...la voix vient...

89 8 18
                                    


La voix vient de ta droite.

Du moins je crois. Impossible d'en être vraiment sûre.

— Et pourquoi on ferait ça ? Tenté je.

C'est de la folie.

— Tu la ferme sale chienne !

Une deuxième voix.

A droite aussi.

Du moins tu crois.

On a qu'une seule chance de s'en sortir vivant.

La bombe.

Jeté au bon endroit.

Au bon moment.

En espérant bien sûr que les chasseurs soient vulnérables contre elle.

Pleins de suppositions, pas de certitude.

Ils sont surentraînés, rapides, précis, stratèges. Ce serait de la folie de penser leur échapper.

Pourtant tu y penses.

Ils pourraient tirer et viser juste avant même que je n'ai pu lever le bras pour lancer la bombe. Ils pourraient tirer maintenant alors que je suis en train de réfléchir.
Je devrais avoir peur, mais je ne sens rien. Je sens vaguement mon cœur battre et la sueur tremper mes vêtements. Comme dans un rêve je n'ai conscience que des choses approximativement.

C'est de la folie.

Mais c'est notre meilleure chance, surtout qu'ils ne peuvent pas nous tuer maintenant, seulement nous endormir avec des balles tranquillisantes.

Sauf toi, toi ils peuvent te tuer.

Le risque qu'on prend c'est d'échouer et de se faire assommer pendant des heures.

Toi tu prends le risque de mourir.

— Mettez vos mains en évidences et allongez vous face contre terre.

Prêt de moi j'aperçois Tara obéir et commencer à se baisser lentement.

C'est maintenant où jamais.

— Toi aussi la traîtresse, face contre terre.

Mon pouce s'enfonce dans le bouton de la bombe, un léger cliquetis puis la détonation. Je ne peux plus revenir en arrière, il va falloir que je la jette.

— Face contre terre !

D'un geste brusque je balance la bombe au dessus de ma tête, sur la droite.

En espérant que tu ai eu raison.

Une rafale bruyante s'abat sur nous comme le tonnerre. Je m'allonge face contre terre en espérant y échapper. Je sens les balles fuser autour de nous, certaines passent juste à côté de moi.
Puis elle explose.
Une vague de chaleur brutale passe au dessus de nous et nous brûle la peau. Le bruit nous perce les tympans à nous rendre sourd.
Et ça dure longtemps.
De longue secondes à ne rien voir, rien entendre et à sentir l'odeur de souffre et de cramé qui s'échappe de nos corps.
Je ne sais même pas si les autres ont réussis à se protéger, je ne sais pas s'ils ont eu les bons réflexes.

Tu ne les a pas prévenus.

Quand ça se termine enfin, j'ai le bip familier dans les oreilles et ma tête tourne.
Il n'y a plus rien.
Les femmes du camps ont disparues, certains bâtiments ce sont écroulés et autour de nous des centaines de balles qui n'ont pas atteint leur objectif jonchent le sol.
Je constate avec soulagement que tout le monde va bien et émerge doucement.
Ma tête tourne.

ALKEBULAN T.1.Le cœur du mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant