SENS UNIQUE . 12

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Guillaume . 12





Au fil de ses années de célibat, depuis qu'un beau matin et sans aucune raison apparente, Guillaume avait quitté Julie. Il était convaincu d'une certaine façon, qu'elle resterait la seule femme qu'il aura aimée profondément dans sa vie. Et il avait attendu que le temps et la vie lui prouvent qu'il avait tort de penser cela, mais jusqu'à présent, il n'avait que constater combien il avait raison.

Peut-être que c'était lui qui avait bien trop endurci son cœur afin de l'empêcher de s'attarder sur d'autres femmes ou simplement que sa vérité était la seule ; il n'aimerait plus personne comme il l'avait aimé.

Frédéric lui disait de laisser le temps au temps et Guillaume avait toujours détesté ce genre d'expressions de merde qui l'exaspérait toujours plus. Ses parents lui avaient répété qu'il était encore jeune et qu'il avait la vie devant lui pour se rendre compte que des femmes, il allait sans doute encore en aimer plus que de raison. C'était vrai que vingt-cinq ans, ce n'était pas si vieux, mais là encore, Guillaume écoutait, mais pensait au fond de lui que ce conseil ne lui était pas adapté.

Il n'avait pas besoin de tomber amoureux de toutes celles qui croisaient sa route ou passaient la nuit dans ses bras. Puisque de toute façon, son cœur était déjà pris.

Cet amour, Guillaume savait qu'il était certainement sans issue, mais surtout à sens unique. Julie l'aimait encore, mais comme on aime un vieil ami. L'époque où cette jeune femme était éperdument amoureuse de lui était révolue et aujourd'hui quand elle regardait Guillaume, il était un ami que l'on considère presque comme un frère. Ça, Guillaume le savait parfaitement, et même que ça lui convenait que cet amour ne soit pas réciproque. De toute façon, il était resté si longtemps seul qu'il ne savait pas si, dans l'éventualité ou elle lui redonnait une chance, ce qu'il en aurait fait concrètement.

Son amour pour la jeune femme était profond mais raisonnable. Jamais, il n'avait pas tenté depuis la fin de leur histoire, de s'imposer dans la vie de Julie. Il restait toujours à sa place d'ex et d'ami. C'était pour cela que même des semaines avant que Pierre ne couche avec elle, il l'avait remarqué leur attirance mutuelle, mais avait su parfaitement s'effacer pour laisser cela se faire. C'était également pour cela qu'il n'avait pas jugé utile d'en parler à Pierre de peur de le réfréner dans une chose que ce dernier voulait vraiment et Julie également.

Son amour pour Julie n'était pas encombrant et n'avait même pas de conditions. Il le nourrissait, mais savait également rester sur terre. Il était amoureux et ce n'était pas réciproque, mais ce n'était pas très grave. À ses yeux, aimer Julie, c'était également accepter qu'elle était heureuse dans d'autres bras que les siens. C'était accepter qu'elle était passée à autre chose et qu'il ne devait pas lui faire porter le poids de ce qu'il pouvait ressentir pour elle. Des fois, il se surprenait à penser à ce matin ou six ans plus tôt, il l'avait quitté. Il y repensait et se revoyait prononcer ces mots qui les avaient désunis en tant que couple, mais surtout de la douleur qu'avait ressentie Julie à l'époque. Parce qu'elle n'y comprenait rien à cette fin.

Aujourd'hui, elle avait pleinement digéré la rupture et il n'y avait jamais eu de rancœur de sa part. Elle avait eu besoin de s'éloigner quelque temps de Guillaume pour se reconstruire, avant de finalement revenir une fois qu'elle était guérie de ce chagrin d'amour.

"Chagrin d'amour" était un euphémisme pour expliquer combien elle en avait souffert.

Aujourd'hui, bien qu'encore amoureux d'elle, Guillaume était convaincu que la rupture était la meilleure des décisions pour eux deux. Il fallait savoir renoncer quand il n'y avait plus d'issues et à l'époque, ils étaient dans l'impasse. Ils ne voyaient plus l'avenir de la même façon après sept ans ensemble. Leur histoire avait été trop belle pour qu'elle se finisse mal. Ils s'étaient trop aimés pour partir dans les cris et dans la haine. Elle avait été sublime et c'était tout ce dont ils voulaient se souvenir ensemble. De tout le bonheur qu'il ressentait et distillait autour d'eux. C'était de ça que Guillaume se rappelait essentiellement. Peu importe si aujourd'hui, c'était fini, un jour, ils s'étaient aimé et ça, personne n'aurait pu le lui retirer.

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