Connaissez-vous Miranda Priestly ? Un genre de diable qui s'habille en Prada... Si oui, fort bien, vous me facilitez la vie. Si non, écoutez on va se démerder. Parce qu'en tant que narrateur exigeant, aucune image ne serait plus juste pour décrire l'arrivée du Dr. Stephen Strange à l'hôpital St-Charles que celle de l'arrivée de Miranda Priestly au siège de Runway. Dès l'arrivée de la voiture du neurochirurgien (que l'on guettait comme s'il s'était s'agit d'un dragon, et pas le dragon de Dragons, mais plutôt un dragon du genre Smaug) tout le bâtiment s'ébranlait : vite, il fallait cacher les plus démunis (stagiaires, internes et autres jeunes, ces cibles trop faciles pour le grand-méchant-loup Strange), museler les patients à la plainte facile (les cacher avec les stagiaires s'il le fallait), lui préparer un café aussi noir que son cœur d'onyx, lui concocter une playlist de chansons prête à défier sa super-mémoire, et, surtout, ne rien laisser traîner sur son passage jusqu'au service de neurochirurgie (c'était que Strange était un peu une diva quand même) (ou une drag queen pour les très jeunes générations) (et si vous êtes de cette très jeune génération, surtout dites-moi si vous connaissez Miranda Priestly que je sache si c'est déjà passé de mode) (ce qui serait marrant, considéré que Priestly dirige la mode) (bref).
Alors, lorsque Strange arriva devant l'hôpital ce matin-là, tout le monde pensait déjà être au comble de l'agitation. C'était bien sûr sans compter sur la présence de Peter Parker-Stark, que Stephen traînait avec lui avec un enthousiasme trop exagéré pour être vrai. C'est-à-dire qu'il avait sa main posée sur l'épaule de l'adolescent (ce qui constituait une entorse au code anti-humanité qui exigeait une distanciation sociale d'au moins un bras, car pas de bras pas de chocolat on se comprend), et que son visage reflétait une expression digne des plus grands dessins-animés : un sourire cruel en forme de V (comme violence, virus, venin, ou Vladimir Poutine), et deux yeux bleus pétillants d'autosatisfaction légèrement plissés qui lui donnaient vraiment l'air d'être fou. Peter, quant à lui, fidèle à la tradition Stark, était souriant, lumineux : un ange tombé du ciel.
La drôle de paire s'engagea ainsi dans l'hôpital, avec un enthousiasme aux sources bien différentes. Ils traversèrent plusieurs couloirs avant d'entrer dans un ascenseur, qui se vida dès que ses occupants aperçurent le Dr. Strange (appelez-le Miranda, vraiment) et quelques chuchotements surpris de la présence d'une jeune personne avec ce dernier n'échappèrent pas au neurochirurgien, qui lança un regard assassin à ses collègues. Il les réduisit ainsi au silence pour au moins une semaine entière. Après quelques secondes, Peter et Stephen descendirent de l'ascenseur au troisième étage.
Là, Stephen commença à mettre son plan à exécution, ou plutôt, par chance son plan s'exécuta de lui-même : avant même qu'il n'ait posé un pied hors de l'ascenseur, Strange fut assailli de toute part. Les médecins lui présentaient des projets d'opérations complexes à la dizaine, toutes plus imprononçables les unes que les autres, et devant être réalisées en urgence. Stephen les tria avec la même efficience et le même manque de tact qu'un ordinateur : non trop risquée, non trop facile, un enfant paralysé pourrait enlever cette tumeur Pamela, oui préparez la salle, vous vous foutez de moi, combien il gagne celui-là, hors de question, je ne suis pas là pour faire de la charité, programmez-moi ça pour midi, je me fous qu'il doive manger, il veut survivre, ce sera midi, non ce n'est pas mon fils, encore moins mon frère vous êtes débile Pamela, pas mon neveu non plus, non vous ne m'assisterez pas Alphonse, on enchaînera ces quatre-là cet après-midi, bien sûr que non on ne dit pas chocolatine, pourquoi la salle n'est-elle pas encore prête, votre maquillage est affreux Pamela.
Et enfin, il entraîna Peter avec lui vers le vestiaire du personnel :
« Bien Peter, comme tu peux le voir, c'est une journée tranquille aujourd'hui, six opérations à risque, c'est presque de la paresse, j'espère que tu es un minimum bosseur si tu veux t'engager dans la profession. »
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Le Misanthrope [Ironstrange]
FanfictionStephen est un homme haï de tous. De ses voisins, jusqu'à sa logeuse Mme Smith, personne ne peut encaisser le spécimen. Et pour cause, Stephen est l'homme le plus exécrable que la Terre n'ait jamais porté. Il crie sur les enfants, fait peur au chien...