Chapitre 27 - Rim

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Depuis un coin de la pièce, j'observe Amaia se battre contre Grégory. C'est sanguin, plus encore que lorsque les meilleurs hommes du coin se battent l'un contre l'autre. C'est impressionnant. C'est violent. Mais j'imagine que ça a du sens, ce mec a l'air d'être un connard. Plus tôt, lorsque je l'ai trouvé en train de la toucher sans son consentement, j'ai vu rouge. J'ai beau avoir dit à Amaia que j'avais agi seulement par éthique, la vérité c'est que c'était aussi parce que c'est elle. Si je n'avais pas peur des gens qui se trouvaient dans la pièce d'à côté, je l'aurais sans doute tuer de mes propres mains, mais ce genre d'énergumène ne mérite pas que je meurs pour lui – même si je suis déjà sur la liste de bien trop de personnes ici. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi ils ne s'entendent pas alors qu'elle lui mangeait dans la main pendant cet appel téléphonique. Amaia a bien essayé de m'expliquer, mais entendre sa voix me fait trop mal, cela me rappelle que je n'aurais jamais dû avoir confiance en elle, que c'était une erreur d'avoir cru en ses belles paroles, en cette idée d'alliées.

— C'est bizarre que Grégory se fasse si facilement avoir par Amaia, déclare Victor en me rejoignant. Je le pensais plus fort qu'elle.

Je fronce les sourcils un instant, mais reprend rapidement contenance. Comment Victor pourrait-il connaître le prénom de Amaia ? Et comment pourrait-il avoir pensé que Grégory est plus fort qu'elle alors que c'est la première fois qu'il combat ici. Certes, tout le monde sait qu'il est le bras droit du chef des Vipers, mais cela n'explique pas comment il peut connaître le prénom de Amaia... sauf s'il fait partie des Vipers, auquel cas je devrais m'éloigner de lui au plus vite.

— Mami Wata est forte. Elle m'a déjà battue, je te rappelle. Pourquoi ça t'étonne qu'elle puisse battre un mec venu de nulle part ?

— Parce que c'est le bras droit du chef, souffle-t-il.

Je note le fait qu'il ne précise pas le nom du gang, comme s'il prenait le chef des Vipers comme son chef. Le flair pour remarquer les indices au milieu d'une conversation basique m'a été donnée alors que j'apprenais seulement à me battre. En apprenant à trouver les faiblesses de mes adversaires, j'ai aussi appris à remarquer leurs mensonges et leurs cachotteries. Je me demande encore comment j'ai fait pour ne rien remarquer quant à Amaia. Est-ce qu'il serait possible qu'elle ne m'ait pas menti ? Est-ce que j'aurais dû écouter ses explications ? C'est trop tard pour réfléchir à cela. À présent, elle est enfermée dans une cage dont elle ne pourra pas sortir tant que l'un d'eux ne sera pas mort. Au fond de moi, j'espère que le combat va continuer à évoluer positivement pour elle. Je veux que ce Grégory meurt, et surtout, malgré la haine que je ressens pour Amaia, je veux qu'elle vive. Je ne peux pas imaginer une vie où elle serait morte, je reste sur mes positions passées. Pas seulement parce que je me suis attachée à elle – si on oublie le fait qu'elle m'a trahie –, mais surtout parce que sa mort signifierait que Dylan vivrait une nouvelle catastrophe et Megan se retrouverait à devoir ramasser les bouts de son cœur. Je n'ai pas envie qu'ils souffrent. Ils méritent d'être heureux après avoir vécu tant de choses, et si Amaia quitte ce monde, j'ai bien peur que ce soit impossible. Dylan est un soleil qui brille haut dans le ciel, mais il ne faudrait pas grand-chose pour qu'il laisse place à la nuit noire. Il a déjà vécu le deuil, il ne peut pas encore le revivre. C'est bien trop tôt pour que cela recommence, d'autant qu'il espère qu'un jour, ils pourront se voir plus régulièrement. Sa cousine lui manque en étant en vie, qu'est-ce que ça serait si elle mourrait soudainement ?

— Ouais... Je dois aller aux toilettes, excuse-moi.

Je fuis Victor avant qu'il ne soit trop tard. Je ne sais pas ce qu'il manigance, mais ça ne sonne pas bien. J'aurais aimé ne pas devoir quitter la pièce, ne pas quitter Amaia des yeux, seulement pour être certaine qu'elle n'offrira pas son dernier souffle ici, mais je dois prioriser ma propre vie si je pense que celle-ci est en danger. Rapidement alors, je rejoins les sanitaires et me glisse dans une des cabines que je ferme à clef le plus vite possible. La salle est silencieuse si j'en oublie la foule en bruit de fond qui parvient à mes oreilles malgré les trois portes qui me séparent de la salle de combats.

Heart Beating [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant