- 𝐈𝐕 -

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༻ 𝐋𝐚 𝐝𝐞́𝐭𝐫𝐞𝐬𝐬𝐞 𝐞𝐬𝐭 𝐮𝐧 𝐜𝐢𝐞𝐥 𝐬𝐚𝐧𝐬 𝐞́𝐭𝐨𝐢𝐥𝐞𝐬, 𝐮𝐧𝐞 𝐚𝐛𝐬𝐞𝐧𝐜𝐞 𝐝'𝐞́𝐭𝐢𝐧𝐜𝐞𝐥𝐥𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐮𝐧 𝐯𝐢𝐝𝐞 𝐢𝐧𝐝𝐞𝐫𝐬𝐢𝐝𝐞́𝐫𝐚𝐥 ༺

❄︎ WINTER ❄︎

Je nage jusqu'à me retrouver à la surface de l'eau. Un bras entourait ma taille, m'aidant à ne pas me noyer à nouveau. Je voulais me débattre et me libérer de son emprise, quitte à être aspirée par les vagues, mais il ne m'en laisse pas l'opportunité.

— Espèce de malade, tu aurais pu nous faire tuer ! je lui reproche en le fusillant du regard.

En retour, un sourire narquois orne ses lèvres.

— Je pensais que tu étais déjà morte ?

— C'était une façon de parler, connard ! Et jamais, je n'aurais pensé que tu nous jetterais du haut de cette foutue falaise.

— Tu as vu la mort de près, maintenant. Peut-être que ça va t'aider à t'éclaircir les idées, il ajoute en glissant sa main libre à la base de mes cheveux humides.

Entre ses doigts, mes mèches glissent aisément. Nos iris sont suspendus, prisonniers d'un échange silencieux que le vent comble avec son doux murmure. Tout le reste s'efface, laissant nos deux existences au premier plan.

— Tu ne risques plus de dire des bêtises, il murmure en agrippant ma nuque.

— Relâche-moi, je lui ordonne en le repoussant.

— Je te sauve la vie et c'est comme ça que tu me remercies ?

Un rire sarcastique quitte la barrière de mes lèvres.

— Au cas où ta mémoire te jouerait des tours, tu m'as jeté dans la mer, tu m'as balancé du haut de la falaise. Tu appelles ça « me sauver la vie » ? enchaîné-je d'un ton agressif.

Hart hausse nonchalamment les épaules, son regard planté dans le mien. Le ciel s'obscurcit, une traînée de nuage gris le parsème comme une peinture sur une toile vierge. L'art du temps peint ce que les mots ne peuvent exprimer, comble ce que les actes ne peuvent compléter et illustrent les sentiments des simples mortels.

Une goutte de pluie manifeste sa présence, suivie de nombreuses autres. Bientôt la frontière entre la mer et le ciel se crée à travers le torrent des larmes des nuages, telle une tristesse profonde de la nature.

— On devrait s'abriter avant de tomber malade, lui fais-je remarquer.

Un sourire espiègle borde ses lèvres. Le noir de ses iris s'assombrit davantage sous ce temps ombragé où le contact de la pluie frappant l'océan sonne identique à une musique pointilleuse.

— Je rêve ou tu t'inquiètes pour moi, la reine des glaces ?

Je prends immédiatement conscience de mes paroles. Une chaleur inopinée afflue dans mes joues, et Hart laisse traîner son doigt sur ma peau fiévreuse.

— Non, je m'empresse de rétorquer. Ne te fais pas des idées.

— Tu es une piètre menteuse, il assène en retour, son nez frôlant le mien.

𝐎𝐕𝐄𝐑𝐊𝐈𝐋𝐋Où les histoires vivent. Découvrez maintenant