Chapitre 31

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Ethan

Lundi 5 février,

Les jours passent et je me sens toujours aussi seul. C'est même pire qu'avant. Je devrais me sentir mieux depuis que Mia ne m'adresse plus la parole, ça ramène ma vie à celle d'avant. Celle où elle vivait encore chez ses parents et que j'étais seul avec Sam.

    Seul.

    Où je baisais avec n'importe quelle meuf en claquant des doigts et où tout me passait au-dessus. Mais non, je me sens encore plus seul.

    Seul.

    Sa présence crée un trou béant dans ma poitrine. Sa présence dans l'appartement crée une absence suffocante, parce qu'elle est là, oui, mais elle m'ignore à tel point que ça en est douloureux.

    Je lui en veux. Je lui en veux de s'être frayée un chemin jusqu'à moi, de s'être créée une place et de la laisser vide maintenant. Voilà pourquoi je ne voulais pas me rapprocher d'elle, voilà pourquoi je ne voulais pas ressentir quoi que ce soit pour elle. Parce que maintenant je me sens plus seul que jamais.

    Seul.

    Je n'arrête pas de penser à elle, à mon ange, à ce qu'elle est en train de faire puisque je connais chacune de ses habitudes. Je connais chacun de ses horaires de cours, je sais à quel moment elle appelle Leyla et je sais quel jour elle commande à manger sur Uber Eat. Je connais chacune de ses habitudes et ça me rend dingue. Et quand j'ai enfin réussi à zapper son existence, j'entends sa voix ou son éclat de rire, ou je sens son odeur de cerise dans le couloir.

    J'ai multiplié mes sorties à moto et mes entraînements pour La Grande course, et j'ai d'ailleurs failli y rester plus d'une fois. Mais j'appréhende mieux la route et les risques qui s'offrent à moi. Plus je suis loin de cet appartement pourri, mieux je me porte.

    Enfin, je crois.

    Nous sommes lundi donc la petite blonde termine les cours à 17 h. Je ne suis pas étonné quand il est 17 h 10 et que j'entends la porte d'entrée s'ouvrir. Je prends une profonde inspiration, et expire lentement. Je vais attendre qu'elle aille se doucher pour aller rouler, histoire d'être loin d'elle. Mais mon plan est mis à l'eau quand j'entends sa voix depuis le salon.

—Eh salut !

    Quelques secondes de silence.

—Je vais bien, merci, et toi ?

    Sa voix est nourrie par la gêne, elle est au téléphone.

—Ce soir ? Euh... Oui, d'accord.

    Silence.

—A 19 h ? D'accord, parfait.

    Silence.

—A tout à l'heure.

    Je tourne ma tête vers la porte de ma chambre et je la vois se diriger vers la salle de bain.


    Dix minutes plus tard, elle est douchée, elle sent divinement bon, elle s'est maquillée et s'est faite belle. Elle a mis un pantalon de costume large blanc, un chemisier en satin vert sapin et des Converse blanches. Ses boucles sont remontées dans une queue-de-cheval.

    Elle est magnifique.

    Il est 19 h pile quand son téléphone sonne.

—Je descends, répond-elle.

    Je me lève pour jeter un coup d'œil et je ne suis pas surpris quand je vois que c'est lui qu'elle rejoint.

***

Vis pour moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant