Beyond The Seas

Chapitre 1 - L'envie de s'enfuir

En l'année 1716, l'existence de Cécilia était comme un héritage inévitable. Son père, William Henry Wentworth, avait survolé les océans en tant que corsaire, acquérant une renommée aussi vaste que la crainte qu'il inspirait. Son visage portait les marques d'une carrière maritime longue et tumultueuse, ses récits d'aventures captivaient Cécilia et ses sœurs, mais révélaient également les traumatismes profonds que la mer avait gravés en lui.

L'enfance de Cécilia fut bercée par l'opulence et le confort, mais aussi par les interdits et les obligations. Aînée d'une fratrie de huit filles, elle portait le poids hérité du statut de premier-né au sein d'une famille aristocratique.

Un jour dans les jardins, alors que les rayons du soleil caressaient doucement les pelouses verdoyantes, une voix perça l'air :

- Cécilia ! Avez-vous assisté à votre cours de harpe ? C'était la tutrice, Mary, qui peinait à marcher sur les terrains inégaux.

Un sourire se dessina sur les lèvres de Cécilia alors qu'elle observait Mary lâcher un juron trébuchant avant de s'accrocher à un arbre pour ne pas finir les quatre fers en l'air.

- Voilà un exemple à méditer ! Plaisanta Cécilia, tandis que Mary roulait des yeux avec exaspération.

La tutrice tenta de rappeler à Cécilia les multiples cours qu'elle avait manqué, mais cette dernière, insouciante, préféra lui faire remarquer combien les rayons du soleil la mettaient en valeur. Avant qu'elle ne la quitte, Mary lui rappela l'arrivée imminente de Benjamin, son fiancé. Mais Cécilia se moquait bien de cette éducation, de ce fiancé auquel elle était promise, et de toute la vie régie par des règles rigides. Elle aspirait à la liberté, à la beauté de la nature, à l'expression artistique, loin des contraintes d'une vie cloîtrée dans une cage dorée.

Après avoir pris congé dans ses quartiers, loin des chamailleries de ses sœurs et des obligations qui pesaient sur elle, Cécilia se retrouva seule avec ses pensées tourbillonnantes. La quiétude de sa chambre était enveloppée d'un calme paisible, mais pour elle, c'était comme si quelque chose manquait.

Dans un coin de la pièce, la pile de livres anciens qu'elle connaissait bien attira son regard. Parmi eux, des récits d'aventures maritimes, de corsaires, de pirates intrépides et de terres lointaines l'attendaient, prêts à être explorés par son imagination avide. Elle se plongea dans ces pages remplies de dangers et de défis, rêvant de vivre elle-même les exploits des héros des histoires qu'elle lisait.

Alors que les heures s'écoulaient lentement, la soif d'aventure de Cécilia grandissait. Elle se voyait voguer sur les mers déchaînées, combattant des ennemis redoutables, explorant des contrées lointaines et exotiques. Chaque mot lu la transportait un peu plus loin de sa réalité confinée et un peu plus près de ses rêves les plus profonds.

Depuis toujours, l'ennui qui la rongeait se transformait doucement en une impatience frémissante. Elle se promit qu'un jour, elle prendrait le large et vivrait ses propres aventures, loin des contraintes et des conventions de la société.

Dans le secret de ses pensées les plus intimes, Cécilia nourrissait le désir ardent de s'affranchir des limites qui lui étaient imposées, de conquérir son destin avec la même détermination que les héros de ses livres préférés.

Ainsi, dans le silence de sa chambre, alors que le crépuscule enveloppait lentement le monde extérieur, Cécilia se préparait mentalement pour l'aventure qui l'attendait, prête à briser les chaînes de son existence dorée et à s'élancer vers l'inconnu, là où les vagues de l'océan murmuraient des promesses de liberté et de grandeur.

Sortie de sa torpeur, la jeune femme réalisa soudain qu'elle avait même oublié le dîner et l'arrivée de Benjamin, l'homme auquel elle était promise depuis quelques années déjà. L'heure du dîner approchait et Cécilia se sentit appelée à la réalité, alors que son esprit était encore perdu dans les méandres des aventures maritimes qu'elle avait dévorées dans ses livres.