Frozen Star

Chapitre 7 - Joe

Maman vient de rentrer. Elle a bu. Elle boit beaucoup, surtout quand papa est en déplacement. Je l'entends monter les marches des escaliers.

- Johanna où es-tu ? Tu as encore fait des bêtises.

J'ai peur, à chaque fois que je me retrouve seule avec elle, elle me frappe. Elle s'approche, mais j'ai le temps de me faufiler sous mon bureau avant qu'elle n'ouvre la porte d'un coup de pied brutal. Je pleure en silence et je prie pour que Maël ou papa apparaissent pour me tirer de cette situation qui au fil des années est devenue habituelle. Elle me repère assez facilement, comme toujours, et me tire de ma cachette. Elle m'observe quelques secondes, des larmes coulent sur mes joues.

- Tu as peur, t'es une tapette. Je n'ai pas élevé une tapette. Ma fille ne peut pas en être une.

Elle s'énerve toute seule et je la regarde, impuissante.

- Tu n'es pas ma fille, j'ai perdu trop de temps à t'élever espèce de bonne a rien !

Elle m'envoie violemment son pied dans les côtes, je m'écroule par terre mais cela ne lui suffit pas : elle se déchaîne sur moi. Des cris de douleur m'échappent alors qu'elle écrase ma tête avec son genou.

- MAËL ! PAPA ! je crie en dernier espoir.

J'ai le souffle coupé et mon cerveau cesse de fonctionner. C'est comme si j'étais morte, mais en pire.

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- Joe ! Tu fais un cauchemar !

Je me réveille en sursaut, je regarde autour de moi en panique, Maël tient mon visage entre ses mains.

- Elle est là ! dis-je à peine distinctement.

- Non elle ne l'est plus, elle ne te fera plus de mal. Elle est partie, me rassure Mael en me prenant dans ses bras.

Mes yeux peinent à s'habituer à la lumière et je distingue difficilement une silhouette dans l'embrasure de la porte. Je crois qu'il s'agit de Liam, je le reconnais à sa coiffure. Il disparait dans le couloir pour nous laisser seuls. Je calme ma respiration et essaie de me concentrer sur Maël qui essaie tant bien que mal de communiquer avec moi.

- Depuis quand tes cauchemars ont recommencé ? me demande-t-il cette fois-ci sans masquer l'inquiétude bien présente dans son regard.

- Depuis l'aéroport.

Il me sert encore un peu plus fort contre son torse et je me laisse aller aux souvenirs que je préfèrerai oublier définitivement. Tout se mélange : la journée à l'aéroport, la fusillade, l'enterrement, l'hôtel... et plus récemment la trahison de Sarah qui fouille dans mon téléphone. Elle que je considérais autrefois comme mon amie, en qui j'avais assez confiance, et qui était censée garder mes secrets a totalement pété un câble.

J'aurai dû m'y attendre : je voyais bien qu'elle était jalouse depuis le jour où je lui ai annoncé que j'étais en couple avec Hugo. Tiens, en voilà un autre que j'aimerai oublier pour de bon. J'aurai dû me méfier et arrêter d'être trop gentille avec les gens.

- Je vais te faire couler un bain, dit mon frère en me coupant de mes pensées parasites. Tu te sentiras mieux.

Il me porte telle une princesse jusqu'à la salle de bain à côté de ma chambre, fait couler l'eau dans la grande baignoire, pendant que j'attends le regard vide. Ce genre de cauchemar me terrifie, j'ai souvent du mal à revenir à la réalité et à me convaincre que c'est fini.

- C'est bon, tu as besoin d'autre chose ? me demande mon frère.

- Mon téléphone, s'il te plait.