Chapitre 15

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   Les vingt-minutes de trajet en bus furent interminables. À chaque secousse, je risquais de vomir le peu que j'avais dans mon ventre. Mon mal de crâne me tambourinait la tête et faisait son meilleur concert depuis des lustres. Il y avait peu de gens dans le bus. Pour autant, ils me regardaient tous d'un mauvais œil, comme s'il savait que je revenais d'une soirée arrosée s'étant terminé dans un lit, notamment cette petite grand-mère emmitouflée dans sa fausse fourrure. C'était bien le genre de grand-mère scandalisée par le comportement de notre génération « À mon âge, on rentrait avant minuit et on attendait le mariage ! ». Bien sûr mamie.

   Ce qui se révéla encore pire furent les derniers cinq cents mètres à parcourir entre l'arrêt de bus et la maison. Ce fut long mais si long. Mes jambes me paraissaient peser une tonne chacune. Mon ventre ne faisait que de gargouiller mais non pas par faim, mais parce qu'il avait besoin d'eau. Je devais réhydrater mon corps. Cependant, le point culminant de mon walk of shame fut lorsque je vis un pigeon écrasé et en décomposition sur le bord de la route. J'ai vomis. J'ai vomis sur lui. J'ai vomis sur le pigeon mort au bord de la route. J'étais écœurée. À présent, c'était une nécessité de rentrer prendre une longue douche et me brosser les dents.

   Une fois rentrée, mon père en voyant ma tête rigola. Il se moqua de moi pendant plusieurs minutes. Quand il eut terminé, je montai prendre une douche bien méritée. Après avoir fait toute ma skincare et m'être fait un bon brossage de dent, mon lit m'appela pour faire une petite sieste avant de manger. Aucune rêve à l'horizon seulement un sommeil profond. Une bonne demi-heure plus tard, Julien vint me réveiller pour manger. Le poulet et les frites ravirent mon estomac. Je n'étais pas sûr d'avoir beaucoup mangé hier soir ce qui pouvait expliquer pourquoi j'avais finis dans un tel état. Le repas terminé, je retournai dans mon lit pour ma deuxième sieste de la journée. Malgré le fait que je m'étais réveillé à onze heures, j'étais fatigué. Je n'avais pas du m'endormir très tôt la veille et je savais exactement pourquoi. Des nouveaux souvenirs me replongèrent dans cette nuit passée avec Maxime. Ses mains se baladant le long de mon corps. Nos deux corps collés. Les gémissements de plaisir de Maxime mais aussi les miens. Décidément, j'avais vraiment passé une bonne soirée.

   Une nouvelle fois, Julien me réveilla de ma sieste. Il paraissait tout excité et n'arrêtait pas de parler. Il parlait si vite que je n'arrivais pas à le comprendre.

- Parle plus doucement. Qu'est ce qui se passe ?

- Viens voir par toi même. Quelqu'un t'attends devant la porte.

   Julien partit de ma chambre. Je le suivis. Pour être dans un tel état, Julien devait savoir que je connaissais bien cette personne. Avant de manger ce midi, je lui avais raconté rapidement pour Maxime. Néanmoins, j'espérais que cette personne n'était ni Maxime ni Mathis.

   En descendant les escaliers, je vis ma mère en train de papoter avec quelqu'un d'autre devant la porte d'entrée ouverte. Je le reconnus aussitôt mais ce ne pouvait être lui. Il ne savait même pas que j'étais à Nantes et comment a-t-il pu trouver l'adresse de mes parents ? Tant de questions se bousculaient dans mon esprit mais une prédominaient les autres : pourquoi après un silence radio depuis des semaines, Louis avait décidé d'apparaître sur le pas de la porte de la maison de mes parents ?

   Julien perçut mon trouble et alla saluer Louis comme s'il le connaissait depuis des années. Louis avait son long manteau noir en coton qu'il mettait en hiver. Il avait une grosse écharpe beige pour lui couvrir le cou. J'en vins à regarder son visage. Il arborait un timide sourire. Ses yeux sombres laissaient transparaître qu'il était heureux. Par rapport à la dernière fois que je l'avais vu, ses cheveux avaient retrouvés leur coupe courte habituelle. Tout simplement, Louis n'avait pas changé.

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