Après avoir quitté Goulven, et quelques minutes de Marche de plus, Mya était sur le point d'arriver chez elle, quand un petit garçon arriva à sa rencontre en boitant
— Mya ? C'est toi ? demanda-t-il de sa voix juvénile.
— Pas si fort Nol.
— T'as été super longue, j'ai eu beaucoup trop peur.
— Faut pas. Ta grande sœur elle est trop forte. Plus que les méchants. Elle rentrera toujours. Et tu sais pourquoi ?
— Non ?
— Parce qu'elle a son petit frère qui l'attend, alors elle est obligée de rentrer. Allez viens là.La jeune voleuse serra dans ses bras son petit frère, qui tremblait d'inquiétude. Il s'en trouva apaisé, et ses tremblements cessèrent peu à peu.
— Tiens, mange ça.
— Ouah, une pomme ! s'émerveilla le petit garçon avant d'arborer un visage inquiet. Mais toi alors ?
— J'en ai une aussi ? Mange vite.
— Oh trop bien ! Mais tu vas ramener quoi à papa ?
— J'ai des poissons, et un peu de pain. On en mange la moitié du pain, et on lui ramène le reste. Et voilà quoi.
— Mais il va te fâcher, c'est pas assez.
— T'en fait pas pour ça. Mange vite avant qu'il nous cherche.
— Mon morceau est plus gros, tu vas avoir faim.
— J'ai déjà mangé avant, menti Mya.
— À bon. Tant mieux.
— Parle pas. Mange.Le petit garçon n'eut pas besoin de se faire prier. Il dévora avec appétit tout qu'il avait à manger, sans prêter attention à Mya, qui le couvait du regard.
Une poignée de minutes plus tard, les deux enfants avait terminé jusqu'à la dernière miette de leur quelques aliments, et était sur le pas de la porte de la vieille baraque leur servant de maison. C'était une bicoque, qui donnait l'impression de pouvoir s'écrouler à tout moment. Le vent et la pluie s'y engouffraient, mais c'était tout de même un abri. Une fois chauffée par un feu de bois, elle devenait plus ou moins habitable.
Mya inspira un bon coup avant d'appuyer sur la poignée.— C'est nous papa, on est rentré.
— T'étais où toi ? interrogea l'homme imposant, en saisissant l'oreille de son jeune fils. On a pas à traîner les rues comme ça à trois ans.
— J'ai quatre ans.
— Et t'avise pas à me répondre en plus.
— Il s'inquiétait pour moi, quand-même. Il est venu m'attendre.
— Je t'ai pas demandé ton avis à toi. T'as fait quoi tout ce temps ? T'es bien longue, j'espère que t'as ramené quelque chose de potable. Deux poissons et un bout de pain ? C'est pas avec ça qu'on va tous se nourrir. Tempi, on va partager, ce sera déjà ça.Un peu plus loin, Goulven arrivait lui aussi chez lui. Sa baraque paraissait aussi vieille que celle de Mya, pourtant, elle n'en avait pas l'aspect délabré. Elle était en partie recouverte de lierre, et des fleurs sauvages, soigneusement plantées, agrémentaient ses contours. Surtout, un entretien régulier lui permettait d'être maintenu en état, et donc de maintenir le vent et la pluie à l'extérieur. Malgré l'âge avancé du bâtiment, c'était un lieu où il faisait bon vivre.
— Je suis rentré !
Une femme d'une quarantaine d'années, dont la vie avait prématurément vieilli les traits, pénétra dans la pièce en entendant le jeune Goulven.
— On t'attendait, mais… où t'as trouvé tout ça encore ? J'espère que tu prends pas de risque, au moins mon petit chéri.
— T'en fait pas maman.
— Ça me fait peur quand tu disparais comme ça. Je préfère pas savoir comment tu t'y prends, de toute façon. C'est avec la petite fille de ton âge qui est toujours avec toi que tu trouves de la nourriture ? Comment elle s'appelle déjà ?
— Elle s'appelle Mya. Oui c'est avec elle. Mais je croyais que tu voulais rien savoir.Lauren grimaça.
— Oui, mais, enfin… non, tu as raison. Mais j'aime pas tellement que tu sois autant avec elle. Son père est un drôle d'homme. Il dégage quelque chose qui me plaît pas. La rumeur dit que c'est lui qui aurait tué sa femme.
— C'est n'importe quoi ! Tu sais très bien qu'elle était malade depuis des années ! Et c'est pas parce que son père est méchant qu'elle est comme lui. C'est mon amie maman, je veux pas la laisser tomber.
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Castelizia.
AdventureMya et Goulven, deux jeunes amis, ont toujours eu une vie compliquée. Isolés dans une contrée qui ignore tout du reste du monde : pour survivre eux et leurs familles, et déjouer la vigilance de la Garde royale, ils ont su unir leurs forces, et profi...