12

2 0 0
                                    


La pénombre recouvrait peu à peu Mya lorsqu'elle arriva enfin à proximité de chez elle. Le hululement d'une chouette l'accompagnait. Elle avait tant bien que mal essayé de camoufler les traces de son énième fuite pour ne pas inquiéter son cadet, mais doutait que ce serait suffisant. Alors qu'elle s'apprêtait à contourner la vieille bicoque lui servant d'habitation, dans le but de passer par sa fenêtre, elle entendit un craquement de feuilles mortes. Perpétuellement sur le qui vive, elle sursauta, mais sa crainte se mut en pincement au cœur en entendant des sanglots étouffés.

- Nol, c'est moi. Pourquoi tu pleures comme ça ?

En entendant la voix de son aînée, le garçon se redressa brusquement.

- Mya ? C'est toi ?
- Qui tu veux que c'est ? Andouille. Tu connais quelqu'un d'autre qui connaît notre planque ?

Le jeune garçon se leva et courut vers sa sœur, malgré un boitement prononcé.

- Cours pas comme ça ! Ta jambe elle guérira jamais sinon !
- J'ai eu tellement peur. Tu revenais pas, j'ai cru qu'ils t'avaient attrapé, et qu'ils allaient te-

La voix de Nol se brisa, si bien qu'il ne put terminer sa phrase.

- Mais non, je t'ai déjà répété mille fois que je reviendrais toujours parce que mon petit frère m'attend.
- Pourquoi t'es griffé partout ? T'as encore dû t'enfuir ? Je veux plus que tu fasses ça ! lança sa petite voix pleine d'accusations.

Impossible de lui cacher quoi que ce soit. J'espérais qu'il mettrait plus de temps à s'en rendre compte.

- Mais non. J'ai glissé, et je suis tombée dans des ronces.
- Je te crois pas ! Arrête de faire ça ! C'est trop dangereux ! Je veux plus que tu y ailles.
- Et comment tu penses qu'on va manger ? Tête de linotte !
- Tu pourrais cultiver devant la maison, comme les autres gens.
- Sans outils ? Le vieux les a vendus. À la main je vais pas aller loin. Voilà quoi. Tu veux que j'en vole ? conclut Mya avec un air espiègle.
Nolan écarquilla les yeux avec effroi.

- Non ! Non surtout pas !

Il se renfrogna, en mettant ses petits poings sur ses hanches.

-C'est n'importe quoi de les avoir vendus.

Mya lui ébouriffa les cheveux avec affection.

- Allez, arrête de te stresser comme ça. T'es trop petit pour ça. Voilà quoi. Viens on rentre, je vais te soigner ta jambe. J'ai récolté du plantain et de l'achillée millefeuille. Je vais te faire un cataplasme.
- Merci Mya ! T'es ma meilleure grande sœur préférée.
- Encore heureux microbe, je savais pas que t'avais d'autres frères et sœurs.
- Mais même. Y en aurait d'autres, tu serais ma préférée quand même.
- J'imagine que je dois être contente alors ?
- Euh, oui, hésita le garçon.
- Marche pas si vite ! Ta jambe. Appuie-toi sur moi plutôt. Quelle idée d'être allé t'écorcher comme ça. T'imagine si t'étais tombé sur la tête ! J'aurais fait comment moi sans toi, hein ?
- T'aurais plus à prendre autant de risques pour que je mange, et tu serais pas obligé de rester avec le vieux.

Mya flanqua un coup derrière la tête de son petit frère.

- Je t'interdis de dire ça !
- C'était pour aller chercher les patates magiques.
- Quoi ?
- On m'a dit que si je grimpais assez haut j'arriverais à en récupérer. Comme ça tu aurais plus jamais besoin de prendre des risques.
- Des patates magiques ?
- Quand t'en mange, t'as plus jamais faim.
- C'est pour ça que t'as grimpé à cette falaise ? Mais enfin Nol, elles existent pas ces patates. Quand même. Sinon ça fait longtemps que j'en aurai ramené. Tout le monde en aurait déjà mangé. Tu t'imagines ? Plus jamais avoir besoin de manger. Allez, grimpe.

Nol baisse la tête, honteux de sa crédulité.

- Merci d'avoir voulu m'aider mon grand. Ça me fait vraiment plaisir.

Castelizia.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant