Chapitre 11

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   J'avais tort. Aussi surprenant que cela pouvait paraître, Mathis ne cherchait pas à être une simple distraction. Non, je ne m'imaginais pas des choses. À l'instant, après qu'il m'ait raccompagné chez moi avec sa voiture, nous étions devant ma maison et il venait de me le dire : « je ne suis pas une simple distraction ». J'avais ouvert la bouche pour répondre mais rien n'était sorti. Je ne savais pas quoi dire. À défaut de parler, je pouvais faire autre chose.

   Je me penchai vers Mathis et déposai un rapide baiser sur ses lèvres puis je m'éloignai pour voir sa réaction mais aussi la mienne. Un sourire s'étira sur le visage de Mathis mais rien sur le mien. Mathis m'embrassa à son tour plus longuement et tenta de faire entrer sa langue dans ma bouche.

- Non, non, non, ça ne marche pas, dis-je aussitôt en reculant.

- De quoi tu parles ?

- Je ne peux pas faire ça. L'unique raison pour laquelle j'ai accepté aujourd'hui, c'était pour me distraire, pour éviter de penser à quelqu'un d'autre. Je pensais que tu étais la personne parfaite pour ça et tu viens de me dire le contraire. Par respect pour toi, je ne peux pas continuer alors qu'on a deux visions opposés.

Mathis semblait bien encaissé. Il me fit un petit sourire. Cela me rassurais. J'appréciais Mathis et je voulais qu'on resta amis.

- Ce mec est un idiot de laisser passer quelqu'un comme toi.

- Peut-être ou c'est moi l'idiote à rester accrocher à lui.

La nuit était tombée depuis une heure donnant des tonalités marrons aux yeux de Mathis. Ses mêmes yeux qui me fixait d'un air de dire que j'avais raison car si j'avais réussi à oublier Louis, peut-être que Mathis aurait eu plus de chance. Cependant, ceci, il n'allait pas me le dire. Il se contenta de garder silence attendant que je le rompis. Je regardai l'heure sur ma montre argenté Casio Vintage. L'horloge numérique indiquait dix-neuf sept tandis que les aiguilles ajoutait dix minutes supplémentaires. Dans tous les cas, il était temps que je rentrai chez moi.

- Profite de tes vacances, on se reverra sur Paris, lui dis-je en déposant un rapide baiser sur sa joue droite avant de sortir de sa voiture.

Grâce à Mathis, j'avais deux certitudes. La première était que je n'avais définitivement pas oublier Louis même si cela je le savais déjà. La seconde était que je ne pouvais pas avancer dans ma vie amoureuse si je ne réglais pas cela. Malheureusement, j'avais l'intime conviction que mon unique allié allait être le temps tout comme il pouvait être mon ennemi. L'unique manière d'oublier Louis était le temps tout en me recentrant sur moi. Il fallait que je sois rationnel. J'avais laissé ma vie dicté mes sentiments depuis trop longtemps, cela ne me ressemblait pas du tout.

Durant tout mon collège et mon lycée, je ne cherchais pas à avoir de copains ce qui était à l'opposé de toutes les personnes que je connaissais. Mes amis se mettaient en couple aussi facilement qu'ils se séparaient. Les hormones étaient développées, les seins poussaient et les garçons grandissaient. Tout le monde s'amusait mais ils réalisaient trop tard le mauvais revers que cela pouvait apporté. Les rumeurs circulaient à des vitesses affolantes notamment dans mon collège. J'étais dans un collège privé catholique et c'était généralement les pires. Des rumeurs sur une fille qui avait avorté, une autre avait trompé son copain en soirée ou alors celle-là s'était fait doigter par ce mec-ci. Évidemment, les rumeurs portaient toujours sur les filles. Nous étions la cible et ce qui nous faisions étaient forcément dégradant et mauvais alors que ces filles n'avaient pas fait ça toutes seules. Les garçons ne craignaient rien. C'était des garçons après tout personne n'attendait d'eux grand chose.

Durant mon adolescence, j'ai assisté à tout ça en spectatrice mais je le tolérais comme tout le monde. Je mis du temps à réaliser le mal que cela était. Par la suite, je restai à l'écart de ces personnes car même si elles représentaient la majorité, tout le monde n'était pas comme ça. Je n'écoutais plus les rumeurs, elles ne m'intéressaient plus. Je ne cherchais pas à être couple et ne le voulais pas. Je ne voyais pas l'intérêt de l'être si c'était pour être avec des garçons comme ceux-là. Ils ne m'intéressaient pas.

Le HavanaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant