L'amour sous le radar

CHAPITRE 16: "MAUVAIS JOUEUR"

Noé

J'ai perdu bordel.

Je n'ai jamais perdu. Jamais. A aucun de tous les putains de jeux auxquels j'ai pu jouer. Là je viens de perdre pour la première fois de ma putain de vie. C'est une blague. J'ai toujours été compétiteur. Dès l'enfance et ça s'est empiré avec l'adolescence. Lors des combats, du sport ou autre je gagnais toujours. Et jusqu'à ce qu'une jeune femme avec des jambes qui devrait faire parties de l'UNESCO me manipule et me tienne en laisse comme le chiot que je suis devant elle. Je suis retourné dans ma chambre en rallant comme un vieux et j'ai passé plus de temps que d'habitude sous une douche froide. La raison vous semblera évidente.

Je n'ai pas mangé, trop concentré sur mon envie de reprendre le contrôle de la situation. Ma tête fonctionnait à plein régime. Je cherche, encore et encore, un moyen de rivaliser avec cette femme qui me rend fou jour et nuit. Et bordel c'est compliqué. Je ne peux pas refaire la technique du garde-manger, c'est démodé. Je ne peux pas non plus la surprendre pendant une de séance de sport, ça serait une autre preuve de ma soumission pour elle et je ne veux qu'elle ne le sache en AUCUN cas.

Bah si tu n'es pas dans la merde.

Tu ne m'aides pas là.

Bah ce n'était pas prévu.

Eh bien bouge-toi parce que perdre serait intolérable.

Ah bon ? Je pensais que cette femme était devenue ta faiblesse.

Et pour quelles raisons elle le serait ?

Bah un : tu rages. Deux : tu fantasmes. Trois : tu ne cesses de la regarder comme si tu voulais la mordre et la garder avec toi comme le plus beau des trésors. Je continue ou le message est passé ?

Non je crois que c'est bon. Ça va là.

Lorsque mon cerveau commence à court-circuiter, la fameuse femme nous interrompt, mon esprit et moi-même de ma réflexion plus que bordélique. Elle parle sur le canal de communication sécurisé. Sa voix est tellement belle qu'elle pourrait ensorceler des dizaines d'hommes. Le micro grésille légèrement lorsque qu'elle lance sur le canal reliant tous les marins :

- Ici Couronne. Réunion dans moins de cinq minutes à la cantine. Terminé.

Juste sa voix bordel. Je passe ma main dans mes cheveux et je mords ma lèvre. Si c'est pas le gros bordel. Je réagis comme ça à une voix. Des sons qui sort d'une seule bouche. Des putains de syllabes. Mais quelle bouche et quelle femme. Je me lève de mon lit et je quitte le dortoir en direction de celle qui me contrôle. Je marche comme un pantin contrôlé par son marionnettiste. Mes pas sont robotiques et mon esprit continu de divaguer.

On a la réunion post-entraînement. C'est une sorte de bilan de toutes les actions qui ont été faites et des points à améliorer ou à conserver. On se dirige tous vers le devant de la cantine où il y a maintenant un tableau avec différents schémas comme celui de la trajectoire qu'a eu le missile que l'on a lancé hier ainsi que la trajectoire du missile ennemi. Notre missile à pris une direction Nord avant de virer pour atteindre le sous-marin qui se trouvait à une position nord-est. La trajectoire du missile ennemi avait quant à lui pris un virage vers les coordonnées de notre vaisseau qui se trouvait au Sud de leur position.

On trouve aussi une liste de certaines actions et manipulation qui ont été faites comme l'alerte, la mise en amorce de notre torpille, mon travail de communication et celui des gars pour le contrôle sur radar de la chauffe des tubes lance torpilles et de la localisation du sous-marin. Une partie du tableau est resté vierge pour que Lana puisse annoter des infos en plus de celles qui sont déjà indiquées. Et enfin on trouve aussi la carte où se trouve l'itinéraire qui va être pris à partir du point où on se trouve.

On se place tous sur une chaise de la cantine et l'on attend que le reste des marins arrivent. Je suis dans un coin avec Brody qui n'arrête pas de papoter comme une gamine avec James et Elias qui sont devant nous. Shawn est quant à lui à côté de moi et ne peux qu'écouter mon ami déblatérer connerie sur connerie. A ce que j'arrive à intercepter, le sujet serait sur la capacité de mon beau parleur de meilleur ami à toucher son nez avec sa langue et cela même pendant qu'il est entre les jambes d'une fille. Allez savoir pourquoi les deux sont liés.

Lorsque tout le monde est là, elle s'approche et commence son compte-rendu. Je n'écoute rien. Je ne suis concentré que sur ses lèvres. Leurs mouvements si complexes ne sont qu'une source de désir fulgurant pour moi. Je suis une cause perdue. Je ne me détache pas de ses lèvres et de ses yeux. J'ai mainte fois tenté de les dessiner, ses yeux, mais jamais au grand jamais je n'ai réussi à les reproduire.

Trop de nuance de gris s'entremêlent pour que je puisse toutes les représenter. Le gris anthracite est collé au gris d'une perle et à celui des nuages. Trop de cristaux de bleu foncé pour qu'ils soient tous au bon endroit de son iris. Elle est un surplus désordonné de merveilles qui la rendent tout simplement harmonieuse à souhait : ces hanches qui tournent au fil de son monologue me donnent le tournis, ces lèvres qui se pincent quand elle est mécontente d'un résultat, ses cheveux qui se mouvent comme de l'eau entre les rochers lorsqu'ils sont lâchés sont ramenés en chignon et sa petite mèche rebelle ne cesse de torturer ma main pour qu'elle la replace derrière son oreille. Le roulement de ses épaules, le raclement de gorge qu'elle fait avant chaque correction. Je suis tellement absorbé par ce spectacle que lorsque l'actrice principale de dernier m'interpelle je ne réponds pas. Fatale erreur :

- Raffman!!

- Oui vice-amiral !! Répondis-je en sursaut face à l'appel légèrement irrité de Lana.

- Je vous demandais de faire plus attention la prochaine fois à mes ordres. Votre temps de réaction était trop long hier soir. Je n'ai pas besoin d'un poids mort dans mon équipage est ce que c'est compris ?

- Oui Vice-amiral. Répondis-je, les lèvres pincées.

Elle le fait exprès en plus. Sadique et divine. Je note.

La réunion s'achève sur une bonne note et chacun retourne à ses occupations. Je la vois partir d'un pas précipité vers ses quartiers. Les voire partir comme ça, me donne tout d'un coup... une... idée. Cette idée est... eh bien... loin d'être mauvaise. Le plan se dessine dans ma tête comme s'il avait toujours été là, tapis dans un coin de mon esprit, attendant l'heure où il pourrait servir à gagner un point. Ou c'est la meilleure des idées, ou c'est la pire. Mais ne dit-on pas que le bien va de pair avec le mal ?

Oh oui beau gosse.

Elle va voir le poids mort dans toute sa splendeur.

Doucement, je m'enfonce dans le sous-marin, suivant celle qui va subir une vengeance aussi épicée qu'un plat mexicain.

En avant muchacho !