Chapitre 21

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   En ce dimanche matin, j'espérais faire comme tous les dimanches une grasse matinée. Or, ce que je n'avais pas prévu, était un bébé de huit mois en train de brailler dès sept heures du matin. Dès que Louis l'entendit, il sauta du lit et alla voir sa nièce. C'était à cet instant que je réalisai que je n'étais plus dans le canapé mais dans la chambre de Louis. Je n'y avais jamais mis les pieds. La pièce était immense et correspondait au reste de l'appartement. Les murs étaient d'un jaune si clair qu'il en était presque blanc. Deux des passions de Louis ressortaient nettement : les livres et la mode. Tout un pan de mur était consacré pour ranger sa collection de livres, tandis que dans le fond de la chambre se trouvait un gigantesque dressing complètement ouvert sur la chambre. Il y avait un nombre incalculable de vêtements et de chaussures. Je comprenais pourquoi je ne l'avais vu deux fois portés la même tenue. Il portait plusieurs fois la même pièce mais jamais de la même manière. Il adorait réellement la mode.

   À plusieurs reprises, je tentai de me rendormir mais Louis faisait rire sa nièce trop fort. C'était trop tard pour moi, j'étais pleinement éveillée. Je me levai difficilement du lit et rejoignis Louis et Chiara dans le salon. Chiara est train d'avancer à quatre pattes partout dans le salon et Louis était derrière elle en train de lui courir après, ou plutôt, de lui marcher après. Son rire cristallin retentissait dans tout l'appartement. Aucun des deux n'avaient remarqué ma présence jusqu'à ce que Louis finisse par lever la tête dans ma direction.

- On fait trop de bruits ? demanda incrédule Louis en souriant.

- À ton avis Loulou, lui dis-je sèchement.

- Et toi, tu en penses quoi Chia', tu fais trop de bruits ?

   Louis attrapa Chiara et la prit dans ses bras. Il me la tendit.

- Tu veux bien la prendre ? Je dois lui préparer à manger.

- Allez viens là, ma petite Chiara !

   Chiara se laissa faire et ne broncha pas. Louis se pressa de lui faire son biberon. Chiara commença à jouer avec mes cheveux. Je la laissais faire tant qu'elle ne tirait pas dessus. Je demandai à Louis l'âge exacte de ce petit ange. Chiara avait neuf mois. Je pensais à huit donc je n'étais pas loin. J'étais assez fière de moi. Grâce à mes deux neveux et nièces, j'avais acquis cette capacité à deviner l'âge des bébés. Dès lors, à chaque bébé que je croisais, j'essayais de deviner son âge. Parfois, je n'avais pas la réponse et, parfois, je l'avais et j'avais toujours raison. En l'occurrence, j'étais quand même assez proche.

   Pendant que je continuais de distraire ce petit ange, Louis termina de lui préparer son biberon. Je lui redonnai sa nièce pour qu'il puisse la nourrir.

   Le reste de la matinée passa à une vitesse folle. Avec Louis et Chiara, nous nous amusions tellement qu'il fallut attendre l'arrivée des parents de la petite pour nous faire réaliser qu'il était déjà onze heures. La sœur de Louis et son mari débarquèrent dans l'appartement et se précipitèrent vers leur fille. Ils étaient moins apprêtés mais restaient chic en toute circonstance. En les voyant, je m'étais surprise à regarder mon pyjama. J'étais à des années-lumières d'eux. J'avais un short de sport et un tee shirt large, tandis qu'Yseul portait un pantalon de tailleur noir, un élégant pull mauve et un long trench marron.

- Ma passion pour la mode vient d'elle et, elle a trouvé un homme qui l'est, m'expliqua Louis à voix basse.

- Tu peux arrêter de lire dans mes pensées, c'est assez déroutant.

- C'est si facile de le deviner, tout se lit sur ton visage, me fit remarquer Louis d'un air amusé.

- Je le sais ça. On me l'a souvent dit, dis-je sèchement.

   Le nombre de fois où ma mère ou certains de mes professeurs me l'avaient fait remarqué, j'étais bien au courant que j'étais très expressive. Je n'y pouvais rien. Je ne savais pas faire semblant. Mon visage était le parfait reflet de mes pensées. Il était aisé de deviner quand j'étais en colère, impatiente, heureuse, triste ou encore ennuyée. Mais Louis n'en rajouta pas et partit ranger les affaires de sa nièce pendant que sa sœur et son mari étaient trop occupés à couver d'amour leur petite princesse. Je restai en retrait ne sachant pas quoi dire ou que faire.

   Quand Louis revint avec les affaires rangées de Chiara, sa sœur leva la tête et nous remarqua enfin.

- Préparez-vous vite. On fait brunch à la maison ! Bien évidemment, Athénaïs cela vaut également pour toi, affirma Yseul en me faisant un clin d'œil.

Je me tournai vers Louis mal à l'aise ne sachant pas comment réagir à cette invitation sous forme de directive. Il me fit un signe de tête en direction de la chambre que je compris en « allez ! Va te préparer ! ». Après avoir dit à Yseul que je ferais le plus vite possible, je me précipitai dans la chambre. Je me devais de trouver une tenue convenable pour faire face à ce couple ultra fashion et constamment bien habillé. Mais, cela, n'allait pas être facile. Dans les affaires que j'avais prise, il y avait un simple jeans coupe droite, un sweat bleu à capuche et un tee shirt rayé vert et blanc. Je n'allais pas aller très loin avec ça. Le jeans passait mais je ne voulais pas d'un sweat, un pull marcherait mieux.

Pile à cet instant, Louis entra dans la chambre pour se préparer aussi. En quelques secondes, il avait déjà trouvé sa tenue. Il repartit avec ses affaires sûrement pour se changer dans la salle de bain. Pendant ce temps, je me triturais les méninges. Il était impossible de rendre ce sweat plus élégant. Je devais trouver une solution. Et si j'allais faire un tour dans les vêtements de Louis ! pensai-je aussitôt. Louis ne m'en voudrait pas et serait même ravie de me voir avec l'un de ses pulls. Je devais juste faire attention à ne pas prendre un pull qu'il affectionnait trop car , si il lui arrivait malheur, je ne voulais pas l'énerver.

   En plein contemplation de son immense garde robe, je m'étais surprise à me demander s'il se trouvait des traces du passé de Louis et de son ancien travail. Il y avait-il des pulls qu'il avait porté pour aller voir des femmes ? Ces mêmes pulls qu'elles devaient rêver d'enlever le plus vite possible de lui. Combien de fois lui ont-elles enlevé ? Moi, je ne l'avais jamais fait et cela commençait à m'énerver. Elles avaient fait tant de choses avec lui que je n'avais pas faites. Certes, moi, au moins, je ne payais pas pour qu'il veuille être avec moi mais, une part de moi était jalouse. C'était la première fois que je ressentais cela par rapport à Louis, de la jalousie pure et dure. Je le voulais que pour moi et enviais chaque femme qui avait passé plus de temps avec lui que moi.

Aussitôt cela me frappais, j'avais déjà pardonné Louis à l'instant où il s'était retrouvé sur le pas de la porte de la maison de mes parents. Il possédait une telle emprise sur mon âme que je ne pouvais me passer de lui. Et puis, je comprenais tout à fait pourquoi il avait disparu et je savais que cela n'arriverait pas une autre fois. Je lui faisais confiance. Une confiance aveugle qui m'était totalement inédite. Je savais que j'étais sa priorité et qu'il ferait tout pour moi. Il n'avait pas besoin de constamment me le rappeler, ces actions et ces gestes le faisaient à sa place. Ce sentiment de total confiance me rassurait et m'effrayait en même temps car, malgré tout, placer son entière confiance en quelqu'un restait un procédé dangereux. S'il arrivait un malheur, mon âme serait réduite en miette.

- Tu cherches quelque chose ? me demanda Louis en me sortant de mes réflexions.

- Un pull à toi que je puisse porter, dis-je aussitôt d'un air robotique en essayant de cacher que j'étais complètement perdu dans mes pensées.

- Laisse-moi faire, je sais exactement lequel t'irais à merveille et plairait à ma sœur.

   Louis ouvrit un tiroir pour en sortir un ravissant pull sans manche à col V vert roi. Il était tout simplement magnifique. Louis me le tendit, et à peine eus-je effleuré la texture du pull, que j'en tombai amoureuse. C'était si doux que j'eus voulu m'y plonger dedans et ne plus jamais en sortir.

- C'est du 100% cachemire, m'indiqua Louis. Mets donc ce tee shirt blanc en dessous.

   Louis venait de poser sur le lit un tee shirt blanc presque basique si je n'avais pas remarqué que les manches n'étaient ni courtes, ni longues. Une fois le tee shirt enfilé, je pus constater que les manches étaient de 3/4. J'enfilai par dessus ce pull si doux et j'étais prête à brancher avec Louis, sa sœur et son mari.

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