Chapitre 36

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Mia

Lundi 4 mars,

Quand le réveil de mon téléphone se met à sonner, je lance ma main dans sa direction pour l'éteindre en grognant. Je me suis endormie tard hier soir et je n'ai aucune envie d'aller en cours aujourd'hui.

Mon esprit met un moment à émerger et quand j'essaie de me lever, un poids affreusement lourd me cloue au lit. En tournant la tête en direction du poids en question, je me retrouve face à un beau brun, à la chevelure noire, les yeux clos et à la respiration profonde, lui-même profondément endormi. Mon cerveau se réveille d'un coup, et je réalise qui est ce beau brun endormi dans mon lit, son bras accroché à ma taille comme si elle représentait sa bouée de sauvetage. Quelques mèches rebelles cachent ses yeux, ses traits ne sont pas graves ou tirés, son visage est apaisé, serein. J'ai le réflexe de déblayer les mèches de devant ses yeux, et de caresser d'une manière si douce son visage qu'il ne doit probablement pas le sentir. Ethan endormi à côté de moi, je m'autorise un instant à le contempler et profiter de sa présence avant que la réalité ne me revienne en pleine face.

T'es piquée.

La ferme.

Malgré mon envie très, très lointaine d'aller en cours, j'essaie tant bien que mal de me lever en essayant de ne pas réveiller Ethan. Je saisis délicatement son poignet, le lève et le repose délicatement sur le matelas. Je respire à peine, de peur qu'une respiration trop bruyante ne le sorte de son sommeil. Je me redresse, assise sur le bord du lit, et je le contemple une dernière fois. J'aime le voir dans cet état, vulnérable, loin de tous ses démons qui le pourchassent à longueur de temps et à cause desquels il est si en colère.

Je me lève et me dirige sur la pointe des pieds vers la salle de bain, priant pour ne pas croiser Sam.

SAM.

Ouaip, t'es dans la merde meuf.

J'ai laissé Ethan dormir avec moi, dans ma chambre, dans mon lit, sans penser une seule seconde à Sam. Si mon frère est rentré hier soir, il aura forcément vu la moto d'Ethan garée devant l'appart, et comme celui-ci me l'a appris hier, c'était l'anniversaire de la mort de ses parents donc mon frère aurait sûrement voulu le voir. Et s' il l'a cherché, il ne l'aura pas trouvé dans sa chambre. Est-ce qu'il est venu vérifier dans la mienne ?

Oh seigneur...

Une boule au ventre aussi grosse qu'une pastèque se forme dans mon estomac, mes mains deviennent moites et tremblantes. Si Sam nous a vu hier soir, on est foutu. Comment pourré-je expliquer à mon frère pourquoi son meilleur pote, que je déteste mais pas tant que ça, a dormis avec moi, dans MA chambre, dans MON lit, sans qu'il ne se fasse dix milles scénarios et retourne tout dans l'appartement ? Ma respiration est devenue saccadée, mon cœur bat beaucoup trop vite, je commence à paniquer. J'ouvre délicatement la porte de ma chambre, mais comme pour se moquer de moi, celle-ci émet un énorme grincement, je peste en silence. Je passe légèrement la tête dans le couloir, juste ce qu'il faut pour faire du repérage : à droite vers le salon, aucun bruit ; à gauche vers sa chambre et la salle de bain, R.A.S. Je pousse un long soupir de soulagement et ris de mon comportement. J'avance d'un pas sûr vers la salle de bain, quand mon frère arrive au même moment.

—Hello petite marmotte !

Je me fige, les yeux écarquillés, la respiration coupée.

—Ben qu'est-ce que t'as ? T'en fais une tête !

Et il se dirige vers sa chambre.

Bon sang.

Je me remercie intérieurement d'avoir fermé la porte de ma chambre en courant jusqu'à la salle de bain. Il ne faut pas que ce genre de situation se reproduise parce que je vais avoir une crise cardiaque, et je suis beaucoup trop jeune pour mourir.

Vis pour moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant