J'étais incapable de prononcer le moindre mot. Louis s'était ouvert à moi d'une manière qu'il n'avait jamais faite. J'étais déstabilisée. Je savais que Louis avait des sentiments pour moi mais pas à ce point. Il venait de pointer trois choses que je n'aimais pas chez moi alors que lui semblait les chérir. Quand j'étais dans la lune, les gens s'énervaient parce que je ne les écoutais pas. Mon visage était trop expressif et certains de mes professeurs au lycée m'avaient laissé comprendre que je devais corriger ça. Mon rire avait toujours été l'objet de moqueries. J'étais toujours muette quand je réalisai que ma main était dans celle de Louis. C'était trop simple pour lui. Aussitôt, je retirai ma main et essayai de retrouver un peu de contenance.
- C'est très mignon. Ce sont de belles paroles mais j'ai besoin de savoir ce qui a provoqué ce silence. Si tu veux toujours que personne ne soit au courant y compris moi, tu n'aurais pas dû te donner la peine de venir. J'ai vraiment besoin de comprendre cet éloignement soudain. Plus aucune nouvelle alors que je venais enfin de lâcher prise, je ne pourrais pas recommencer à te voir sans ça. Je comprendrais si tu ne veux vraiment pas en parler mais c'est la dernière chance que je te laisse. Après, ça ne servira à rien de repenser à moi dans cinq ans.
J'étais brutale mais je devais le pousser dans ses retranchements pour espérer obtenir la vérité.
- Très bien. À mes dix-neuf, j'étais complètement à côté de la plaque. Je faisais que sortir et dilapidais tout l'argent de mon père. J'allais à peine en cours et à la fin de mon année d'école de commerce, je réussis l'exploit de ne pas la valider. Mon père s'énerva et me coupa les vivres. Il avait décidé que je devais comprendre la valeur de l'argent. J'étais orgueilleux et égocentrique. Je ne pouvais pas paraître pauvre devant mes amis et ne voulait pas travailler pour autant. J'étais obstiné et con. Par hasard, un soir, alors que je traînais dans un bar d'un prestigieux hôtel, une femme d'une cinquantaine d'années vint me voir. Elle me demanda si mes services étaient libres. Au début, je n'avais pas compris de quoi elle parlait puis, elle finit par demander si j'étais bien quelqu'un qu'on payait pour avoir de la compagnie. Elle était assez séduisante. J'ai répondu oui sans hésiter et sans savoir dans quoi je m'embarquais. Ce fut ma première cliente. Elle me recommanda à ses amies qui vinrent me voir aussi et me recommandèrent à d'autres amis. J'avais créé mon petit réseau. Ce n'était pas que des femmes âgées, elle pouvait être dans la vingtaine mais vouloir uniquement un homme pour le côté charnel. Parfois, elles me demandaient de les emmener en sortie avec moi. Elles allaient avec moi à des soirées et se faisaient passer pour ma petite-amie. Cela dura trois ans. À chaque rendez-vous, je perdais une partie de moi. Je ne devais avoir aucun sentiments envers ces femmes, ce n'était pas ce qu'elles voulaient. Certaines ne voulaient que mon corps et rien d'autre. Je me sentais utilisé et rabaissé. Elles se pavanaient avec moi comme si j'étais le dernier sac à la mode et me traitait comme tel. Néanmoins, je n'arrêtai pas. J'avais toujours besoin de l'argent et il y avait certaines femmes douces et gentilles avec moi. À un moment, il y avait une fille de ma classe qui me plaisait. Mes clientes l'avaient remarqué. Elle disaient que j'étais distrait et plus comme avant. Petit à petit, elles se sont toutes éloignés et je n'ai rien fait pour les retenir.
Louis essuya une larme qui avait coulé avec sa main. Je lui saisis cette main et entrelaçai mes doigts avec les siens. Il serra ma main pour me remercier de l'écouter. Je ne dis rien car je savais qu'il n'avait pas finit de parler.
- À partir de ce moment, je me suis réconcilié avec mon père et j'ai enfin commencé à prendre mes études au sérieux. Pour autant, je ne voulais pas qu'il me donne autant d'argent qu'avant. J'avais compris la leçon. Je me suis mis à chercher un travail et j'ai finis par être pris au Havana. Je m'y plaisais bien mais c'est devenu encore mieux lorsque Bruno recruta une nouvelle fille un peu étrange mais adorable.
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Le Havana
Roman d'amourÊtre étudiante la semaine et travailler dans une boîte de nuit branchée le week-end, n'était pas de tout repos pour Athénaïs, mais elle réussissait parfaitement à jongler entre ses deux vies à Paris contrairement à son rapport à l'Amour. Soudaine...