Chapitre 10

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Quelques heures plus tard, lorsque ma sœur et ses deux enfants furent rentrés chez eux, le calme reprit possession de la maison. Ce répit était de courte durée. À notre plus grand bonheur, ils revenaient demain midi et avec Mathieu en plus, le père de deux petites tornades.

Après le repas du soir, nous avions regardé Love Actually tous ensemble. Du moins, mon père, Julien et moi, avions vu le film mais ma mère avait vu un écran noir et certainement pas le film. Après le film, avec Julien, nous étions montés à l'étage et nous étions réfugiés dans ma chambre. J'étais dans mon lit et lui venait de dégager le panda du fauteuil pour prendre sa place. A l'origine, je voulais me coucher directement et m'endormir le plus vite possible. Cependant, c'était sans compter le radar de Julien pour repérer quand je n'allais pas bien. J'avais tenté de le nier, mais Julien avait insisté et je lui avais tout raconté. De la soirée où Louis m'avait proposé un rendez-vous en passant par Illiès (où Julien s'était énervé) et en finissant par la dernière fois où j'avais vu Louis (là aussi Julien s'était énervé). Au bout du compte, Julien s'était beaucoup énervé et je doutais qu'il avait bien saisi tout ce que je lui avais dis.

   A son tour, Julien soulagea son cœur. Laura lui manquait terriblement et il ignorait s'il allait pouvoir retrouver quelqu'un comme elle. Il croyait sincèrement qu'elle était la femme de sa vie et il n'arrivait pas à l'imaginer sans elle. En revanche, son désir d'être père l'emportait sur tout. Je saluai son courage d'avoir fait un choix aussi décisif. Subitement, mes petits problèmes à moi me paraissaient dérisoires. Après tout, Louis était juste un garçon qui m'avait plu et avec qui j'avais passé de nombreux bons moments. Cela avait été éphémère mais j'en avais profité.

- Tu as eu de ses nouvelles ? me demanda Julien.

- Non et ça fait un mois. En plus, il a démissionné du Havana.

- Tu devrais lui envoyer un message.

- Et lui dire quoi ? J'aurais l'air débile.

- Tu l'apprécies beaucoup, non ?

- Oui, mais j'ai ma fierté.

Voici l'un de mes gros défauts : ma fierté. J'étais prête à faire beaucoup de choses mais pas encore à piétiner sur ma fierté. Non, je n'en étais pas encore rendu là notamment que je progressais dans la mission Oublier Louis. Certes, lentement mais cela restait du progrès.

- Ta fierté est idiote et tu le sais très bien.

- Je m'en fiche. C'est pas moi qui suis en tort ! m'exclamai-je sur le point de suggérer vivement à mon frère de partir.

Julien remarqua qu'il ne devait pas insister plus. Le sujet de notre conversation changea pour des sujets moins tristes mais qui restaient toujours de l'ordre de ma vie privée. Apparemment, Romane lui avait parlé que Tata Nana avait un amoureux trop beau qu'elle avait vu à la gare. Par conséquent, mon grand frère voulait en savoir plus.

- C'est un mec de ma promo de licence de droit. Oui, il est sympa et mignon et Romane semble l'adorer, expliquai-je à Julien.

Julien me lança un regard remplis de sous-entendus.

- Non, ce n'est qu'un pote. Enfin, pour le moment, on sait jamais ce qui peut arriver durant les vacances.

- Voilà la Nana que je connais ! Ça te ferait du bien, ça ferait une petite distraction.

Une distraction. C'était dans mes cordes surtout que Mathis ne cherchait rien de sérieux également. Je pensais ne plus vouloir ce genre de distraction mais c'était avant d'avoir une vraie raison de recourir, justement, à ce genre de distraction.

Le HavanaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant