Chapitre 37

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Ethan

J'ai menti à Mia quand je lui ai dit que je me trouve soit ici soit avec mes parents quand je disparais. C'est en partie vrai, mais il y a un troisième endroit que je fréquente, plus particulièrement la nuit.

—Pourquoi tu participes à La Grande Course ? Me questionne-t-elle.

D'un coup, mon visage se tourne vers elle. Je la fixe, et elle aussi.

Mais comment diable est-elle au courant ?

Face à mon mutisme, elle prend la parole.

—C'est Sam qui m'en a parlé.

—Et il t'a dit quoi ?

—Que c'est une grande course, avec un joli pactole à gagner, et qu'elle est hyper dangereuse, et que tu y participes. Pourquoi ?

—Ça ne te regarde pas.

J'ai perdu le sentiment de quiétude qui m'habitait, je me renferme sur moi-même. Pourquoi fallait-il qu'il lui en parle putain ? Je n'avais pas besoin de ça.

—Lève-toi, on rentre.

Elle est surprise par mon ton devenu froid et tranchant, je le vois à son regard et à l'expression de son visage.

Ben ouais, fallait t'occuper de tes affaires.

Elle enfile son casque et je ne lui prête aucune attention, ni aide, elle grimpe avec difficulté sur la moto et nous partons. Sur la route je ne prends même pas plaisir aux sensations que m'offre le moteur qui hurle entre mes jambes.

Putain.

Je l'ai emmenée ici pour essayer de m'ouvrir à elle, je trouvais ça bien sur le moment, mais maintenant, je regrette. Comme pour s'accorder à mon humeur, le ciel devient noir, signe qu'un violent orage risque d'éclater. Je sens les bras de la petite blonde enserrer ma taille, mais les sensations aux creux de mon ventre que je ressentais à l'aller, ont disparu. Ça ne me fait rien.

Rien.

Je n'aurais pas dû l'amener sur la colline et je n'aurais pas dû m'ouvrir à elle.

Pauvre idiot.

Quand nous arrivons à l'appartement, Sam n'est pas là. Il doit sûrement être au bar. Mia descend de la moto et attend patiemment à côté que j'en fasse de même, mais je lui montre le contraire.

—Tu ne rentres pas ?

Pour seule réponse, je commence à faire marche arrière, je lance un regard vers elle, et son air peiné me transperce la poitrine et la serre comme dans un étau. Je savais que je n'aurais pas dû la regarder.

Voila mon ange, c'est pour ça que je ne veux pas de toi.

Je passe la première et je démarre en trombe, la colère emplissant mes veines. Si je ne parle pas de cette course c'est pour une bonne raison, si je ne dis pas où je me trouve quand je ne suis pas à l'appartement c'est également pour une bonne raison. Je ne veux pas recevoir de leçon de morale, je ne veux pas voir de la peine dans les regards des gens, je ne veux pas voir leur peur transpirer par les pores de leur peau. Et c'est exactement ce qui s'est passé avec la petite blonde, elle transpirait l'inquiétude et la peur, ce que je redoutais. Voilà pourquoi je ne voulais pas m'accrocher à elle, pourquoi je voulais rester loin d'elle. Je me suis laissé aller, je me suis attaché à elle et maintenant c'est la merde.

Je tourne toujours plus fort la poignée d'accélération, cherchant à aller de plus en plus vite, pour enfin ressentir ce que j'aime tant avec ma moto.

Vis pour moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant