Prologue - Joe

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  Nous voilà de retour à Chicago après avoir passé tout le mois de juillet à Paris. Je suis partie en vacances avec mes parents et mon frère, Maël, qui est en train de me raconter le film qu'il a regardé durant le vol. Je ne l'écoute pas vraiment, distraite par ma playlist qui tourne en boucle dans mon casque depuis 9 heures. Je crois entendre qu'il a regardé 4 films d'affilés, mais ayant été assise à côté de lui pendant tout le vol, je dirai qu'il a plus dormi qu'autre chose. Quant à moi, je n'ai pas réussi à fermer l'œil, je ne me sentais pas très bien et mon frère, de ses 1m85, prenait toute la place, ce qui rendait le trajet très inconfortable.

   Maël fait partie de l'équipe universitaire de hockey, tandis que je moi je fait du patinage artistique. Mon rêve est de devenir une grande patineuse artistique mais mes parents, bien qu'ils m'encouragent dans ma passion m'ont obligé à poursuivre mes études dans la même université que mon frère « au cas où ». 

  Maël est du genre à attirer l'attention des filles, ses cheveux dorés et son ineffaçable sourire les faisant craquer. Pendant le vol, deux adolescentes françaises n'arrêtaient pas de glousser dès qu'elles le voyaient et c'était juste insupportable, elles ont mêmes essayé de la prendre en photo à son insu avant que je les fusille du regard pour leur indiscrétion. Les gens disent qu'on se ressemble beaucoup et c'est surement car nous avons tous les deux hérité des beaux yeux verts de mon père. On a beau avoir 2 ans d'écart, on s'est toujours parfaitement bien entendu, on est très fusionnels et je ne compte plus le nombre de fois où on nous a pris pour des jumeaux.

  Nous voilà maintenant dans l'aéroport international O'Hare de Chicago, attendant nos bagages. J'ai adoré ces vacances mais ça fait tellement du bien d'être de retour chez moi que je pense déjà au moment ou je pourrais m'affaler sur mon lit, pour récupérer des 7 heures de décalage horaire. 

  J'éteins ma musique dans mon casque et je m'apprête à le ranger quand soudain, un bruit assourdissant retenti. Un coup de feu. Puis deux. Puis une dizaine d'autres me transpercent les oreilles. J'ai à peine le temps de réaliser ce qu'il se passe que mon frère m'empoigne par la taille pour me jeter au sol derrière un muret. Je voie mon père qui d'instinct pousse ma mère sur le côté pour la protéger. J'aperçois à l'entrée de l'aéroport une dizaine d'hommes armés qui tirent sur tout ce qui bouge, je tourne la tête et j'en vois deux autres qui sortent de l'ascenseur avec des sacs rempli de ce que je pense être de l'argent. J'ai mal à la tête, je me sens tellement mal qu'il ne serait pas étonnant que je m'évanouisse. Maël m'entoure toujours de ses bras, sa présence me rassure et je m'efforce de ne pas penser au pire. Il me dit d'une voix qui se veut rassurante :

-        Calme-toi, on va s'en sortir.

  Il m'indique d'aller me cacher sous les bureaux des douaniers pour éviter que l'on soit repéré, il me suit. Cela fonctionne, les assaillants ne peuvent pas nous voir et nous sommes pour l'instant hors de portée d'eux. Les cris et les bruits de panique résonnent dans l'aéroport, l'angoisse me monte à la gorge, j'ai du mal à respirer. J'essaye malgré tout de trouver du calme dans le chaos qui nous entoure en me concentrant sur la présence de mon frère protecteur. Les sirènes de police retentissent et une trentaine de policiers arrivent et je parviens à distinguer dans les débris qu'ils sont beaucoup plus nombreux que les terroristes, et les coups de feu s'accentuèrent. Tout n'est peut-être pas perdu. Je plonge ma tête dans les bras de mon frère et ferme les yeux, il tremble. Je n'en peux plus. Après ce qu'il me semble une éternité, les coups de feu s'affaiblissent et on n'entend plus que les cris des policiers, mêlés à leur bruits de pas lourds et aux sirènes entêtantes.

  Mon frère me dit de rester cachée pendant que lui se relève discrètement pour vérifier que la voix est libre. Un policier débarque devant notre cachette et nous demande d'un ton affolé si nous sommes sains et saufs. Je ne réponds pas. Maël me tend sa main toujours tremblante, lui comme moi sommes couverts de poussière. Des cris d'enfants viennent me briser le cœur, j'entends des personnes hurler de douleur, de peur. Je ne veux pas me lever. J'ai peur de ce que je pourrais découvrir en le faisant. Le policier m'assure que c'est fini, je rassemble tout mon courage et essaye de tenir debout sur mes jambes meurtries. Ma tête tourne et quand ma vue se stabilise je manque de vomir.

   Une vision d'horreur. Un cauchemar. Du sang, partout. Sur le sol, des dizaines de cadavres, des corps de gens innocents qui gisent sans vie partout. Maël avance d'un pas devant moi, son regard est livide et rempli d'effroi, il fixe un amas de corps près de l'ascenseur et se met à hurler de douleur. Un cri qui restera à jamais gravé dans ma mémoire. Avec horreur je découvre les corps de ma mère et de mon père ensanglanté à quelques mètres de nous.

Frozen StarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant