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Le soir de la première journée de cours, Nezu ne posa aucune question à Nozomi. Lui qui l'avait prévenu vouloir tout savoir, il ne lui adressa à peine la parole. Elle avait du mal avec ce genre de comportement. Elle n'arrivait pas à savoir si c'était une bonne nouvelle ou non. Elle n'arrivait pas à anticiper ce qui pouvait se passer.

Assise en face de lui à table, elle le regardait à la dérobée à intervalle régulier. Elle tentait d'analyser ce qu'il pouvait penser ou même ressentir. Malgré cela, il restait un mystère pour elle. Qu'allait-il lui arriver ? Elle n'arrivait pas à le savoir. Allait-elle recevoir le même traitement qu'elle avait reçu dans le centre pénitencier ? Elle se disait que c'était peu probable en vue de la tranquillité du principal. Elle attendit longtemps avant de se retrouver seule dans sa chambre. Par chance, une clé était enfoncée dans la serrure de la porte. Par tranquillité d'esprit, elle la ferma pour la première fois de sa présence dans cet appartement.

Lorsqu'elle se déshabilla pour se mettre en pyjama, elle croisa son regard dans le miroir. Il descendit le long du reflet de son corps. Les hématomes qui la marquaient n'étaient pas douloureux. Ils la dégoutaient pour autant. Elle passa sa main sur sa peau, traçant des traits à l'encre invisible entre chacun d'entre eux, passant d'une ecchymose à une autre.

Elle finit par détourner son regard de ces tâches qui l'écœuraient pour remonter sur son visage au teint grisâtre. Elle fronça les sourcils en remarquant un marque qu'elle n'avait alors pas remarqué jusque là. En s'approchant du miroir, elle remarqua une marque discontinue sur son cou. Le collier anti-alter lui avait laissé une marque qui s'effaçait lentement. Une marque qui lui rappelait d'où elle venait.

Pourquoi ne l'avait-elle pas remarqué jusqu'à présent ? Le fait de ne pas avoir eu accès à un miroir aidait à ne pas le remarquer. Tout comme elle n'avait pas remarqué jusqu'à ce soir même les cernes qui marquaient son regard dans un bleu violacé ignoble. Tout comme elle n'avait pas fait attention à l'état de ses cheveux. En prison, peu de personne se souciait de son apparence physique. Ils étaient plus pathétiques les uns que les autres. Elle attrapa une mèche de ses cheveux hirsutes. Les pointes étaient cassantes et fourchues. Elle trouvait qu'elle avait la tête à l'emploie d'une détenue de prison. Elle se demandait comment est-ce que les élèves de la classe de seconde A avait pu ignorer les détails qui pourtant étaient clairs.

Elle se détourna enfin du miroir pour finir de s'habiller et de se coucher sur le matelas. Elle ne tarda pas à s'y endormir.

****

Dans une chambre, une enfant se réveilla en entendant un bruit sourd venant de la pièce d'à côté. Curieuse, elle se leva pour voir ce qui se passait. Ouvrant discrètement la porte de sa chambre, elle jeta un coup d'œil par l'entre-bâillement. Le couloir était sombre et le silence régnait de nouveau.

— Maman ? appela-t-elle avec une petite voix.

C'est le silence qui lui répondit. Elle s'aventura dans le couloir en direction de la chambre de ses parents. La porte de leur chambre était anormalement ouverte. Elle appela une seconde fois sa mère, sans succès. Ses parents n'étaient plus dans la chambre.

Un autre bruit lui parvint du salon. Un bruit de verre brisé qui la fit émettre un hoquet de peur. Où étaient ses parents ? Quel était ce bruit ? Prenant le peu de courage qu'une fillette de quatre ans, elle s'approcha.

Dans l'embrasure de la porte, elle vit deux ombres éclairées par la lumière de la rue. Elle les reconnut comme celles de ses parents. Elle appela une dernière fois, la voix emplie par la peur qui s'était emparé de son cœur.

— Maman ? Papa ?

— Tu es réveillée ma chérie ? lui demanda la voix de son père.

— On a dû parler trop fort, va te recoucher ma puce, lui dit sa mère d'une voix pleine de douceur.

MHA : Réhabilitation de cauchemarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant