Chapitre 25

27 0 0
                                    

Comme nous l'avions prévu la veille, nous devions rejoindre Cosmo et Cirrus en soirée. Chelsea me congédia chaleureusement et je remontai donc dans ma chambre pour le reste de l'après-midi. Il neigeait à gros flocons dehors et le vent hurlait depuis la veille. Heureusement qu'Ether et moi étions rentrées avant que la tempête n'arrive. La chambre était presque plongée dans l'obscurité. Je grimpai dans le lit et tirai les couvertures jusqu'à mon menton.

J'avais laissé les rideaux ouverts, et la faible lueur du soleil pénétrait par tous les carreaux. Je me redressai et braquai le regard sur la fenêtre. Elle semblait glaciale et très fine, et de petites toiles de gel s'étaient formées sur certains carreaux, mais la couverture en fourrure me réchauffait les jambes. Je ne pouvais pas voir le jardin de la ferme, seule une ligne au loin qui pouvait être la cime des armes.

Tandis que j'examinais les montagnes au loin, une ombre vola juste au-dessus en tournoyant dans le ciel obscur. Je lâchai un hoquet de surprise et observai cette silhouette aux ailes massives et à la longue queue sinueuse. L'espace d'un instant, le ciel fut illuminé quand un énorme jet de flammes perça l'obscurité.

Je me redressai et me précipitai vers la fenêtre.

Je retins mon souffle. Un dragon. Ils existaient donc.

J'avais entendu dire que plein de créatures similaires vivaient hors des grandes villes. Mais avec la rupture des trêves entre les nations, les bandits et autres animaux sauvages qui vivaient dans les contrées lointaines, personne n'osait s'aventurer en dehors des villes. Moi-même, je ne passais que peu de temps à l'extérieur, étant donné que mon travail se faisait principalement en agglomération. Lorsque j'avais voyagé entre Odium et Specter, on m'avait toujours fourni une page de Chronotone* pour me déplacer.

J'avais vu plein de petites bestioles hideuses dehors, les trolls étaient tout en haut de la liste. Çe ne m'avait pas surprise de tomber sur ce cadavre dans la forêt il y a quelques jours. J'étais aussi OK avec une secte de religieux effrayante. J'avais même accepté l'histoire des reliques et d'une cité abandonnée remplie de renégats.

Mais un dragon ? C'était une autre histoire. Qu'est-ce que mon voyage me réservait d'autre, des vampires et des loups-garous ?

— Putain, geint Cirrus. On se les gèle là, c'est quoi ce délire.

Il était environ dix-huit heures et nous suivions Cosmo en frissonnant sur les hauteurs de Sumeru. Il avait neigé toute la journée, et à présent, la poudrière recouvrait tout l'environnement.

La beauté sombre et cristalline des lieux me subjuguait et le soleil couchant tâchait le monde neigeux d'époustouflantes teintes or et pêche. Mon souffle formait de petits nuages autour de mon visage. Le vent me pinçait la peau, et je me réchauffais avec mes bras, prise de frissons. Mes pieds commençaient déjà à geler dans la neige, et l'humidité s'infiltrait à travers le tissu de mes baskets.

— C'est vrai que le froid a frappé d'un coup, ces deux derniers jours, commenta Cosmo.

— La dernière fois qu'il y a eu des délires de dérèglement climatique, ç'a fini en fin du monde.

Cosmo leva les yeux au ciel.

— Un mois de décembre dans le nord, à quoi tu t'attendais ? le charria-t-il.

Ils continuèrent à débattre sur les températures et les climats hivernaux tandis que je me tournais vers Ether. En la regardant, je vis qu'elle ne s'en portait pas mieux. Je pouvais bien sûr me réchauffer puisque j'avais l'élément Huo, mais je détestais l'utiliser à tout va. Nous allions en plus combattre une armée de fanatiques, ça serait gaspiller mon Afflux. Mais en voyant Ether trembler, je soupirai et m'approchai d'elle.

T1 Jaïna : RenaissanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant