Mon crâne est douloureux et les mouvements du bateau n'arrangent rien.
Je suis en vie.
C'est ma première pensée et mon premier constat. Je suis en vie. Entière ? Je ne sais pas, mais je respire et j'étends mon cœur battre de façon plutôt régulière.Qui ? Pourquoi ? Comment ?
Aucune idée et aucune importance. Je me noyais et j'ai survécu.
Lentement je bouge mes orteils, mes doigts, je remus mon nez et le bout de mes lèvres. Mon corps tout entier est engourdi et chacun de mes mouvements est douloureux mais tout est bien en place. Je m'en sors étrangement bien.
Je commence peu à peu à prendre conscience de mon environnement. Il fait chaud, des perles de sueurs gouttent sur mon front mais c'est agréable. Le bateau tangue furieusement, déplaçant des objets et faisant grincer des meubles. C'est calme. Je ne suis pas dans la cabine partagée. Il n'y a ni chuchotements, ni ronflements, je n'entends que ma respiration et les grincements.Oú es tu ?
Je papillonne des cils pendant quelques secondes avant de finalement réussir à les ouvrir.
Une brume épaisse recouvre ma vue et ne me permet que de distinguer les formes et les couleurs. C'est suffisant pour confirmer mes doutes : je ne suis pas dans la cabine commune.Mais oú ?
Au bout d'un certain temps ma vue s'éclaircit, j'arrive à distinguer de vieux livres en papier jaunis posé sur un bureau modeste rouillée sur les côtés, des vêtements propres soigneusement pliés dans un coin près d'un sac en toile d'une gourde et d'une assiette vide. Une lampe orange est accrochée au plafond et se balance dans le vide au rythme du bateau. Elle éclaire assez bien la pièce et ses rayons s'emprisonnent dans un objet étrange posé contre le mur. Long et fin il doit faire la moitié de ma taille, cela ressemble à...
...un sabre.
J'en ai vu passer un certain nombre sur les étales du marché noir, longs, courts avec une lame en fer ou laser toujours légèrement abîmés, jamais neuf. Cette objet ressemble à ces armes mais je n'en ai jamais vu de tel, lame noire recourbée, manche gravé de symboles étranges et élimé par le temps.
C'est familier.
Ces symboles ne sont pas si étranges que ça. Inconnus peut être, mais j'en ai déjà vu des similaires. Sans doute au marché noir.
Serait ce l'explication des voyages d'Arsan ?
Un commerçant ? Un vendeur d'armes ? Ça me semble cohérent.
Mais pourquoi ne pas le dire ?
Je poursuis mes observations : je me trouve allongée sur un lit, je sens la mousse du matelas plier sous mon poids quand j'entreprends de me redresser malgré une migraine lancinante.
Une masse chaude glisse sur ma hanche, me faisant sursauter et dégageant la couverture sous laquelle je me trouve. Je me fige. Un bras. Un bras brun et des mains blanches, posé mollement sur mon ventre...nu. Je remarque qu'un simple linge me couvre la poitrine, mes vêtements ont disparus.Je n'ai pas le temps de me poser plus de questions, je pousse un cri en m'écartant du lit. Un morceau de tissus similaire me couvre les parties intimes, une protection insuffisante pour la température de la pièce. Le froid me mord instantanément la peau que je tente de couvrir de mes bras tremblants.
Je constate avec effroi qu'Arsan se trouve allongé près de là où je me trouvais, pas plus vêtu que moi. Il bat ses longs cils brun d'un air confus et me fixe de ses yeux ensommeillés, dans lesquels la lumière projète de petites flammes jaunes.— Ayor ?
La peur crispe mes traits. Pourquoi je suis là? Pourquoi avec lui ? Que c'est il passé ?
Le sommeil quitte son visage en quelques secondes, laissant place à de la panique.
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ALKEBULAN T.1.Le cœur du monde
Ciencia FicciónDans un futur où la mélanine est devenue le bien le plus précieux de l'humanité. Les personnes les plus foncées sont contraintes de donner leur peau et leur sang pour aider les plus claires. Pour sauver sa grande sœur atteinte de drépanocytose, Fayy...