ALKEBULAN T.1.Le cœur du monde

...à l'ombre du soleil...

A l'ombre du soleil de l'après-midi, Yemaya assise entre mes cuisses, j'entreprend de défaire les tresses faites par Tara. Elles sont serrées et sales mais se laissent apprivoiser entre mes doigts.
J'entends la voix de Yemaya mais je ne l'écoute pas. J'imagine qu'elle ressasse les nombreuses rumeurs que l'on entend à propos d'Alkebulan.
Depuis 1 semaine que nous sommes sur ce bateau chaque jour est plus confusant que le précédent. Les rumeurs ne font que grandir parmi les voyageurs, elles gonflent, se déforment et ne sont jamais les mêmes. Se raconter des histoires étant une des seules distractions sur le bateau, des groupes se forment à toute heure de la journée pour ressasser ce qu'ils pensent savoir. On parle d'une immense cité caché au milieu de désert, d'arbres gigantesques et de bâtiments en or.

De nourriture intarissable et d'eau à 100% potable.

Certains racontent que l'air est si pure s'il guérit certaines maladie d'une simple respiration.

Que la nourriture pousse que les arbres et est gratuite.

On parle d'un gouvernement qui verse une somme conséquente aux nouveaux arrivants.

On parle d'avion immenses parfumants les rues de la ville.

D'êtres divins censés protéger cet endroit des intrus.

De rues si propres qu'on pourrait y manger à même sol.

D'autres encore maintiennent qu'il s'agit d'un paradis réservé aux morts et que la seule destination qui en vale la peine est celle où on sera en sécurité.

Ils n'ont pas tort.

Ceux là sont assez nombreux et réussissent tout les jours à convaincre de nouvelles personnes. Mais le mystère reste le même.

Oú allez vous exactement ?

Arsan ne m'a rien dit de conséquent et je ne me suis pas rendu sur le pont depuis notre dernière conversation.

Tu le fuis.

J'ai tenté de me rapprocher de Raeggar pour lui soutirer des informations mais il n'a pas délié la langue. J'ai essayé de parler à d'autres membres de l'équipage mais aucun ne semble intéressé à l'idée de me parler.

Pas que toi.

Ils ne parlent qu'entre eux. J'ai passé des heures à les observer jouer aux cartes et pêcher le poisson. Ils ne s'adressent jamais à nous, les déserteurs.

Tu penses trop.

Je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi ? Pourquoi on ne nous dit rien ?

— Fay

Peu importe oú l'on se rend il va falloir que je reste vigilante. Du coin de l'œil j'observe le bateau comme je l'ai fais des centaines de fois à la recherche de quelques chose de valeur. La moindre choses pouvant nous rapporter de l'argent une fois sur place.

Habitude de voleuse.

— Fay

Je ne suis pas experte en économie et je ne connais pas les règles de la vieille terre, mais je suppose que le fer peut être troqué, tout comme l'eau potable et les vêtements.

Peut être peut être pas.

Il faut que je trouve un moyen de voler sans me...

— Fay ! Tu m'écoutes ?

Je baisse la tête vers Yemaya à moitié tourné vers moi. J'ouvre la bouche pour répondre.

— Pas la peine de mentir je sais que tu m'écoutais pas. À quoi tu penses pour malmener ma tête comme ça ? Se plains t'elle en se massant le crâne.