NÉONS ROUGES . 06

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Rester avec Benjamin . 06








- Quand tu dis, c'est plus tôt clair dans ta tête, c'est-à-dire Ben ?

Pierre avait posé cette question après une longue pause réflexive.

- Je dis ça peut-être parce que ça fait un an, voire plus que je bataille avec mes sentiments, répondit timidement Benjamin, se sentant terriblement vulnérable à ce moment-là.

Pierre voulut répondre, mais il était tellement stupéfait qu'il se contenta de se racler la gorge.

- Du coup, tu flippes, Pierre ?

- Flipper ? Je-je... Non, ou tu vas chercher ça, rit nerveusement Pierre en évitant le regard de son ami.

- Peut-être parce que quand tu me mens et que tu es gêné, ta voix monter de deux tons dans les aigus ?

Pierre se racla de nouveau la gorge afin de tenter de contrôler sa voix avant de répondre.

- Quand tu dis des sentiments, ça veut dire quoi exactement ?

- J'sais pas trop. Enfin... Je sais, mais je ne pense pas que ça soit utile de l'aborder là.

- Mais si Ben, je veux comprendre.

- Bon, si tu insistes... Au début, c'était simplement une attirance. Enfin, c'était ce que je pensais jusqu'à que ce que je comprenne que des fois, tu me manquais plus que d'habitude. Puis je crois qu'au fil du temps, bah il y a eu tous ses sentiments qui sont devenus progressivement un peu plus que ça.

- Un peu plus que ça ?

Benjamin lâcha un long soupir parce qu'il n'était vraiment pas certain de la tournure que prenaient les choses.

- Ouais, Pierre ! Je crois sans trop exagéré que je-je... Enfin, je... C'est la première fois de ma vie que je suis amoureux.

Cette fois-ci, Pierre eut l'impression que l'immeuble entier lui tombait sur la tête. Il se sentait presque cloué dans le lit et totalement confus par ces aveux.

- Je sais que c'est pas réciproque Pierre. Je sais aussi que ça ne le sera sans doute jamais et c'est pour ça que je n'espère rien puis que je ne voulais pas en parler au départ. En parler, c'était l'admettre déjà pour moi-même et prendre le risque de bousiller notre amitié. Ça me fait chier de ressentir tout ça pour toi et si je pouvais, je ferais en sorte que tu restes toujours le même Pierre à mes yeux, comme depuis toujours, mais voilà, j'y peux rien. Tu me plais énormément et ce que je ressens pour toi ne passe pas depuis tout ce temps.

- J'suis pas gay Ben.

Vous n'avez pas idée à quel point cette réponse exaspéra Benjamin et de l'effort qu'il lui fallait pour rester calme.

- C'est quoi ce besoin viscéral de toujours préciser que tu n'es pas gay ? J'ai jamais dit le contraire Pierre, répliqua Benjamin, en essayant de rester calme et rationnel pour ne pas trop brusquer son ami.

- Non mais je pense que c'est important de le rappeler. Ok, on fait toutes ces choses depuis deux semaines, mais je ne suis pas...

- J'ai parfaitement compris Pierre. D'ailleurs, je ne te parle même pas des deux dernières semaines, mais d'autres choses. Ce qu'on fait, honnêtement, c'est juste du sexe. Moi, je te parle de mes sentiments. T'es pas obligé d'y répondre favorablement et de toute façon, je ne me suis jamais attendu à ce que ça soit réciproque mais t'as pas autre chose à ne me dire que ton besoin de te distancer du « pédé » à côté de toi parce qu'il vient de te dire que tu lui plaisais ?

CACHE CACHE GÉANTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant