L'avancée est laborieuse, j'ai l'impression que mes jambes s'enfoncent plus profondément dans l'amas mou d'ordures au fur et à mesure qu'on avance. J'ai les muscles douloureux et l'odeur nauséabonde pèse dans mes poumons malgré le masque censé faire barrage. L'intérieur de ma poitrine me lance à chaque fois que je respire et ma peau me démange. Je lance un regard au reste de la bande, je constate que je ne suis pas la seule à ressentir cette affreuse pesanteur.
Vous êtes lents.
Impossible d'avancer plus vite, chaque pas est plus difficile que le précédent et nos jambes s'enfoncent jusqu'à la cheville dans les tas d'ordures pourrissant que nous parcourons.
Vous êtes lents.
Nous ne sommes pas assez préparés, pas assez bien équipé.
Je regarde Yemaya, sa blessure ne saigne plus, mais son pas est lourd et sa poitrine se soulève à intervalles irréguliers.L'effort réveille ses crises.
Je pose ensuite le regard sur sa robe jaune maintenant imbibée de sang séchée et déchirée sur le bas, dévoilant la peau de ses jambes brunes. Je serre les dents en essayant de repérer des traces de plaies malgré l'obscurité. Au bout de quelques secondes d'observation je suis soulagée de constater qu'aucune égratignure n'apparait.
Ça ne durera pas.
Il faudra lui trouver des vêtements adaptés.
Oú ça ?
Je repense aux derniers mots de madame Konaté, à ce camp de femme qu'on est censé trouver. Là bas nous trouverons des vêtements.
Là bas où ?
Je jette un regard derrière moi, on aperçoit encore le grillage rouillé de la déchèterie et derrière lui les formes nettes des bâtiments du district de La Muette. Nous n'avons même pas effectué 10% du trajet et je ne sais même pas où ce trouve ce fameux camp.
S'il existe encore.
— Elle va bien.
Surprise, je me retourne vers Sekani, désormais à mes côtés. Je le dévisage pendant un instant, ses verres transparents luisent à la faible lueur de l'hologramme qu'il tient dans sa paume. Sa mâchoire se contracte à intervalles réguliers, laissant transparaître son angoisse.
— Tu as trouvé quoi avec le code ? demandé je pour changer de sujet.
— Des instructions, apparemment il y a un passage dans la déchetterie qui mène sur une route abandonnée, ensuite on doit la suivre pour arriver à l'océan et là bas un bateau nous attend, normalement.
Normalement.
Toujours des suppositions, un plan entier reposant sur des peut-être.
— Ça à l'air si simple, soupiré je, sans lui prêter attention.
— Le code contenait un gps que j'ai ajouté à mon pod, on à l'itinéraire exacte, on ne peut pas se perdre.
Comme s'il s'agissait du plus difficile.
— Ce n'est pas ça qui m'inquiète.
Il ne répond rien.
Que pourrait t'il dire de toute façon ?
— comment tu as trouvé cette puce ? Me demande t'il soudain.
Je garde les yeux rivés devant moi.
— Je l'ai volé.
Je sens son regard peser sur moi mais je réussis à me retenir de le regarder.
— si tu l'as volé comment tu as su que ça allait nous aider ?
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ALKEBULAN T.1.Le cœur du monde
Ciencia FicciónDans un futur où la mélanine est devenue le bien le plus précieux de l'humanité. Les personnes les plus foncées sont contraintes de donner leur peau et leur sang pour aider les plus claires. Pour sauver sa grande sœur atteinte de drépanocytose, Fayy...