...je m'étouffe...

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Je m'étouffe. Cette foule m'étouffe. La chaleur m'étouffe. Je ne peux penser à rien d'autre qu'au bateau que je dois rejoindre.

« Tu vas te rendre sur le bateau, dans la cabine de navigation et tu vas brancher la clé usb que je vais te donner, c'est rien de bien difficile »

Bateau, cabine, clé USB.
C'est tout ce qu'il me suffit de faire. Après quoi je retrouverais Yemaya, Sekani et Tara dans cette foule et on trouvera un autre bateau.

Dépêche toi alors.

Je sers le petit bout de plastique dans ma paume comme s'il pouvait glisser à tout moment et faire disparaître mes chances de fuir avec ma sœur.
Il ne reste que quelques heures avant que tout le monde revienne au bateau. Je dois profiter du fait qu'il soit vide pour intervenir.
J'avance aussi vide qu'il m'est possible d'avancer, je joue des mains et des coudes pour me creuser un chemin parmi la foule d'usagers et de marchands en évitant au passage les robots volants.

— Venez goûter les délices des terres Apaches !
— Ici du GH de qualité !

Je ne prends même pas la peine de tendre le cou à la recherche d'un des membres de mon groupe. D'abord le bateau, les autres ensuite.

— Les plus belles femmes du monde se trouvent ici ? !

— Venez découvrir nos  armes les plus redoutables !

Je sens encore la lame de la chasseuse contre mon cou, elle y a sans doute laissé une entaille. Ses mots résonnent dans ma tête et son sourire mauvais me hante.

« Tu vas te rendre sur le bateau, dans la cabine de navigation et tu vas brancher la clé usb que je vais te donner, c'est rien de bien difficile »

Elle n'a donné que ça comme instructions, brancher une clé USB et fuir.

Aussi facile qu'un bonjour.

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Je transpire pourtant à grosses gouttes et j'ai le cœur au bord des lèvres.
Il suffit que je branche cette clé et on sera libre.
Il suffit que je branche cette clé et on sera libre.

Mais à quel prix ?

J'essaye de ne pas y penser, mais ça m'est impossible. Cette clé va pirater le système de navigation et changer la trajectoire du bateau pour repartir vers le nouvel ordre. Tout les déserteurs présents dessus seront reçus par des chasseurs armés et trop nombreux pour espérer fuir.
Ils seront condamnés.

Tu les condamneras.

C'est ça ou risquer la vie de mes compagnons.

— Des plantes ! Des vraies plantes viables et émettent de l'oxygène !

Il y a des enfants sur ce bateau.

Je déglutis et essuie les perles de sueur qui me gouttent dans les yeux.

Ils vont tous mourir à cause de toi.

Je secoue la tête pour ne pas y penser. Elle ne m'a pas donné le choix. Nous n'aurions pas pu lui échapper elle nous aurait retrouvé et ramené pour écorcher vivants mes compagnons et m'obliger à devenir une poule pondeuse pour le restant de mes jours.
Là, j'ai la possibilité de changer ce destin, d'offrir une vraie liberté à Yemaya, Sekani et Tara.

Au prix de centaines de vie.

Un homme me bouscule violemment avant de se tourner et de me cracher des mots d'une langue pleine de K et G. Je me redresse le dos vouté en baragouinant des excuses qu'il balaie d'un revers de main avant de poursuivre son chemin.
Je tends le cou à la recherche du bateau, je ne tarde pas à le repérer dans le port, sa coque rouillée et cabossée par les âges jure parmi celles flamboyantes et peintes de couleurs vives de ses voisins.
Je m'engouffre sans réfléchir dans la foule et me dirige droit vers l'embarcation.

ALKEBULAN T.1.Le cœur du mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant