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Elle allait être renvoyée en prison. Elle en était certaine. Elle n'arrivait pas à se dire si ça la dérangeait tant que ça alors que le principal était au téléphone depuis de longues minutes devant elle.

Très à l'aise sur le canapé, les pieds sur l'assise, elle joue avec ses cheveux en observant le principal. Contre toute attente, elle n'est pas surveillée par d'autres professeurs. Elle est seule avec lui. Il a demandé à Eraser Head et Present Mic d'aller faire cours avec leurs élèves. Malgré leurs protestations, Nezu leur avait assuré qu'il ne se passerait bien.

En repensant à ce qu'elle avait dit, Nozomi ne ressentait aucune honte. Elle en riait même sous l'œil désapprobateur de Nezu à chaque fois qu'il l'entendait.

Elle passa la matinée dans le bureau de Nezu. Il faisait des allers et retours, passant appels sur appels. Elle ne l'écoutait pas parler malgré l'ennui qui l'avait pris. Elle le regardait marcher en raccrochant. Elle nota des choses dans son papier avant de passer un autre coup de fil. Elle le regarda une fois encore faire les cent pas dans le bureau.

****

Arrivée midi, elle était toujours dans le bureau. Nezu n'avait pas cessé ses coups de fil depuis le début de la journée. Lorsque ce dernier appel fut passé, Nezu l'observa un instant. Il ne lui dit aucun mot. Il se remit à son bureau pour écrire.

Il avait passé quatre heures et demie à l'ignorer. Ce n'était pas pour lui déplaire. Elle n'avait pas assisté aux cours et elle était tranquille, sans obligation. Cependant, elle ignorait ce qui l'attendait suite à l'affût de colère qu'elle avait laissé tomber sur les trois héros.

Lorsqu'une alarme résonna dans l'établissement, Nezu lui ordonna de ne pas bouger. Souriante, elle profita de son départ. Elle n'avait toujours pas réussi à récupérer son dossier. Elle se leva donc du canapé pour se diriger vers les dossiers. Elle se souvenait encore où il se trouvait parmi les autres dossiers. C'est avec une grande facilité qu'elle pu le récupérer.

Elle se laissa tomber sur le canapé, souriante, son dossier entre les mains. Elle se mit à le feuilleter. La première page n'était rien de bien intéressant. Il ne comportait que ses informations basiques. Les quelques pages suivantes ne faisaient que résumer l'affaire et le procès qui lui avait été incombé. Une page était un compte rendu du psychiatre de la prison lors de son entrée dans le centre puis celui juste avant sa sortie. Vu la date, ça concordait avec le jour où on lui avait annoncé qu'elle allait faire partie du programme.

Les dernières pages étaient celles qui l'intéressaient. Elles faisaient références à son attitude dans le centre de détention. Les premières informations n'étaient pas ce qui l'intéressait. Elle se fichait pas mal des quelques mots sur les bagarres qu'elle avait engendrées, les fois où elle avait reçu des remontrances musclées ou même sur les provocations et menaces qu'elle avait proféré. Tout cela lui importait peu contrairement à l'utilisation de son alter.

Lorsqu'elle arriva au rapport d'utilisation de son alter, elle le parcourut avec attention. Il s'avérait qu'elle avait bien utilisé son alter au centre pénitencier. à chaque fois, c'était au milieu de la nuit alors qu'elle dormait. Une fois par mois elle utilisait sa faculté. Le directeur avait mis ce compte de tentative d'évasion raté. Il était à chaque fois précisé que dès les prémices d'utilisation, elle avait été sédaté.

— Je vois...

— Qu'est-ce que tu vois ? lui demanda la voix de Nezu.

Nozomi ne pouvait pas se cacher de ce qu'elle avait fait. Le proviseur s'approcha d'elle et vit son dossier dans ses mains. Il soupira.

— Tu veux rajouter le vol dans tes crimes ?

— Les élèves n'ont-ils pas la possibilité de consulter leur dossier ?

— Ils doivent le demander au directeur. Tu aurais pu le voir si c'était le cas. Tu as de la chance que ce soit ton dossier et pas celui d'un autre élève.

Nezu se rapprocha et prit le dossier des mains de Nozomi. Elle n'opposa aucune résistance. Elle le laissa le récupérer. Elle avait eu l'information qu'elle avait cherché et ça lui était suffisant. Le proviseur jeta un coup d'œil sur la page qui était ouverte. Il la lu patiemment avant de prendre la parole.

— Tentatives d'évasions une fois par mois par l'utilisation de ton alter... résuma-t-il avant de reprendre dans l'immédiat. Des problèmes avec ton alter qui se manifeste une fois par mois je suppose ?

— Peut-être.

— Tu aurais dû m'en parler. J'aurais pu t'aider dès le début avec l'aide des professeurs.

— Parce que maintenant que vous le savez, vous voulez m'aider ?

— Bien-sûr que oui. Pourquoi est-ce que je ne voudrais pas t'aider ? Malgré ce qu'il c'est passé ce matin, tu restes sous ma responsabilité. Si tu as agit comme ça, c'est que j'ai raté quelque chose. S'il y a des moments où tu manifestes ton alter sans t'en rendre compte, j'aurais dû le savoir et t'aider dès le début pour que ça n'arrive plus.

— Si vous ne me renvoyez pas au centre pénitencier, pourquoi avez-vous passé autant d'appels ?

— Tu restes avec nous. J'ai appelé des connaissances qui ont déjà eu d'anciens détenus comme employé. J'ai pu leur parler un peu pour t'aider. De toute évidence, le travail que nous avons à faire ensemble est plus important que je ne le pensais. Il faut que tu acceptes de faire des efforts. Je te promets de faire en sorte que tu ne retournes plus dans ce centre.

Nozomi ne sut quoi répondre. Nezu faisait tout pour l'aider alors qu'elle avait révélé avoir adoré tuer leur collègue. Elle avait avoué pouvoir recommencer avec plaisir. Elle ne comprenait pas pourquoi est-ce qu'il s'acharnait. Est-ce parce qu'elle faisait partie d'un programme du gouvernement ? Si ça n'avait pas été le cas, l'aurait-il aidé tout de même ? Elle n'en savait rien. Elle préférait ne pas connaître la réponse. Il allumait en elle un petit espoir qu'elle aurait souhaité faire taire. Cependant, le visage du proviseur était détendu et même souriant. Il lui redonnait une lueur d'espoir.

Elle passa le reste de la journée avec le proviseur Nezu. Il lui raconta son histoire à lui. Comme s'il tentait de lui faire comprendre que peu importe les parcours, on pouvait toujours s'en sortir.

— Vous ne pouvez pas comparer une vie de rat de laboratoire et la mienne. Je n'ai pas été enfermé pour qu'on fasse des expériences sur moi.

— Je garde toujours une rancœur contre les humains. Pour autant, j'arrive à faire confiance en certains d'entre eux. Tu ne fais pas confiance aux autres non plus et tu vas devoir apprendre à le faire. Étant donné que je suis un animal, pourrais-tu me faire confiance ?

Elle ne lui répondit pas. Il avait déjà discuté l'après-midi entière. Elle n'arrivait pas à imaginer lui faire confiance. Elle détestait bien trop les héros pour ne serait-ce qu'imaginer cette possibilité. Elle ne comprenait pas comment est-ce qu'il pouvait même avoir encore de la sympathie pour elle après tout ce qu'elle avait dit. Elle avait pourtant dépassé les bornes avec ses propos. Elle en avait bien conscience.

— Vous me faites confiance vous ?

— Je ne te la donnerai qu'une seule fois.

MHA : Réhabilitation de cauchemarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant