Chapitre 9 - Sublimation

88 8 3
                                    

Assis sur le lit de sa chambre, la fatigue et l'ennui tapaient les tympans de Pierre tel un marteau piqueur. La fatigue le consumait petit à petit écourtant ses nuits au fur et à mesure du séjour. Elles sont passées d'une douzaine d'heures à des nuits simples ne dépassant pas six heures. Les raisons de ses nuits plutôt courtes étaient multiples: la situation de la villa qui le plongeait dans une anxiété plus grande que l'âge de la planète, les cauchemars qui lui faisaient imaginer des scénarios épouvantables, et bien évidemment, la dégradation de sa relation avec Sylvain qui n'arrangeait pas les choses. Cependant, il n'y était pour rien dans cette dégradation, enfin il pensait qu'il n'y était pour rien. C'était ce stupide journal qu'était la cause de ses malheurs permanents. Stupide journal qui prenait tout le temps libre de Sylvain. Stupide journal qui empêchait Sylvain de lui parler. Stupide journal qui passait avant lui dans l'esprit de Sylvain. Il avait déjà penser à s'en débarrasser, plus d'une fois, mais la culpabilité de détruire un objet auquel Sylvain tenait tant l'en dissuadait.

Alors, la seule solution qu'il avait trouvé était de supplier à chaque fois son ami de lâcher cet abruti de journal pour qu'il lui tienne compagnie. Néanmoins, cela finissait toujours de la même manière. Sylvain refusait, Pierre s'énervait et fuyait de la chambre ne voulant plus rester avec son ami qui, apparemment, préférait ce journal à sa compagnie. En y réfléchissant, peut-être que ses plusieurs nuits passées dans un canapé miteux et dur étaient aussi l'une des raisons de sa fatigue continuelle. Ses nuits le faisaient aussi réfléchir sur son comportement qu'il avait pendant les disputes. Étaient-ils trop excessif ?

Sylvain lui avait reproché durant l'une de leur nombreuses disputes d'être jaloux de ce journal qui n'était qu'un simple objet d'aucune valeur particulière. Premièrement, Pierre doutait de l'affirmation sur la valeur symbolique de ce journal au yeux de Sylvain. La valeur que Sylvain décrivait de cet objet n'était point celle que celui-ci pensait être. Secondement, Pierre savait qu'il n'était pas jaloux de ce journal. Quand quelqu'un était trop proche de Sylvain au point de le toucher ou que Sylvain rigolait à une autre blague que les siennes, dans ces uniques moments, on pouvait qualifier Pierre de jaloux puisque c'était le cas. La jalousie ne s'entretient qu'entre personnes réelles, et Pierre ne doutait pas là-dessus. Il ne pouvait pas être jaloux d'un journal qui connaissait tous les petits secret de Sylvain, alors que lui n'en avait jamais entendu la sonorité même en étant son ami le plus proche. Non, ce n'était pas de la jalousie, mais de la tristesse. Pierre était triste que Sylvain se confie à ce stupide journal plutôt qu'à lui. Il ne voyait pas ce qu'il avait fait pour que Sylvain ne lui accorde pas ce privilège. Il y avait l'injustice aussi. Pierre avait absolument tout dit à Sylvain, pratiquement tout - ne sachant pas si les anecdotes de sa maternelle allaient intéresser son ami -, mais lui n'avait que les banalités que le châtain donnait à tout le monde. Pierre n'avait aucune relation particulière avec Sylvain. Ils n'entretenaient pas de relation qui pouvait dépasser celles que le châtain avait avec d'autres.

Pierre était aussi au courant de la difficulté de celui-ci à s'exprimer au niveau de ses émotions et de ses sentiments, mais ils ne demandait pas ça. Il demandait des histoires que seul lui pourrait connaître, des secrets que seul lui aurait entendu, des sourires que seul lui aurait eu droit et des mots que seul lui pourrait entendre. Il voulait une relation beaucoup plus grande que celle qu'il possédait déjà. Il voulait un statut de meilleur ami. Ce serait le plus beau cadeau que Sylvain pourrait lui faire, mais ce jour n'était malheureusement toujours pas arrivé malgré ses efforts et ses sept années à être ensemble. Ces multiples réflexions faisaient douter Pierre sur l'honnêteté et l'authenticité de leur relation, même s'il n'y avait pas vraiment lieu de douter.

Toute cette histoire le fatiguait autant mentalement que physiquement. Il devait dormir. C'était indispensable. Alors, sans hésiter, Pierre se laissa tomber en arrière. Sa tête rencontra le coussin de son lit et un soupir d'aise involontaire s'échappa de ses lèvres. Le plus grand se mit sur le ventre et enfouit son visage dans la texture douce et moelleuse du coussin. Il savait qu'il allait partir dans le monde des rêves dans très peu de temps, et le fait qu'il soit toujours habillé ne le dérangeait pas. Il voulait simplement se détendre. Somnolant, il n'entendit pas la porte s'ouvrir, ni les bruits de pas se rapprocher de lui. Cependant, il sentit un affaissement sur le lit à sa droite.

Duo's Battle [Fanfiction Youtubers]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant