Les coups de feux résonnaient de toutes parts. L'odeur de la poudre à canon obstruait mon odorat à tel point que j'avais l'impression d'être immergée dans une cuve chimique. Le goût ferrique au fond de ma gorge, ma peau visqueuse qui collait et mes phalanges si endolories que je les sentais à peine me donnaient l'impression d'être en plein cauchemar. Comme toujours. Je ne sais plus combien de temps était passé, ni combien d'hommes de Khamm j'avais tués. Certains battaient en retraite tandis que d'autres gardaient leur poste jusqu'au bout. Mais je ne pouvais pas les laisser filer.
Khamm se retrouva seul. En pleine fuite, il était tombé dans un cul de sac. Typique d'une scène de poursuite de film. Il se retourna vers moi, l'air aussi nonchalant, confiant et innocent qu'à son habitude.
— Eh ! Ça alors ! Jaïna ! s'exclama-t-il avec une joie feinte. Content de te voir ! J'ai appris que t'avais été libérée. Ça fait tellement longtemps, hein ? Et voilà que c'est toi qu'on envoie ici ! C'est fou, la dernière fois que je t'ai vue, t'étais vachement (il hésita en me dévisageant)... moins effrayante, haha !
Tout en parlant, il se rapprochait amicalement de moi. Khamm avait la cinquantaine, ses cheveux grisâtres attachés en queue de cheval et sa barbe de bucheron lui donnaient un véritable air de mafieux. Si on faisait fis de son style vestimentaire de pêcheur.
— J'espère que tu m'en veux pas pour tout ce grabuge ? C'est mon système d'autodéfense. J'ai beaucoup d'ennemis, alors t'imagines si mes gars s'en prenaient pas aux intrus ? Bon, je les renverrai avant de les jeter à la mer, c'est sûr, ricana-t-il. Ils sont quand même payés pour ça ! Ce que j'essaye de dire, c'est que je t'en veux pas ! Vraiment !
Je me retiens de hausser un sourcil tandis qu'il monologuait nonchalamment.
— T'es venue sans prévenir, ils t'ont attaquée en premier, tu les as massacrés, mais c'est cool ! Ouais, easy, pas de pression ! On est toujours potes !
Il leva la main avec un rire pour me donner une tape sur l'épaule. Je la saisis et abattis mon poing sur son nez qui craqua sous le choc. Un flot de sang jaillit et il tituba en arrière avant de s'écrouler contre le mur.
Il tenait fermement son nez brisé de ses deux mains et ouvrit la bouche. J'envoyai mon pied s'écraser à quelques centimètres à côté de son visage et il la referma.
— Où est le reste de notre équipement ? demandai-je.
— Ouais, ouais, l'équipement... En fait, c'est une longue histoire. Si je te la raconte je suis sûre que—Argh !
J'avais envoyé mon pied droit sur sa tempe et son visage s'écrasa face contre terre.
— L'équipement, répétai-je en appuyant mon pied sur son visage.
Il haletait bruyamment en grimaçant. Je le vis serrer le poing et savais ce qu'il allait faire. Je le piétinai sans ménagement avant qu'il n'ait le temps de le rouvrir et de m'envoyer un bourrasque d'air. Il gémit et je soupirai.
— Très bien, dis-je.
Je m'accroupis et le maintins au sol avec mon genou avant de poser sa main à plat, dos vers le ciel.
— Une dernière fois, où est le reste de nos armes ?
Il pinça les lèvres en fermant les yeux avant de secouer la tête.
Je saisis ma lame, et voyant qu'il ne réagissais toujours pas, la levai et sciai d'un geste vif ses quatre doigts.
Il poussa un cri de douleur en tentant de se dégager mais ne bougea pas d'un pouce.
— Les armes, Khamm. Où est-ce qu'elles sont ?
Tandis qu'il gémissait et se tortillai en regardant son sang se déverser, je relevai le couteau. Il pâlit immédiatement.
— Attends, attends, attends, attends, répéta-t-il désespérément. Je... (il referma les yeux en grimaçant de douleur), les Cobras. C'est à eux que je les ai donnés. Je bosse pour ces fumiers...
Son dernier mot se perdit dans un énième gémissement et je levai les yeux au ciel.
— Excuse-moi ?
— C'est la vérité, maugréa-t-il.
— Quand sont-ils sortis ?
Il garda le silence en secouant sa main qui saignait à flot dans tous les sens. Je plantai la lame dans son dos et son gémissement se fit encore plus désespéré.
— Quand-sont-ils-sortis ? articulai-je.
— Je sais pas, je sais pas, je sais pas... sanglota-t-il presque. Des gars du gang sont venus... et on a fait affaire...
Excédée, je me relevai en arrachant brusquement ma lame de sa chair.
— Affaire avec la mauvaise personne.
En rageant mon couteau, par dessus les lamentations de Khamm, je vis mes mains ensanglantées emplies de résidus de poudre à canon. Je me baissai et ramassai un pierre.
— Écoute, écoute... On peut encore rattraper le coup. Je sais à quoi ressemblent ces types, on peut faire équipe et-
— Pas avec un exploiteur d'enfants.
J'allumai une flamme et la pierre détonna à la manière d'une arme à feu avant de disparaître, emportant avec elle Khamm et ses plans foireux.
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T1 Jaïna : Renaissance
ParanormalJaïna est une jeune tueuse à gage, véritable machine à tuer entraînée à Odium, la nation du Feu. Après s'en être prise à un membre des huit familles siégeant à Specter, la nation du Vent, celle-ci se voit piégée, emprisonnée et accusée d'un génocide...