Chapitre 6

461 23 26
                                    

Mia

Samedi 14 octobre,

On se réveille vers 10 heure, et quand nous descendons pour le déjeuner, nous avons droit à un magnifique brunch. Voilà quel bénéfice nous tirons d'avoir des parents pâtissiers : viennoiseries, toast, oeufs au plat, brioches, confitures, jus d'orange, café, et j'en passe... Nous saluons mes parents et nous installons à table.

Mes parents nous demandent si nous nous sommes bien amusées à la soirée hier soir, et tout me reviens en pleine face : Jimmy et ses mots cruels. J'avale de travers et Leyla presse mon épaule en guise de soutien.

- Eh bien disons que c'était assez turbulent... essaie d'expliquer Leyla.

- Je crois que Jimmy et moi c'est terminé, dis-je très vite.

Papa fait tomber le couteau qu'il utilisait pour tartiner sa biscotte.

- Mais qu'est-ce que tu raconte ma puce ? demande maman, les yeux si écarquillés que j'ai peur qu'ils sortent de leurs orbites.

- Elle dit la vérité, malheureusement.

Nous nous retournons vers cette voix. Mon frère vient m'embrasser sur le front.

- Ton pot de colle n'est pas avec toi ? dis-je d'un ton sarcastique.

- Il te manque déjà ? me questionne Leyla, un sourire en coin.

- Quoi ? Non pas du tout ! Bien au contraire, ça me fait des vacances, dis-je en croquant dans mon croissant.

- Mais alors expliquez nous ce qu'il c'est passé ? nous intime papa.

- Il... commence Sam.

- Nous nous sommes disputés, je reprends. Très fort, je ne suis pas sur que nous nous réconcilions.

Sam me regarde avec des yeux interrogateurs.

- Oh mais si ma puce, ça arrive les disputes, me console maman. Ne t'inquiète pas, tout va rentrer dans l'ordre.

Je n'arrive qu'à lui sourire. Oh maman, je ne suis pas sûr de le vouloir, mais ça, je ne le dirais pas.

Nous remontons dans ma chambre avec Leyla, quand Sam m'attrape le bras dans les escaliers.

- Pourquoi tu ne leur as pas dit la vérité ? me questionne-t-il.

- Parce qu'ils l'adorent, et que nous étions sous le choc alors imagine-les ? Ils n'ont pas besoin de savoir.

- Moi je crois au contraire qu'ils devraient savoir que c'est un petit con qui insulte leur fille.

- Non Sam, s'il te plaît. Ne dit rien. Il ne reviendra plus ici, je ne le reverrai plus. Fais ça pour moi, le suppliais-je, la main sur son bras.

- Bien, mais qu'il ne recommence pas. La prochaine fois je m'en occuperai personnellement, et rien à foutre si les parents l'apprennent.

- D'accord, merci, lui dis-je en le serrant dans mes bras.

Nous nous douchons chacune notre tour, c'est comme ça entre Leyla et moi. Aucune pudeur, aucun tabou, on partage tout et depuis toujours. Elle est donc en serviette sur le lavabo quand je rince le shampoing dans mes cheveux. Il sent la cerise, mon fruit préféré, j'adore cette odeur sucrée.

- Tu vas lui reparler ? À Jimmy je veux dire. Tu vas lui demander une explication ?

Je me stoppe à l'écoute de sa question. Le rideau est tiré donc elle ne peut pas me voir.

Comment lui expliquer que notre rupture ne me blesse pas mais qu'au contraire, elle me soulage ?

A présent, j'ai l'impression d'avoir ôter un poids de mes épaules. J'ai l'impression de reprendre une bouffée d'oxygène comme si cela faisait des semaines que je n'avais pas respirer. Oui Jimmy est gentil, enfin, c'est ce que je croyais. Il prenait soin de moi, faisais attention à moi, m'offrait de petites attentions, etc. Mais c'était trop, c'était pesant, et je m'en rends compte maintenant. Nous n'avions rien à nous raconter, on pouvait passer des heures entières sans ce parler, devant des films. Je ne ressentais plus la petite étincelle quand je le regardais. Il n'y avait plus les petits papillons à l'intérieur de mon ventre quand il m'embrassait.

Vis pour moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant