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Une semaine passa depuis son retour dans le centre. Le temps passait avec une lenteur qu'elle ne se souvenait pas. Chaque seconde s'égrainait d'une si grande pesanteur qu'il semblait à Nozomi qu'elle était déjà là depuis une éternité. Elle était restée enfermée dans sa cellule sans pouvoir voir quiconque. Elle était isolée.

Aujourd'hui, elle pouvait enfin sortir dans la salle commune du centre. Elle retrouva ses anciens camarades du centre. Elle savait d'avance qu'elle allait recevoir bon nombre de remarques par rapport à son retour. Ils avaient tous été mis au courant de son départ dans le cadre du programme de réhabilitation du gouvernement. Elle était d'ailleurs certaine qu'ils avaient dû la voir passer à la télé.

À peine passa-t-elle la porte de la salle commune que des regards se posaient sur elle. Tous portaient un collier sauf une rare jeune femme de vingt ans déjà. Bientôt, elle allait rejoindre les adultes dans une autre prison. Plus âgée, sans alter, elle était la "cheffe" des lieux. Elle était coupable du meurtre de sa famille entière. Froide et méchante, elle aimait non pas provoquer, mais repousser les autres dans leurs retranchements. Elle aussi n'avait pas manqué à Nozomi.

— T'es de retour toi ? lui dit-elle en s'approchant.

Les bras croisés sous la poitrine, elle détaillait l'ancienne lycéenne de la tête au pied.

— Alors il paraît que tu as tué des vilains qui avaient attaqué le centre d'entraînement de tes petits camarades héros ? Depuis quand tu les aides ? (Elle se pencha de quelques centimètres en avant.) Ce n'était pas toi qui disait détester les héros ?

— Va voir ailleurs Shion.

La dénommée Shion secoua lentement sa tête de droite à gauche avec des bruits de langues. Peu contente de ce que venait de dire Nozomi, elle releva le menton. Les traits durcis de son visage rond manifestait à la perfection sa colère.

— Bah alors, Nozomi ? On oublie les règles ?

Les lèvres de Nozomi s'étirèrent. Son regard empli de défiance s'encra dans les yeux marrons de la "cheffe" de la prison. Même si elle était condamnée à rester ici, elle n'allait pas se laisser faire.

—Fait attention, Shion, il me semble que le directeur t'a à l'œil. Tu ne voudrais pas finir au Tartare.

Elles se jaugèrent longtemps en silence. L'atmosphère tendue était palpable. Y allait-il y avoir une altercation ? Personne ne le savait.

Soudain, un éclat de rire se fit entendre dans la pièce, raisonnant sur les murs grisâtres de saleté. Il fut suivit par un autre rire. Shion prit Nozomi par l'épaule avant de l'accompagner au centre de la salle.

— Tu m'avais manqué ma petite Nozomi. Alors, racontes nous comment c'était dehors !

— Horrible ! J'étais dans l'école des héros. Les profs étaient des cafards et les élèves des moutons.

— Je paris que ce sont des petits peureux.

— Si tu savais !

— Rappel-moi, ton alter c'est bien des créations de sable noir non ?

Elle acquiesça.

— Fait moi rêver. Est-ce que tu l'as utilisé pour faire peur à l'un d'eux des pros ! C'est le strict minimum que tu aurais pu faire.

Le sourire de Nozomi s'accentua, dévoilant ses dents. Elle repensait à la sensation que lui avait procuré la peur qu'elle avait causé chez son professeur d'anglais. Elle entendait encore le cri apeuré de fillette qu'il avait laissé échapper.

Elle n'hésita pas une seconde à tout raconter à sa camarade de prison. Elles n'étaient pas vraiment amies. Elles ne l'étaient d'ailleurs pas du tout. Elle s'entendait juste sur un point : leur haine des héros, de la société ainsi que sur le sadisme dont elles aimaient faire preuve. Elles étaient les deux terreurs du centre de détention pour juvéniles.

MHA : Réhabilitation de cauchemarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant