Beyond The Seas

Chapitre 22 - Colère noire

Dans sa chambre, Cécilia se sentait submergée par un mélange d'émotions. Humiliée par le comportement de Blackwell, elle se reprochait de s'être laissée emporter par l'intimité qu'ils avaient partagée, seulement pour être repoussée brusquement.

Assise sur le rebord de son lit, elle laissa échapper un soupir de frustration, passant une main tremblante dans ses cheveux. Elle se sentait perdue, déchirée entre la colère envers Blackwell et la confusion quant à ses propres sentiments.

Elle avait cru voir une lueur de tendresse dans les yeux du pirate, une lueur qui l'avait touchée au plus profond d'elle-même. Mais son attitude désinvolte et ses actions avaient dissipé cette illusion, laissant Cécilia se sentir trahie et blessée.

Pourtant, malgré sa colère et son humiliation, une part d'elle-même ne pouvait s'empêcher de ressentir de l'empathie pour Blackwell. Elle savait que sa vie était marquée par la violence et la solitude, des fardeaux qu'il portait avec une résignation stoïque.

Se laissant tomber sur le lit, Cécilia ferma les yeux et laissa les larmes couler le long de ses joues. Elle était épuisée par les événements des derniers jours, épuisée par le poids des secrets et des mensonges qui pesaient sur elle.

Le lendemain matin, déterminée à confronter Blackwell, Cécilia quitta sa chambre avec une détermination renouvelée. Malgré la gêne et l'embarras qu'elle ressentait encore, elle savait qu'elle devait mettre les choses au clair avec le pirate.

Elle chercha Blackwell dans toute la maison, mais ne le trouva nulle part. Finalement, après avoir parcouru les couloirs pendant un certain temps, elle entendit des voix provenant de l'extérieur.

Elle se dirigea vers la porte d'entrée et l'ouvrit doucement, jetant un coup d'œil à l'extérieur. Elle vit Blackwell debout près du rivage, discutant avec quelques membres de son équipage.

Respirant profondément pour se donner du courage, Cécilia s'avança vers eux, déterminée à avoir cette conversation difficile.

- Blackwell, je dois vous parler. Déclara-t-elle d'une voix ferme en s'approchant du pirate.

Blackwell tourna la tête vers elle, une lueur sévère dans les yeux. Il sembla hésiter un instant, puis acquiesça d'un signe de tête. Rapidement, il saisissa son bras et la guida plus loin, à l'abri des oreilles indiscrètes. 

- Que se passe-t-il ? Demanda-t-il, ses yeux scrutant les siens avec une intensité brûlante.

Cécilia prit une profonde inspiration, essayant de rassembler ses pensées avant de parler.

- Hier soir, dans la salle de bain ... Commença-t-elle, sa voix tremblante légèrement. Ce qui s'est passé, c'était inapproprié. Je ne sais pas ce qui vous a poussé à agir ainsi, mais cela ne doit plus jamais se reproduire.

Elle fixa Blackwell droit dans les yeux, cherchant à transmettre toute la détermination dont elle était capable. Le pirate la regarda pendant un moment, son expression impassible. Puis, avec un haussement d'épaules désinvolte, il répondit d'un ton dur :

- Cécilia, ce qu'on a fait hier soir ... cela ne signifie rien. C'était juste un moment, une impulsion, ne te prends pas la tête avec ça. Nous sommes des adultes, nous savons tous les deux comment fonctionne le monde.

Cécilia sentit la colère monter en elle devant le déni flagrant de Blackwell. Elle serra les poings, déterminée à ne pas se laisser intimider.

- Ce n'est pas une question de savoir comment fonctionne le monde. Répliqua-t-elle, sa voix tremblant de colère contenue. C'est une question de respect et de dignité, j-je suis issue de bonne famille, il est hors de question que je me fasse ainsi humilier. 

Le pirate la regarda fixement, son expression changeant légèrement. Une lueur d'irritation traversa ses yeux sombres alors qu'il répondait d'un ton plus dur :

- Écoute, Cécilia, je suis un homme de peu de mots. Je ne vais pas m'excuser pour quelque chose que je ne considère pas comme une offense. Tu as bien aimé notre échange à ce que je sache, maintenant, si tu as terminé, j'ai des affaires à régler.

- C-Ce n'était pas un consentement, Blackwell. Vous avez dépassé les limites, et vous le savez très bien. Réplique-t-elle d'une voix tremblante de colère contenue. Je ne peux pas croire que vous minimisiez un acte aussi irrespectueux et déplacé.

Blackwell la regarda fixement, son regard dur reflétant une détermination froide : 

- Vous êtes naïve, Cécilia. Dans notre monde, les règles sont différentes. Vous ne pouvez pas toujours attendre une conduite irréprochable de ma part. La faiblesse est exploitée, c'est ainsi que ça fonctionne. Rétorqua-t-il d'un ton tranchant.

La jeune femme sentait la rage monter en elle, mêlée à un sentiment de trahison. Elle se sentait blessée par les paroles de Blackwell, réalisant soudainement à quel point il pouvait être impitoyable et égoïste. 

Elle se détourna de lui, son regard brillant de défi. Cécilia était déterminée à ne pas laisser Blackwell la rabaisser ou la faire douter de sa propre valeur. Elle savait qu'elle devait rester forte et ne pas se laisser manipuler par ce pirate impitoyable.

La colère grondait en Blackwell alors qu'il voyait Cécilia s'éloigner, déterminée et fière malgré tout. Une part de lui voulait la retenir, lui crier de rester, mais son orgueil et sa fierté l'en empêchaient. Il avait été blessé par ses paroles, même s'il ne l'admettrait jamais à voix haute.

Dans un geste impulsif, il se détourna à son tour, laissant derrière lui les échos de sa colère et de sa frustration. Il se dirigea vers la cour extérieure où ses hommes s'entraînaient, déterminé à se défouler dans un combat sans merci.

Sans un mot, il se joignit à eux, lançant des coups furieux et dévastateurs dans une danse brutale de violence contrôlée. Son esprit était tourmenté, assailli par des pensées confuses et des émotions tumultueuses.

Chaque coup qu'il portait était un exutoire pour sa colère, chaque mouvement était une libération pour son esprit tourmenté. Il se laissa emporter par le frisson de l'action, laissant de côté ses soucis et ses tourments pour se concentrer uniquement sur le combat.

Pendant des heures, il s'entraîna sans relâche, repoussant ses limites physiques et mentales dans une quête de rédemption et de réconfort. Les cris de ses hommes résonnaient autour de lui, mêlés aux bruits sourds des coups portés et des armes qui s'entrechoquaient.

À travers la fureur de la bataille, Blackwell sentait peu à peu sa colère se dissiper, remplacée par un sentiment de fatigue apaisante. Il savait qu'il devait se calmer, retrouver son sang-froid et son contrôle, mais pour l'instant, il se contentait de se laisser emporter par le tumulte de l'instant présent.

Quand enfin il s'arrêta, épuisé mais apaisé, il se retrouva seul au milieu de la cour, les vestiges de sa colère dispersés autour de lui. Il prit une profonde inspiration, sentant la tension quitter son corps, et tourna la tête en direction du manoir. 

Un frisson parcourut l'échine de Blackwell alors qu'il remarquait la silhouette de Cécilia à travers la fenêtre de sa chambre. Malgré la distance qui les séparait, il pouvait sentir son regard peser sur lui, scrutant ses moindres mouvements avec une intensité troublante. Un étrange mélange d'émotions l'envahit alors qu'il fixait la jeune femme à travers la vitre. Il ressentait de la colère, de la frustration, mais aussi une pointe de regret. Regret pour ses actions impétueuses, pour les mots durs qu'il lui avait lancés.

Pourtant, il savait qu'il devait rester ferme, ne pas se laisser attendrir par le regard de Cécilia. Il était un pirate, un homme de fer et de sang, et il ne pouvait se permettre de faiblir devant une simple jeune femme.

Il détourna rapidement le regard, chassant de son esprit les pensées troublantes qui menaçaient de le submerger. Il devait rester concentré, se concentrer sur la mission qui l'attendait et sur les défis qui se dressaient devant lui.

Avec un soupir résigné, il se détourna de la fenêtre et se dirigea vers ses appartements, laissant derrière lui l'image troublante de Cécilia dans le lointain. Dans son esprit, il savait que leur chemin se croiserait à nouveau, que leur destin était lié d'une manière ou d'une autre. Et même s'il refusait de l'admettre, une part de lui attendait avec impatience ce moment, prêt à affronter ce qui viendrait avec la détermination inébranlable d'un pirate aguerri.