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NDA

Chers lecteurs, si vous souffrez de TCA (trouble du comportement alimentaire), je vous conseil de ne pas lire ce chapitre là. Je ne peux en dire plus pour ne pas spoiler de trop.

Si vous en souffrez, parlez-en à votre médecin ou à un adulte de confiance. Ne restez pas enfermez dans ce cercle vicieux pour votre vie.

Prenez soin de vous surtout !

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Ce qui devait arriver arriva. A peine eut-elle franchi l'entrée de l'enceinte du lycée que l'inspecteur de police arriva dans son dos. Évidemment, les rares élèves déjà là se délectaient du spectacle qui se déroulait sous leurs yeux. Et il était évident que la police était accompagnée par quelques médias qui bavait presque face à ce nouveau scoop.

La liberté qu'on lui avait offerte prenait fin. Elle redevenait un chiffre, une vérité pour tous ceux qui refusent de donner une seconde chance. Elle devient un argument de plus pour la crainte, l'inquiétude, l'appréhension et les nombreux arguments en leur défaveur. Elle ne faisait que donner raison à tous les préjugés et les idéaux des adhérents à la peine de mort. Corser la peine de mort, la faire plus sévères, même pour les enfants. Ce sont des vilains après tout.

Elle jeta un regard à Nezu qui posa sa patte sur sa jambe. L'inspecteur s'approchait d'elle, surveillé par les policiers qui l'accompagnaient. Ils avaient peur d'elle. Ils avaient peur qu'elle tente de se défendre ou de fuir. Dans le regard de son tuteur, Nozomi voyait de la peine et de la désolation. Il était désolé pour elle mais il ne pouvait rien faire pour lui venir en aide.

— Ne t'inquiètes pas, ça va aller Nozomi.

La gorge sèche, elle ne pouvait plus prononcer le moindre mot. Elle ne pouvait produire aucun son. Elle releva la tête vers l'inspecteur qui se retrouvait juste en face d'elle à moins d'un mètre. Son regard était sévère, son dos bien droit. Sa voix... Nozomi ne l'entendait même pas face au choc. Ils avaient choisis. Elle savait maintenant que c'était fini. Cette flamme d'espoir que Nezu avait allumé en elle s'éteignit.

Alors qu'on lui mettait les menottes, le froid du métal s'insinuait dans son corps. Des sueurs froides la parcouraient des pieds à la tête. Elle avait une impression de douche froide. La petite fille qu'elle était à l'époque se serait mise à hurler lors de sa première arrestation. L'enfant qu'elle était aurait pleuré. Elle aurait hurlé, tapé des pieds face à une telle injustice.

L'injustice... Elle en avait assez de la connaître. Elle en avait assez de la subir. Pourquoi elle ?

Elle repensa à Annabelle qu'elle avait vu le matin même sur la table de la cuisine, souriante. Un sourire qui lui avait paru triste et inquiet. Mais n'était-ce pas le reflet de ses propres émotions ?

Alors qu'elle croisait pour la dernière fois le regard du principal, elle laissa aller pour la première fois depuis bien longtemps une larme. Une larme qui roula unique, silencieuse, solitaire empli d'une rancune qui avait envahi un peu plus le cœur de la détenue.

****

Assise sur le sol de sa cellule qu'elle retrouvait, elle attendait. Elle n'avait plus que ça à faire. Elle n'avait rien dit de tout le trajet. Au commissariat, elle ne pipa mot. Elle restait muette comme une carpe du début à la fin. Elle restait les yeux fixés dans le vague. Ses pensées étaient à l'arrêt. Elle ne pouvait plus penser à quoi que ce soit, même lorsqu'on la menaça de retourner en prison. C'est là où elle se trouvait dorénavant.

Les gardiennes étaient passées plusieurs fois. Les premières tentèrent de la faire réagir, sans succès. Elle ne les entendait pas. Tout comme elle ne sentait pas la morsure du collier anti-alter sur sa peau. Elle était bien trop interdite par la situation pour avoir conscience de quoi que ce soit.

Elle ne tourna pas la tête vers la porte de sa cellule qui venait de s'ouvrir. La voix masculine qui résonnait ne la ramena pas plus sur terre. Il fallu qu'elle sente sa tête heurter le sol de béton pour qu'elle détourne ses yeux en direction du directeur du centre de détention pour mineur.

— Enfin tu réagis, ma chère Nozomi, lui sourit-il. Tu m'as beaucoup manqué tu sais ?

Un frisson de dégoût l'a parcouru. Il ne lui avait pas manqué une seule seconde. Elle avait même été soulagée de ne plus le voir. Malheureusement, le cauchemar reprenait. Elle allait le revoir. Subir de nouveau son insoutenable perversité.

Elle tenta de se relever, mais il fut plus rapide qu'elle. Il attrapa une masse de ses longs cheveux noirs et les tira pour la relever d'un geste brutal. Elle tenta de ne pas montrer la douloureuse brûlure qu'elle ressentait dans son cuir chevelu, en vain. Elle ne pouvait s'empêcher d'avoir une petite grimace qui accentuait le sourire de son bourreau.

— Bon retour à la maison Nozomi. Et n'espère pas pouvoir quitter une nouvelle fois cet établissement. ça n'arrivera pas. Une fois que tu seras majeure, tu iras directement chez les adultes et je suis sûre qu'ils s'amuseront beaucoup avec une petite nouvelle comme toi.

Elle aurait voulu lui répondre. Elle aurait souhaité se rebeller pour lui donner tort. Malheureusement, elle n'y croyait pas elle-même. Son silence et son cœur donnait réponse à ce venin qui s'insinuait dans son cerveau. Elle se sentait condamnée.

Sa tête rencontra une nouvelle fois le béton dans un bruit mat. Sa tête tournait sous le coup. Elle entendit la porte de la cellule s'ouvrir et se refermer. Le directeur la laissait de nouveau seule avec ses pensées. Elles étaient revenues, déferlantes comme un tsunami.

Les pas du directeur s'éloignait alors que la petite ouverture de la porte s'ouvrait. Elle entrevit sa gardienne préférée.

— Alors salope ? On est contente d'être de retour ?

— Va te faire foutre, cracha-t-elle en retrouvant son verbe.

— Mmh, ce n'est pas très gentil de dire ça Saito. Tu risques les problèmes.

— ça ne peut pas être pire, se murmura-t-elle.

— Qu'est-ce que tu as dis ?

— Rien.

— Je préfère. En tout cas, ce soir, pas de repas pour toi. Ordre du directeur.

La trappe se ferma dans un son métallique. La gardienne s'éloignait.

Pas de repas ? Depuis combien de temps n'avait-elle pas été privé de repas ? Bien trop longtemps. Un mois et demi depuis son départ de cette prison. Peut-être deux mois depuis cette dernière punition. Le temps était bizarre. Elle n'était pas sûre. C'était toujours une punition presque rare venant du directeur. La rendant encore plus horrible que les autres. Sentir son estomac se serrer, gronder par la faim qui le tenaille... Rien que de s'en souvenir, elle appréhendait la soirée. Ou peut-être était-ce le midi ? Elle ne savait même pas quelle heure il était. Elle n'avait peut-être même pas mangé depuis le matin de son arrestation.

Combien de temps avait-elle été absente de la réalité ? Peut-être est-ce qu'il était beaucoup plus tard qu'elle ne le pensait. Peut-être même que des jours étaient passés ? Elle l'ignorait. Cependant, elle sentait déjà qu'elle avait faim.

Elle finit par se lever et se diriger vers l'étroite petite fenêtre qui composait la seule ouverture de sa cellule donnant sur l'extérieur. Elle ne voyait qu'un ciel nuageux. Il n'y avait rien d'autre que des nuages. Elle ne pouvait donc pas savoir quelle heure il pouvait être.

Elle était condamnée. Son corps et son esprit étaient enfermés. Son espoir éteint. Sa peine et sa douleur, plus fortes que jamais.

MHA : Réhabilitation de cauchemarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant