Castelizia.

8 Joanh

Goulven vient de partir. Sûrement rejoindre son amie. Qu'est-ce qu'elle peut bien lui trouver à ce gosse. C'est qu'un gringalet. C'est à se demander comment il ne s'envole pas au moindre coup de vent. Même cette gamine s'est fait avoir par ses numéros de charmes, faut croire.

Avant de rentrer, je veux quand même aller voir sa nouvelle invention. C'est plutôt malin, je suis obligé de le reconnaître, mais je préfèrerais bouffer mes chaussures plutôt que de le dire tout haut. Il trouve toujours un moyen d'attirer toute l'attention sur lui. C'est le chouchou. Il n'a pas besoin de se faire bien voir comme ça, de toute façon, quoi qu'il fasse, c'est merveilleux. Il n'a qu'à lever le petit doigt pour que tout le monde crie au fantastique. Et pourtant, c'est moi, Joanh, qui me tapait tout le travail difficile. Mais ça, tout le monde s'en fiche. La petite merveille, c'est Goulven. Et je n'ai rien à dire. Si je fais la moindre réflexion sur le petit protégé, les parents prendraient encore sa défense, comme toujours.

Je soupire en pensant à tout ça, avant de rentrer au chaud. En passant devant la chambre de Goulven, une idée me vient. Je suis sûr depuis un moment qu'il planque dans sa chambre une partie de la nourriture qu'il ramène. Il aurait qu'à la conserver en la faisant sécher. Qui sait ce qu'il peut tramer avec sa nana. Je rentre donc discrètement dans sa pièce, après avoir vérifié que personne ne me voit. Je regarde dans les moindres recoins, remuant le désordre, mais pas de nourriture en vue. J'ai du mal à contenir ma déception. Avec ça, peut-être que les parents auraient arrêté de ne voir que par lui. Tempi, je trouverai autre chose un autre jour.
Pourtant, en regardant au-dessous du lit, au cas où il aurait eu la stupidité de ne pas mieux cacher ses réserves, un bout de papier attire mon attention. Ça a l'air caché. Je le récupère, content de peut-être tenir quelque chose.

Ça a l'air d'une lettre. C'est sûrement de notre grand-père. Qui d'autre aurait pu lui écrire. Ce petit crétin avait même trouvé le moyen de me voler la vedette avec le vieux. Lui aussi il voyait que par lui. Je finis par la reposer cette fichue lettre, et à sa place en plus. Je vais quand même pas le priver d'un truc qui vient du vieux, il doit vachement y tenir. De toute façon, je ne comprends pas un traître mot ce stupide bout de papier. Grand-père a bien essayé de m'apprendre à lire, mais ça m'a très vite soulé, et il avait abandonné. Goulven, lui, avait réussi en un rien de temps. Ça m'avait encore plus agacé.

Je soupirai, et je quittai la pièce, aussi discrètement que j'y étais entré. Déçu.