...lorsque je me réveille...

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Lorsque je me réveille, je ne sais pas depuis combien de temps j'ai dormi, je constate simplement que je suis toujours au même endroit, la langue pâteuse, affamée et seule.

Oú est il allé ?

J'émerge doucement de mon sommeil et observe curieusement la pièce autour de moi, Arsan ne se trouve nulle part et l'ampoule qui diffuse sa lumière orangée dans la pièce pend au bout d'un câble au rythme du bateau. Je m'assois sur le lit en m'enveloppant des couvertures et j'attends que mon vertige passe. Je reste assise longtemps.

Et Arsan ne revient toujours pas.

Le bateau tangue furieusement, m'indiquant que la tempête n'est toujours pas terminée. Je resserre les épaisses couvertures autour de mon corps et me relève, puis me rassois. Que suis-je en train de faire ? je ne peux pas sortir comme ça, je ne saurais même pas où aller. Je reste donc assise sur le lit, le regard dans le vide attendant le retour tardif d'Arsan. Le manque se fait cruellement ressentir, une épaisse couche d'amertume se pose sur ma poitrine à mesure que je l'imagine ne jamais revenir. Je ne le connais pourtant pas, il n'est qu'un inconnu rencontré au cœur de lune. Pour tromper l'attente, je me lève malgré des jambes tremblantes et une migraine. Je me hisse sur la pointe des pieds pour éviter au maximum de toucher le sol glacé et me dirige vers le bureau.
Je passe ma main sur la couverture usée du premier livre qui s'offre à moi don le titre est complètement effacé.

Pourquoi des livres ?

Curieuse, je l'ouvre et fait défiler les pages jaunes et craquantes. Je découvre des pages entières noircies d'une écriture serrée dépeignant des symboles que je ne reconnaît pas. Avec un peu d'attention je remarque que les mots originels du livre, imprimés à l'encre noir, on été effacé, gratté à même la page. Certainement pour laisser place à l'écriture indubitablement manuscrite qui repose désormais sur le papier. Je fais défiler les pages et remarque un schéma récurent, en haut à droite de certaines pages il y'a 5 lignes représentant souvent les mêmes caractères.

Une en tête de journal peut être ?

Je remarque aussi des dessins, des plans, des trajectoires, des bâtiments, des...

...animaux.

Je fronce les sourcils devant le schéma plus que réaliste d'une des bestioles qui nous a poursuivit dans la décharge. Tout autour il y a des annotations que je ne pourrais pas déchiffrer même si je savais lire tant les symboles me semblent étrangers.  Sur la page suivante je tombe sur des croquis troublants dépeignant l'anatomie de l'animal.

C'est donc ça qu'il étudie ?

Quelques pages plus loin je découvre un dessin similaire mais représentant cette fois un chien.
Je feuillette encore les pages, avec la sensation de plus en plus grandissante que je ne devrais pas.

Arrêtes toi avant qu'il revienne.

Je découvre d'autres animaux, d'autre plans. Je reconnaît l'organisation de nos districts, le palais présidentiel, les centres de prélèvements, et puis commence une séries de portraits particulièrement réussis. Un chasseur, un couple d'Afroïde, puis de caucasoides et enfin de Nervidiens.
Je me fige devant un portrait surprenant, dépeignant un visage sévère et creusé de rides. Un visage trop familier pour que je ne le reconnaisse pas.

Madame Konaté.

Pourquoi ? Se sont ils rencontrés ? Quand ? Mes mains tremblent quand je feuillette les pages suivantes. Mon cœur tambourine dans ma poitrine et un filet de sueur me coule sur la tempe.

Que fait madame Konaté dans les pages de ce livre ?

Cette femme est bien trop malicieuse pour que ce soit par hasard. Il y a eu interaction, c'est certain, mais pourquoi ? À propos de quoi ?
Je tombe sur le portrait de notre présidente, solennelle, droite. Une inscription souligné plusieurs fois prend place aux côtés de différentes annotations.

ALKEBULAN T.1.Le cœur du mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant