Bl - Korcerer

Chapitre 12 - Kol

Kol n'avait pas vu le temps passé. Il fallait dire qu'il s'était bien amusé. Passer la journée, le nez dans des plantes et des pierres, à griffonner quelques formules et à traduire des mots d'une vielle langue, ça lui avait manqué. Mais plus que cela, il prenait un réel plaisir à redécouvrir la magie en la montrant à Nash, qui s'émerveillait de tout et acceptait de tout tenter sans grande difficulté.

Si le vampire avait d'abord trouvé le sorcier distant et extrêmement sur ses gardes, aujourd'hui venait bouleverser toutes ses pensées. Nash était souriant et avenant, naturellement de bonne humeur, et, même lorsqu'il s'agaçait de ses lacunes linguistiques, son énervement était à peine visible et il le couvrait rapidement par un rire ou une remarque auto-dérisoire. Il s'était aussi rendu compte que le sorcier, loin d'abandonner la magie, comme il le pensait, avait simplement conscience de sa passion pour elle qu'il faisait exprès de garder une certaine distance pour ne pas s'emporter.

Oui, Kol pouvait sans difficulté dire à quel point Nash aimait la sorcellerie, ce dernier ne s'offusquant jamais lorsque le vampire lui pointait ses lacunes. Il les reconnaissait, puis le harcelait pour qu'il l'aide à les combler. Il était étrange pour lui de ne pas avoir à faire à un égo démesurer, comme il en avait l'habitude en compagnie de ses frères et de sa sœur. Il y avait quelque chose d'agréable à pouvoir exprimer la pensée première qui lui venait sans que ça froisse le jeune homme, qui, soit l'approuvait, soit la comprenait, soit essayait de comprendre pourquoi il pensait ainsi.

C'était comme si ses mots avaient un réel sens, un réel poids. Ils n'étaient pas juste là pour exprimer une idée, Nash les écoutaient et avait la curiosité de vouloir déceler le sens qu'ils avaient.

Ça ne faisait que trente minutes qu'il était partit, affamé après la journée et ne pouvant se résoudre à simplement mordre le sorcier passionné, qu'il voulait déjà y retourner. La magie lui manquait tellement et voir quelqu'un partager sa passion était juste...ineffable.

Devant la porte du petit appartement, il s'essuya inconsciemment le bord des lèvres, essuyant les traces d'un repas, avant qu'il n'entre. Le silence qui régnait malgré l'énergie bruyante de Nash le surpris, et en quelque pas, il alla jeter un coup d'œil par la porte du petit atelier dans lequel ils avaient passés la journée et un sourire amusé étira ses lèvres. Le sorcier semblait dormir, la tête nichée dans ses bras, croisés sur la table de chêne. Ses cheveux noirs couvraient une partie de son visage, pour une fois nu de ses habituelle lunettes, délaissées plus loin sur la table. Son torse se soulevait doucement, au rythme de sa respiration calme qui faisait frémir une mèche noire sur son visage.

Kol eut une pensée moqueuse du sorcier, qui restait ainsi sans défense, trouvait même l'idée un peu stupide, de s'endormir là, sachant qu'il reviendrait, de laisser son cou pâle et intouché nu devant lui, comme une tentation. Puis, une pensée intrusive fit son bout de chemin. Et si il se permettait cela car il se considérait en sécurité ? Si Nash ne craignait pas de s'endormir en sa présence ? Si...il lui faisait confiance ?

L'idée était alléchante, envoutante même, mais Kol la chassa rapidement, surpris de sa propre bêtise. Ils avaient passé la journée à s'agiter, avaient à peine manger à midi et rien ce soir (pour Nash), il devait juste être fatigué et n'y avait pas réfléchit.

Agacé par ses propres pensées, Kol s'éloigna de l'atelier pour regarder le reste de l'appartement. Sans les meubles colorés d'un marron assez clair et la peinture blanche neuve, Kol aurait trouvé l'endroit lugubre, déjà que le tout semblait indécemment petit comparé au manoir des Mikaelson. Il fit un pas dans la cuisine, toucha un peu à tout : la cafetière, les placards, ouvrit le frigo presque vide et le referma, ennuyé.

L'endroit n'ayant pas mille pièces, il se dirigea vers la porte la plus proche, qui ouvrit sur une salle de bain blanche et simple, plutôt rangée et avec une odeur de lessive, pas âcre, mais chaude et douce, qui restait dans l'air et rappelait celle du sorcier.

Rapidement ennuyé par la petite pièce, Kol ouvrit la suivante, qui donnait sur la chambre de Nash. Cette dernière était elle aussi dans des tons marrons, mais également verts, comme les draps, les oreillers et la couette du lit. Il posa son regard sur les meubles, et les étagères, passa ses doigts sur les rebords des meubles qui l'intriguait, ouvrait un tiroir au hasard. Il marcha aléatoirement et s'arrêta devant une petite bibliothèque, de laquelle il tira une pièce de Racine, Phèdre. 

Il entendit Nash à la porte, et se sentit pris sur le fait, alors, avant de relever les yeux vers lui pour croiser un regard sans doute agacé de surprendre son intimité bafouée, il lui déclama les vers qu'il connaissait par cœur provenant de la pièce, espérant détourner son attention :

- "Je le vis, je rougis, je palis à sa vue / Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue..."

(Un temps)

- " Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler, / Je sentis tout mon corps et transir, et brûler..."

Entendit-il après quelques secondes. La voix calme du sorcier, et l'intonation douce portée aux mots entraina Kol à relever les yeux vers lui. Il fut surpris de l'absence de colère dans le regard de Nash. Lui, aurait été rageur pour la semaine, si il avait surpris quelqu'un à fouiller dans ses affaires.

- Bien dormi ? Demanda-t-il espérant s'en tirer

Un petit sourire moqueur resta sur les lèvres de Nash, qui s'appuyait contre le cadre de sa porte.

- Bien fouillé ? Rétorqua-t-il

Kol fit une grimace d'enfant pris la main dans le sac et baragouina un semblant d'excuses qui amusèrent le sorcier.

- Ne le fais plus, je n'aime pas ça. Souligna tout de même Nash en lui jetant un coup d'œil pour le pousser à sortir de sa chambre