Chapitre 8 - Crazy

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- Qu'est-ce que tu veux ? Avait demandé Kol, plus fermé après avoir entendu que Nash ne l'avait pas juste aidé

Il savait qu'il ne devrait pas ressentir ce pincement causé par la déception, mais ça semblait plus fort que lui. Quelqu'un pourrait-il seulement penser à l'aider juste pour l'aider ? Il chassa l'idée absurde.

Nash nota tout de même le ton agacé qu'avait prit le vampire, alors il demanda prudemment :

- Ta sœur m'a dit que tu pratiquais la magie sans en avoir, comment c'est possible ?

Kol rit, passant une main folle dans ses cheveux alors que le son de sa voix se répercutait contre les murs nus et créait quelques échos mélodieux.

- C'est pour ça que tu es là ? Où est passé ton "je suis comme ça et je l'accepte"? Ne pu-t-il s'empêcher de se moquer

Le sorcier soupira, blessé dans son amour propre et se sentant réellement stupide de s'être laissé avoir par Rebekah aussi facilement. Il se releva et remarqua le regard du vampire sur lui. Il supposa que ce dernier voulait lui dire quelque chose, mais seul le silence avait remplacé ses rires précédents. Alors le jeune homme regarda plus attentivement, et il remarqua que les yeux bruns du vampire étaient en réalité posés sur la dague qu'il tenait toujours à la main. Sans comprendre d'où le sentiment venait, Nash se sentit encore plus bête. Avait-il réellement cru à ces balivernes, avait-il aussi cru que par quelque miracle Kol allait lui dire une solution miracle qui règlerait tous ses problèmes ? C'était à en pouffer.

Nash fit un pas, restant stoïque, de marbre alors que le vampire le suivait des yeux tandis qu'il s'approchait et s'arrêtait, proche de lui. Kol avait eut le temps de se relever et regardait le jeune homme avec méfiance. Mais Nash était juste profondément déçu par tout ça et il jeta avec négligence la dague qui inquiétait tant le vampire. Le métal résonna sur le sol à trois reprise, dans un tintement cristallin, avant que le silence ne se fasse de nouveau.

- Où est passé ta confiance ? Rétorqua sèchement et cyniquement le jeune homme, à qui la peur du vampire de se faire de nouveau poignarder n'avait pas échapper

Il garda ses yeux ancrés dans les siens, avant de se détourner et de descendre les marches en silence, seuls ses pas écrasant des graviers firent quelques murmures. Il sortit du bâtiment, monta dans sa voiture, mit le contact et s'en alla avec bien moins d'empressement qu'il n'en avait en venant.

Il rentra chez lui, poussa la porte rester ouverte et regarda cet appartement. L'envie de tout plaquer lui prenait la gorge, mais il se retient. Cependant, en entrant dans sa petite pièce bordélique aux odeurs de sauge, il n'y tient plus. Toutes ces plantes, ces grimoires, ces conneries...d'un mouvement rageur, il débrassa le bureau dans un brisement de verre. De l'eau, des pierres, des feuilles et des plantes se répandirent sur le sol, mais ça n'apaisait pas la rage sourde, la frustration accumulée d'heure en heure, de jours en jours et d'années en années.

Les étagères se vidèrent dans des bruits de verre frénétiques, des odeurs printanières remplirent la pièces, des bouts de verres égratignèrent les mains et les pieds du jeune homme, ajoutant à l'arôme générale une pointe âcre de sang.

Tout son corps, tendu et enragé, se vida de son énergie alors que la pièce était devenue une vraie misère et que tout signe d'ordre avait disparut. Il se laissa simplement tomber au milieux du désordre et quelques larmes de frustrations quittèrent ses yeux pour s'écraser mollement sur ses mains ensanglantées qui tentaient, pour une raison inconnue, d'empêcher ces larmes de ravagé d'autres parcelles de sa peau.

- J'aurais aimé ne jamais savoir à quoi ressemble la magie. Murmura-t-il pour lui même


Il se mura enfin dans un silence de plomb, qui dura cinq minutes comme dix heures, pour ce qu'il en avait à faire. Lorsqu'enfin, un vide profond l'envahit, le vide ressentit lorsque la tempête d'émotions qui submerge est enfin passé et que seul un calme plat reste. Il regarda le bordel qu'il avait créé et soupira mais ne fit pas mine de l'arranger.

Il finit par se lever en grimaçant à cause de la douleur causée par les égratignures sous ses pieds et il boitilla jusqu'à sa petite salle de bain. Il fit couler une eau froide qui emporta avec elle le sang sur son corps, prenant les teintes d'une palette de rouge, finissant sur un doux rose saumon.

Exténué, il ne se rappela même pas être allé se coucher. Il se réveilla dans son lit, un peu plus vivant qu'hier mais souffrant à chaque fois qu'il devait se déplacer à cause des petites entailles. Avec ses mains abimées, il prit le partit de contacter son patron en s'excusant du fait qu'il ne viendrait pas, étant malade.

Puis, il se ressaisit, même si le cœur n'y était pas entièrement. Il enfila une paire de claquettes, prit un balais et une pelle et ouvrit la petite pièce saccagée. Nash passa la matinée à remettre de l'ordre dans le carnage qu'il avait fait, et il regardait avec une certaine déception toute les feuilles, griffonnées de sa main, qui devaient donner des sorts. Ce n'était pas très important, après tout, il n'avait aucun vrai et ancien grimoire ici. Que les gribouillages qu'il avait fait se perdent...de toute façon il ne savait même pas si ça marchait.

Rageur, il jeta le tout à la poubelle, herbes, gribouillis scientifiques, notes, verre. Tout y passa et lorsque 12h30 approcha, la pièce était vide, dépourvue de trace d'une quelconque utilisation.

A force d'utiliser ses mains abimées, les petits bandages blancs qui entourait ses doigts s'étaient tintés de rouge, mais il ne put pas prendre le temps de les changer que l'on toqua à sa porte.

Il soupira et alla ouvrir. En voyant Kol apparaître devant lui, il commença à refermer la porte.

- Sérieusement demanda le vampire ? avec un petit sourire en coin

- Va dans ta belle petite maison et laisse moi tranquille. Tu n'as personne d'autre à embêter ? Grogna le jeune homme encore blessé

Kol haussa un sourcil face à l'agressivité nouvelle du sorcier, à laquelle il répondit par un sourire.

- Tu m'en veux encore pour hier ? Je suis vraiment désolé, je t'assure, je suis venu pour m'excuser.

Nash passa un regard dubitatif et ennuyé sur lui.

- Ok. Excuses acceptées, ne revient plus.

Il voulut refermer la porte mais le vampire parvint à jouer sur une malformation de l'architecture pour bloquer la porte, bien qu'il n'ait pas été inviter à entrer.

- Quoi encore ? S'agaça le jeune homme

- Je t'assure que mes intentions sont bonnes, je peux t'expliquer comment j'ai fait pour me servir de la magie sans en avoir.

Le regard du sorcier se durcit sensiblement, ce qui parvint à surprendre le vampire, déjà accoutumé à des iris pétillants de vie.

- Je ne veux plus entendre parler de magie.

- Pourquoi ? Demanda Kol en essayant de voir au travers du regard froid qui lui était servit

- Va juste t'amuser ailleurs.

Kol haussa un sourcil.

- Attends, tu penses que je me moque de toi ?

Nash le toisa.

- Je te donne ma parole que...

Un rire un peu fou, un peu moqueur quitta les lèvres du sorcier.

- Ta parole ? Qu'est-ce que j'en ai à faire ? Qu'est-ce que vaut la parole d'un vampire millénaire qui a dû commettre plus de faute qu'il n'y a de noms pour les nommer ? La seule chose que tu semble savoir faire, c'est suivre les pensées qui te passent par la tête. Tu es venu t'excuser ? Bien. Maintenant si tu le pense vraiment, si tu es vraiment venu pour ça, alors juste, vas-t-en.

Kol resta muet devant cette porte, face à ces iris froid et tristes. Il ressentait une certaine culpabilité qui ne lui était pas habituel, peut être parce qu'il savait exactement comment devait se sentir le sorcier, parce qu'il savait à quel point l'espoir de retrouver un jour les sensations de cette énergie mystique parcourant son corps avait pu le rendre fou.

La sorcellerie était une drogue dont il était impossible de se sevrer.

Le silence se prolongea, et il ne se permit pas de le couper. Simplement, il retira la pointe de sa chaussure qui bloquait la porte et cette dernière se referma immédiatement devant lui. Malgré cela, il pouvait entendre le cœur paniqué et emballé du jeune homme derrière, ce qui lui laissa un arrière goût désagréable, qu'il essaya d'effacer en s'éloignant de cette porte et en quittant le petit immeuble.

Bl - KorcererOù les histoires vivent. Découvrez maintenant