...j'oscille...

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J'oscille entre l'éveil et le sommeil agité. Je ne suis qu'une enveloppe de chair meurtris. Je ne ressens rien à part la douleur et l'envie.
Par moment je réussis à ouvrir les yeux, mais les referme presqu'immédiatement pour poursuivre ce sommeil fiévreux.

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Ma peau fond, elle dégouline et se mêle à la poussière pour former une pâte compacte et huileuse.

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— Comment elle va ?
— Je sais pas
— Je sais pas

J'entends des voix.
Je ne sais pas si elles sont dans ma tête où ailleurs mais elles sont nombreuses et s'échouent en échos contre les parois de ma boîte crânienne.

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Je vomis.
Encore.
C'est acide et vert parce qu'il n'y a plus rien dans mon estomac.

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— Elle a l'air mal, elle a l'air mal, elle a l'air mal
— Elle a une sale tête, Elle a une sale tête, sale tête.

Le monde tourne autour de moi, je me trouve quelques part entre les abysses et la réalité, entre le jour et la nuit.

Entre la mort et la vie.

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La terre m'engloutis en son sein, ses bras de terre sont chauds et réconfortant, mais ils m'étouffent. Je manque d'air.

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— Elle pleure ?

Plus rien n'a de sens, les mots se détachent et se reforment dans mon cerveau, m'a perception s'étend, se distend et se distance. Plus rien à de sens et pourtant le monde n'a jamais été aussi clair.

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Mon corps se secoue de spasmes, mais je ne vomis pas.
Il n'y a plus rien à vomir.

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J'ai mal et en même temps je ne ressens que des fourmillements.
Rien n'a de sens. Ri.. .a .e .ens. R... .a d. sen. R... .. d. s.ns.

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Mon corps explose. Je ne suis plus rien.
J'ai peur. Je veux hurler.
Je hurle.
Mais je ne m'entends pas.
Je n'entends plus rien.

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J'ouvre les yeux. Mes paupières sont lourdes, mes muscles douloureux.

— elle se réveille.

Elle se réveille.

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Encore tremblante, je reprends doucement conscience de la réalité. Sous le voile brumeux qui recouvre mes yeux, je reconnais Yemaya. Un plis inquiet fend son front.

— Fay ! Tu vas bien ?

Sa voix est forte, elle m'agresse les tympans, mais je n'ai pas assez de salive pour le lui dire. Je me contente de grommeler faiblement.
Je referme les yeux.
Puis les ouvre. Un peu plus consciente.

Tout me reviens comme un tsunami de pensées. Maia. Max et Abdoul.

L'échec. Le désespoir.

Yemaya n'est plus à mes côtés. Je ne sais pas combien de temps s'est écoulé depuis la dernière fois que j'ai ouvert les yeux.
Je me redresse faiblement, puis me rallonge.
Nous n'avons même pas pris la peine de nous réfugier à l'ombre d'un immeuble.
Chacun s'est contenté d'un morceau de terre sèche pour s'y assoir et attendre quelque chose,

ALKEBULAN T.1.Le cœur du mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant